Publié le 26 Sep 2025 - 10:49
19e FORUM AFRICAIN SUR LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES

Diomaye exhorte l'Afrique à miser sur elle-même pour sa sécurité alimentaire

 

Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a procédé à l'ouverture du 19e Forum africain sur les systèmes alimentaires, ce lundi. Le chef de l'État a lancé un appel pour une solidarité continentale et à l’investissement stratégique.

 

Une Afrique qui assure elle-même ses besoins en victuailles. Voilà, en gros, quoi retenir du discours du président Diomaye, lors du 19e Forum africain sur les systèmes alimentaires. Il a clairement posé les bases d'une vision où l'Afrique ne peut garantir sa sécurité alimentaire qu'en comptant d’abord sur elle-même, en valorisant ses ressources propres et en remettant l’agriculture au centre de son modèle de développement. “Pour se nourrir, l’Afrique devra compter d’abord sur elle-même”, a-t-il affirmé.

Dans ce dessein, selon le chef de l'État, le continent doit puiser dans son potentiel économique, humain et naturel, en misant sur des solutions locales, adaptées à ses réalités et maîtrisées par ses propres acteurs.

Le président Faye a par ailleurs dénoncé un mythe tenace : celui d’une agriculture perçue comme un secteur de survie, sans avenir, souvent relégué aux populations rurales âgées ou marginalisées. Il a ainsi convié les pays africains à inverser cette tendance en rendant les campagnes plus attractives, à travers le “désenclavement, l’accès aux services sociaux de base, et des investissements ciblés capables de valoriser le potentiel économique de chaque territoire rural”.

Diomaye tire la sonnette d'alarme

Dans ses propos, il a illustré pourquoi ce genre d'initiative est si pertinent. “La faiblesse des rendements et les pertes post-récoltes, pouvant aller jusqu'à 30 % des produits récoltés, sont autant de facteurs qui contribuent à la persistance de la faim et de la sous-alimentation dans notre continent. La prise en charge des systèmes alimentaires devient alors une urgence de première nécessité”. Selon, lui, “les chiffres parlent d'eux-mêmes”, comme nous l'apprend le rapport de la FAO publié en 2024 sur l'état de la sécurité alimentaire. D'après ce document, “plus de 700 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde, durant l'année précédente, en particulier en Afrique”. Ce constat, regrette le chef de l’État, “nous éloigne davantage de l'atteinte de l'objectif de développement durable n°2 (ODD), c'est-à-dire zéro cas de faim à l'horizon 2030”.

Plus alarmiste encore, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye estime que cette situation pourrait bel et bien empirer. “Si les tendances actuelles persistent, plus d'un demi-milliard de personnes seront sous-alimentées de manière chronique en 2030, parmi lesquelles la moitié vivra en Afrique. Le continent est donc celui qui risque le plus de faire face à l'insécurité alimentaire”. Évidemment, pour lui, nous sommes en face d'un paradoxe, tant le continent africain a tout le potentiel nécessaire pour atteindre la sécurité alimentaire, voire nourrir la planète. “Établi sur une superficie de plus de 30 millions km2, le continent détient environ 65 % des terres arables dans le monde et d’importantes ressources hydriques. S’y ajoute une main-d'œuvre abondante que lui confère la jeunesse de sa population, 60 % ayant moins de 25 ans”.

Sur le plan économique, le chef de l’État a mis l’accent sur l’importance de renforcer le commerce intra-africain. Il a appelé à exploiter pleinement les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour faciliter la circulation des produits agricoles, leur transformation et leur mise sur les marchés à l’échelle régionale comme continentale.

Un autre levier essentiel évoqué est le secteur privé. Pour Diomaye Faye, l’Afrique a besoin d’un secteur privé national et africain fort, capable d’investir dans l’agrobusiness, de satisfaire la demande intérieure et de conquérir les marchés extérieurs. Il a insisté sur le rôle de ce secteur dans l’émergence de chaînes de valeur locales, condition sine qua non pour une véritable industrialisation du secteur agricole. “Unissons nos volontés, mobilisons nos ressources et faisons de la création de systèmes alimentaires robustes le moteur d’une renaissance africaine fondée sur la souveraineté et le développement partagé”, plaide-t-il.

Dans un tout dernier chapitre, le président sénégalais s'est adressé aux jeunes du continent. Un message qui n'est pas fortuit, si l'on se réfère au thème central de cette 19e édition du forum “La jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l'innovation et la transformation des systèmes agroalimentaires”. Diomaye a donc affirmé sa confiance en “son énergie, sa créativité et sa détermination”. Il a appelé les dirigeants africains à créer les conditions permettant aux jeunes d’agir, d’entreprendre et de s’investir durablement dans l’agriculture. “Faisons de l’agriculture un choix de carrière désirable pour les jeunes Africains”, a-t-il souligné, concluant son intervention par un appel à l’unité et à l’engagement collectif pour atteindre l’autosuffisance alimentaire sur le continent.

 Mamadou Diop

Section: