La vente de migrants en Libye est une atteinte à la dignité humaine. C’est l’avis de l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, qui appelle aussi les hommes politiques à un dialogue ‘’civilisé’’.

La vente de migrants en Libye s’est invitée à l’ordination de cinq diacres et cinq prêtres, ce samedi, à Mbour. L’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, a dénoncé avec la dernière énergie cet acte qui, selon lui, ne fait pas honneur à la ‘’dignité humaine’’. ‘’Ça me fait penser à une chanson d’Ismaïla Lo : ‘Coono nitt ku gnul kagn lay diekh.’ Vraiment, les Noirs sont fatigués’’, a-t-il déclaré avec dépit.

Selon l’archevêque, pour le respect de cette dignité humaine, la responsabilité de tous doit être engagée. ‘’On doit aussi mesurer notre propre responsabilité. Je crois qu’on n’a pas le droit de laisser ces filières d’immigration continuer, alors qu’on connait comment elles sont mises en œuvre. Il faut vraiment arrêter cela. C’est parce que l’immigration clandestine est favorisée qu’on en arrive à des déviations comme cela. En dehors même de cette vente, c’est cet aspect visible qui nous frappe, quand les gens sont emprisonnés, qu’ils ne mangent pas à leur faim, qu’ils sont bastonnés. Où est la dignité humaine ?’’, se demande-t-il.

‘’Alors, c’est à nous de crier haut et fort. Et moi, c’est l’appel que je lance aux jeunes de mon pays, le Sénégal. C’est vrai que nous sommes un pays pauvre, mais il vaut mieux rester pauvre dans notre pays que d’aller subir les foudres de je ne sais qui, en allant à l’aventure. Il y a des gens qui sont des épaves en Europe. Ils n’ont pas le moyen de revenir dans leur propre pays ou ils auraient même honte de revenir. Mais, de grâce, chers jeunes, c’est nous qui allons bâtir notre pays. C’est nous qui allons le développer. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui va le faire. Il faut qu’on s’essaye et qu’on travaille notre propre pays ici. Et que tout le monde travaille la main dans la main. Les autorités prennent leurs responsabilités, les chefs religieux donnent les directives pour agir ensemble et les jeunes se mobilisent pour travailler et transformer notre pays’’.

Toujours parlant de l’actualité, Mgr Benjamin Ndiaye a aussi jeté une pierre dans le jardin des politiciens. A propos du dialogue politique, il soutient que '’le devoir de s’asseoir n’est pas facultatif’’. A l’en croire, ‘’si on veut le bien de notre pays, on est obligé d’arriver à des consensus pour pouvoir agir et travailler ensemble. Ça concerne la responsabilité de tout le monde, de ceux qui sont au pouvoir. Qu’ils jouent franc jeu avec tout le monde. La résolution de ceux qui sont aussi dans l’opposition’’. Pour l’archevêque, les politiciens ne doivent pas s’opposer juste pour le faire. ‘’Il faut être capable de dialoguer, être capable de faire un dialogue civilisé. Est-ce que ce que tu dis ça m’apporte quelque chose ? Et si ça m’apporte quelque chose, il faut que j’aie l’honnêteté de dire que tu m’apportes quelque chose. Au lieu de rentrer dans des controverses inutiles qui ne nous font pas avancer’’, explique-t-il.

Il a aussi déploré l’attaque d’une mosquée dans le Sinaï. ‘’Celui qui attente à la vie ne respecte pas le destin de l’autre, à plus forte raison si cela se passe dans un lieu de culte qui est censé relier les gens à Dieu’’, a ajouté l’archevêque, pour dénoncer l’attentat perpétré, vendredi dernier, dans une mosquée en Egypte.  

KHADY NDOYE [MBOUR]