Le Sénégal affine sa stratégie nationale 2025-2029

Dakar a accueilli la 30e réunion du Comité ministériel du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba). L’un des défis est de faire sortir le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire de la liste grise du Gafi.
La 30e réunion du Comité ministériel du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba) s’est tenue ce samedi à Dakar. C'était l'occasion, pour les ministres de tutelle de l’institution d’adopter, entre autres, le rapport d’activités semestriel du directeur général pour la période de novembre 2024 à mai 2025 ; le rapport de la 43e réunion de la Commission technique/plénière du Giaba ; les mémorandums sur l’adoption du calendrier du 3e cycle des évaluations mutuelles ainsi que la requête d’adhésion du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
En ce qui concerne le Sénégal, l’heure est à la mise à jour de l’évaluation nationale des risques et à l’élaboration de la stratégie nationale 2025-2029. ‘’Votre réunion se tient à un moment charnière pour notre pays, engagé dans une dynamique de gouvernance renouvelée, fondée sur la transparence, la redevabilité et la rationalisation de l’action publique. Cette dynamique est soutenue par un élan de souveraineté réaffirmé, ancré dans une solidarité panafricaine renouvelée’’, a déclaré le ministre Boubacar Camara. Le secrétaire général du gouvernement sénégalais a parlé, ce samedi, de la mise en œuvre des initiatives destinées à renforcer le dispositif national et de la préparation de l'évaluation mutuelle de février 2026.
Les conclusions, assure-t-il, guideront les prochaines réformes. ‘’Dès à présent, nous œuvrons à l’adoption des textes d’application nécessaires. Parallèlement, nous procédons à la mise à jour de l’évaluation nationale des risques et à l’élaboration de la stratégie nationale 2025-2029’’, a annoncé Boubacar Camara.
Il y a deux autres éléments marquants du contexte de mise en œuvre du dispositif de lutte anti-blanchiment au Sénégal. D’abord, en ce qui concerne les engagements pris par les plus hautes autorités, ils sont inscrits dans la Vision 2050. Ces engagements, selon M. Camara, traduisent la volonté du Sénégal de se positionner comme un modèle de redevabilité et de gouvernance exemplaire, tant au niveau régional qu’international. Ensuite, il y a les progrès significatifs réalisés par les acteurs publics comme privés. Cela a permis la sortie du pays de la liste grise du Gafi en octobre 2024.
Le défi de sortir quatre pays de la liste grise du Gafi
Cette réunion du Comité ministériel, à l’instar des précédentes, rappelle les partitions respectives et collectives menées dans la préservation de l'intégrité du système financier ainsi que de la paix et de la sécurité régionale. ‘’Notre engagement à faire en sorte que les crimes financiers ne soient pas profitables dans notre région reste inflexible, au moment où nous continuons ensemble de surmonter les défis dans l’univers en constante évolution de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), tant au niveau régional que mondial’’, a soutenu Edwin W. Harris Jr.
À ce jour, quatre membres, à savoir le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, figurent sur la liste grise du Gafi, a souligné le DG du Giaba, qui a rassuré que cette organisation continuera à œuvrer avec ces pays et à leur offrir l’appui technique nécessaire dans la mise en œuvre de leur plan d’action devant déboucher sur leur sortie. ‘’À ce stade, nous lançons un appel aux ministres des pays concernés de continuer à apporter leur soutien à la Centif et à toutes les autorités compétentes pour achever leur plan d’action visant à renforcer leurs dispositifs de Lutte contre le blanchiment de capitaux/financement du terrorisme (LBC/FT)’’, a déclaré Edwin W. Harris Jr. Pour sa part, le Sénégal s’engage à soutenir ces pays afin qu’ils sortent de la liste grise.
En guise de suivi à la proposition de suspension temporaire de Sao Tomé-et-Principe en raison de sa non-coopération dans le versement de ses contributions annuelles, le Giaba espère des nouvelles du pays et réitère son engagement à mettre fin à l’utilisation des ressources de la CEDEAO sur les pays hors CEDEAO. Ceci, selon le DG Edwin W. Harris Jr, viole le Règlement financier de la CEDEAO et entraîne des demandes d’explications d’audit pour le secrétariat. Il y a ainsi l’attente des instructions afin de trouver une solution définitive et pérenne à cette question.
Célébration du jubilé d’argent et du jubilé d’or
Cette année est un jalon important pour le Giaba, avec la célébration du jubilé d’argent. Il y a vingt-cinq ans, la région était très différente, selon le DG. Aujourd’hui, en regardant le chemin parcouru, il reconnaît les progrès accomplis, grâce aux orientations, au soutien et à l’inspiration du CMG. ‘’Au cours des 25 dernières années, depuis la création du Giaba en 2000, nous avons œuvré sans relâche pour transformer le Giaba d’une institution naissante en un pilier de la coopération régionale et de la conformité au sein de l'architecture mondiale de LBC/FT. Sous le leadership du présent comité, le Giaba s’est fait le champion de l’intégrité financière, de l’imputabilité et de la sécurité dans l’ensemble des États membres’’, a-t-il déclaré, soulignant les efforts déployés par les membres passés et actuels de cette assemblée pour leur engagement dans la lutte contre les crimes transnationaux dans notre région.
Au moment où l’on célèbre ce jubilé d’argent, il espère que le CMG continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité régionale et d’une prospérité partagée. Hormis le jubilé d’argent, la CEDEAO célèbre également cette année son jubilé d’or. ‘’Cela fait 50 ans que nos pères fondateurs ont imaginé une région où nous serions pleinement intégrés avec la paix, la sécurité et la prospérité pour tous’’, a fait remarquer Edwin W. Harris Jr.
En tant qu’organe d’évaluation, le Giaba a achevé le second cycle des évaluations mutuelles avec la publication de 17 rapports d’évaluation mutuelle dans les trois langues officielles de travail de la CEDEAO. Edwin W. Harris Jr note que les rapports des 12 pays de la CEDEAO et des cinq pays hors CEDEAO sont actuellement disponibles sur leur site Internet pour une exploitation publique.
Pour rappel, le Comité ministériel du Giaba (CMG) est l’instance suprême de décision politique de l’institution et regroupe les ministres de l’Économie et des Finances, de la Justice, de l’Intérieur/Sécurité de chaque État membre. Conformément aux Statuts, le CMG se réunit au moins une fois par an pour approuver les orientations politiques et examiner les questions liées au bon fonctionnement du Giaba.
BABACAR SY SEYE