Publié le 18 Jan 2020 - 19:01
ECO UEMOA VS ECO CEDEAO

La zizanie s’installe

 

Les pays membres de la WAMZ qualifient le passage du franc CFA à l’Eco d’inapproprié. Ils reprochent aux pays de l’UEMOA d’utiliser le même nom que la future monnaie de la CEDEAO et se démarquent de l’initiative d’une Eco qui n’est pas estampillée CEDEAO. Les économistes Ahmed Lamine Sadji et El Hadj Mansour Samb analysent la tournure des événements.

 

L’intégration régionale, en général, celle économique en particulier, est en eaux troubles. Les pays de la West African Monetary Zone (WAMZ), la zone monétaire ouest-africaine, viennent de rejeter le changement de nom du franc CFA en Eco. Selon la WAMZ, qui regroupe le Nigeria, le Ghana, le Liberia, la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée, le projet de monnaie unique a été initié, depuis 2014, par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et cela devrait aboutir à la création de l’Eco que la CEDEAO va émettre.

Mais tout cela est compromis par la déclaration conjointe du président ivoirien Alassane Ouattara avec son homologue français Emmanuel Macron de rebaptiser le franc CFA en Eco. Une douche froide pour la WAMZ.

L'économiste Ahmed Lamine Sadji dénonce cette décision qu’il qualifie ‘’d’unilatérale’’ de la part de Ouattara. ‘’Il n’y a aucun texte qui prévoit la création de l’Eco UEMOA. Mieux, le projet a été porté par la CEDEAO’’, indique-t-il. Son collègue El Hadj Mansour Samb va plus loin, en soulignant que ‘’l’Eco UEMOA n’est pas un projet sérieux. Cela, regrette-t-il, s’est fait dans la précipitation’’. D’ailleurs, il s’interroge même sur l’utilité de ce changement. ‘’Il n’y a pas de bouleversements majeurs, comme nous l’attendions, si ce n’est que le nom de la monnaie’’. Son collègue Sadji émet des réserves quant à la sincérité de ce changement. Il estime que cette réforme ressemble plus à un processus de dévaluation qu’à autre chose. 

Cela est d’autant plus manifeste, à ses yeux, qu’il fait remarquer que les pays anglophones n’ont pas les mêmes conceptions économiques que les pays francophones sur ce sujet. Ces derniers optent pour une parité fixe par rapport à l’Euro. Alors que les Anglophones, souligne Ahmed Lamine Sadji, décident d’une parité flexible.

Ainsi, pour eux, la réalité économique va se traduire sur le taux de change. ‘’La France ne fait plus de croissance à l’intérieur de son territoire. Et l’Afrique occidentale est une zone de prédilection pour tirer l’économie française’’, renchérit El Hadj Mansour Samb. Il affirme que la France essaye de diviser pour régner.

Le Nigeria, principal protagoniste de cette monnaie unique de la CEDEAO, voit mal sa souveraineté monétaire être remise en question. Le pays représente un peu plus de 70 % du PIB de la CEDEAO. ‘’Le Nigeria est le mastodonte de la région. Il n’acceptera pas un quelconque diktat venant de l’étranger. Il faut le dire, la France va avoir un œil sur cet Eco UEMOA’’, analyse El Hadj Mansour Samb.

 Pour dissiper ce différend, les cinq pays anglophones et la Guinée suggèrent une rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, afin de discuter de la monnaie régionale. Un retour en arrière n’étant plus possible.

AMADOU SAMOURA (STAGIAIRE)

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