Les organisations de bassins africains se tournent vers les financements durables

Pour soixante-douze heures, Saint-Louis sera la capitale des organisations de bassins transfrontaliers de l’Afrique. Ainsi, plusieurs experts d’organismes de bassins d’Afrique de l’Ouest, centrale, de l’Est et du Nil planchent sur les financements innovants des ouvrages communs et d’intérêt commun pour une gestion durable des ressources en eau transfrontières et pour contribuer à la paix et à la sécurité, à la stabilité et à la réduction de la pauvreté.
En Afrique, les bassins des fleuves et lacs transfrontaliers représentent une ressource essentielle pour de nombreux secteurs. Ils occupent plus de 60 % de la superficie du continent et couvrent les besoins d’environ 80 % de la population africaine. Les eaux transfrontières recouvrent plus de 45 % de la surface de la Terre et près de la moitié de la population mondiale dépend directement des ressources fournies par ces cours d’eau, lacs et aquifères partagés. Une gestion durable et une coopération intelligente autour de ces ressources partagées sont essentielles pour garantir l’accès à l’eau, la croissance économique et le développement durable.
Pour le haut-commissaire adjoint de l’OMVS, les initiateurs de l’organisation ont très tôt compris qu’il fallait se mettre ensemble pour pouvoir tirer profit des ressources du bassin du fleuve Sénégal. ‘’Tous les organismes de bassin dans le monde prennent l'exemple de l'OMVS comme une réussite. Parce que le premier objectif qui est visé par tous les États, c'est de réaliser des ouvrages communs. Pour réussir cela, elle s’est dotée d'instruments légaux qui font qu'un ouvrage fait dans le cadre de l'organisation, dans un des États ou à la frontière des États, est un ouvrage commun à tous les États membres. Aucun État ne peut se prévaloir de la priorité sur l'utilisation d'un ouvrage fait dans le cadre de l'OMVS. Parce que nous avons la convention de financement des ouvrages communs. Ils sont pour quatre États de l'OMVS, qui sont utilisés de manière communautaire, chaque État se dessaisit un peu de ses prérogatives au profit de l'organisation’’, a éclairé Mamadouba Max Bangoura.
Toutefois, la gestion et la mise en valeur des ressources en eau transfrontières nécessitent des financements. Des besoins en financement qui sont très souvent supérieurs aux contributions que les États membres des organismes de bassin sont en capacité d’allouer.
D’ailleurs, les risques financiers peuvent être perçus comme plus élevés dans les bassins partagés par plusieurs pays. Ainsi, pour pallier les difficultés des financements classiques, le Réseau africain des organismes de bassin (RAOB) poursuit la réflexion à travers le projet Dynoba pour la mise en place de nouveaux mécanismes de financement autonome et pérenne des organismes des bassins transfrontaliers en complément des contributions directes des États.
Pour Christophe Brachiet de l'Office international de l'eau (Oieau) et conseiller auprès de l'OMVS et du RAOB, il est toujours compliqué de trouver des sources de financements. ‘’Dans un environnement de plus en plus compétitif et où les ressources sont souvent limitées, il devient crucial de développer une approche structurée et efficace pour accéder à des financements durables. On peut faire appel aux bailleurs de fonds internationaux, tels que la Banque mondiale, la Banque européenne, la Banque africaine de développement ou encore l’AFD. Mais il est aussi intéressant de développer des sources de financement autonomes, pérennes, et internes aux organismes de bassin. D’où l’importance de la rencontre qui réunit sept organismes de bassin transfrontaliers en Afrique à Saint-Louis’’, a soutenu M. Brachiet.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS