Publié le 18 Sep 2022 - 18:08
3E ED DE LA CAMPAGNE POUR LA LIMITATION DES MANDATS

‘’Ce serait formidable que le préfet n’autorise pas le concert’’ 

 

L’acte trois de la Campagne pour la limitation des mandats se déroule, aujourd’hui à Dakar. A cet effet, un concert est prévu dans un hôtel de la place. Mais, jusqu’aux dernières nouvelles, les initiateurs n’ont pas eu l’autorisation préfectorale exigée.  Une pression serait même exercée sur l’hôtel. Tout compte fait, un nouveau morceau célébrant la démocratie et la bonne gouvernance sera publié sur toutes les plateformes.

 

L’inauguration de la troisième édition de la Campagne pour la limitation des mandats est prévue aujourd’hui à Dakar.  C’est dans ce sens que les initiateurs entendent organiser, à cette occasion, un grand concert panafricain. D’ailleurs, à cette occasion, une nouvelle chanson célébrant la démocratie et la bonne gouvernance sera présentée par onze (11) artistes de 7 pays africains. Il s’agit de Meiway de la Côte d’Ivoire, Didier Awadi du Sénégal, Elom 20CE du Togo, Nourrath La Debboslam du Niger, Nanda du Gabon, Amen Jah Cissé du Togo, Léman du Bénin, Don Stash du Togo, Lyne Des Mots de la Côte d’Ivoire, Papy Kerro de la RDC et Momo Kankua du Togo.

‘’Quand l’Afrique se redresse pour dire qu’il est temps et qu’un nouveau jour est arrivé, alors ses fils et ses filles de toutes les contrées peuvent, main dans la main, effacer les mauvais clichés véhiculés sur le continent et qui font dire que l’Afrique est mal partie’’, déclare le coordonnateur de Tournons la page – Togo, David Dosseh. ‘’Quand l’Afrique puisera suffisamment dans ses richesses culturelles, en se rappelant de la figure de ses grands griots qui, selon la tradition, annonçaient de grands évènements, alors, ses artistes, venus de différents pays et se trouvant sur la terre de La Téranga… peuvent proclamer qu’une ère nouvelle commence pour notre continent’’, poursuit-il.

Ainsi, c’est une ère nouvelle, portée par la jeunesse africaine, que veut annoncer le concert organisé par différentes organisations de la société civile africaine. Beaucoup de colloques ont été organisés ici et là sur la consolidation de la démocratie en Afrique, mais, cette fois ci, il s’agit, selon David Dosseh, de ‘’toucher la tête, le cœur, les sentiments, bref, de faire vibrer toutes les dimensions de l’être humain et comme le dit un artiste panafricain, de ‘cogner l’invisible’ et donc pas seulement le visible, afin de susciter le déclic qu’une nouvelle Afrique est possible et que cela dépend de nous et de chacun de nous’’.

L’artiste Lyne Des Mot a fait part de la raison de sa participation à cette campagne. ‘’Nous sommes ici pour la paix, pour l’amour des institutions. Nous sommes ici pour dire la vérité, pour apporter notre pierre à l’édifice. Et en tant qu’artistes, nous sommes engagés pour une cause noble pour l’Afrique entière’’. De son côté, la slameuse Nourrath La Debboslam invite les artistes à s’impliquer dans ce combat. ‘’Notre voix porte ; nous sommes écoutés. Je lance un appel aux autres artistes (peintres, danseurs, etc.), pour qu’ils prennent part à cet évènement, qu’ils mettent des messages dans les œuvres’’, dit-elle.

Le choix de Dakar et le probable refus d’autorisation

A 24 heures de l’évènement, le concert panafricain pour la limitation des mandats n’a pas l’aval du préfet de Dakar. Hors, l’équipe de la Campagne a déposé une demande au niveau de la préfecture, depuis le 2 septembre dernier, soit à 15 jours du concert. Ainsi, les initiateurs craignent une annulation. Selon certaines indiscrétions, une pression a été faite sur l’hôtel devant accueillir l’évènement. Les autorités ont, dit-on, insisté pour qu’il n’y ait pas cette activité dans l’hôtel sans l’autorisation préfectorale, alors qu’il s’agit d’un lieu privé.

Ainsi, le grand artiste de la Côte d’Ivoire Meiway pense que la réponse que les Sénégalais attendent, depuis longtemps, du président Macky Sall au sujet du 3e mandat viendra de l’attitude du préfet face à au Grand Concert pour la limitation des mandats. ‘’Nous sommes dans une situation où tous les Sénégalais se posent la question de savoir : ‘Qu’est ce qui va se passer après son mandat présidentiel ?’. Ça tombe bien. On a un événement à venir demain (aujourd’hui). On pourrait faire cet évènement comme on pourrait ne pas le faire. Si on le fait, vous aurez une partie de la réponse. Si on ne le fait pas, vous aurez aussi une partie de la réponse’’, dit-il.

Didier Awadi de renchérir : ‘’Si le préfet ne nous autorise pas à faire ce concert, ce serait formidable.  Moi, en tout cas, je le remercierais, parce qu’il va donner un de ces buzz. Et c’est tout ce qu’on attendait pour la promotion du titre’’. Néanmoins, il précise que le Sénégal n’est pas ciblé, mais, l’on ne peut pas l’exclure de ce débat. ‘’Il ne faut pas qu’on fuît cette question du 3e mandat’’, dit-il. A cet effet, il invite le président Macky Sall à dire clairement, pour apaiser les nerfs, qu’’il ne saurait y avoir de 3e mandat’’, puisqu’il a lui-même mis dans la constitution les arguments qui contestent cela.

‘’Il a dit que personne ne peut faire deux mandats successifs. Nous le prenons aux mots. Donc, à partir de là, moi, je n’ai plus de problème, jusqu’à ce qu’il nous prouve le contraire. Fort de ce qu’il y a dans la constitution, nous accompagnons le Président dans sa démarche pour dire : plus de 3e mandat’’, a soutenu Awadi. Qui n’a pas manqué de souligner que, de toute façon, la nouvelle chanson, hymne de la Campagne pour la limitation des mandats, sera publiée sur toutes les plateformes.

La limitation des mandats, ‘’une force collective pour construire une Afrique nouvelle’’

 Ainsi, pour les initiateurs du Grand concert pour la limitation des mandats, il ne s’agit donc pas d’organiser un concert contre quelqu’un ou contre quelques-uns, mais, de mobiliser tout un chacun pour construire du continent africain qui aurait besoin d’une meilleure organisation en ce moment de grandes mutations politiques, sociales, économiques, scientifiques, culturelles etc.  ‘’Notre continent a de grands défis à relever et cela commence par une meilleure organisation politique qui doit permettre l’épanouissement de chacun et de chacune d’entre nous’’, ont-ils indiqué.

Pour David Dosseh, en donnant à l’événement le nom de Grand concert panafricain pour la limitation des mandats, il s’agit pour eux de mettre en exergue ‘’la force d’innovation que comporte toute vraie alternance politique, et dans ce sens la limitation des mandats n’est dirigée contre personne, mais, elle est une force collective pour construire une Afrique nouvelle’’. Ainsi, lui et ses camarades notent que choisir Dakar pour cet événement est symbolique à plusieurs titres : la présidence de l’Union Africaine est actuellement assurée par le président Macky Sall du Sénégal. ‘

’Dans l’imaginaire collectif, organiser ce Grand concert panafricain au Sénégal est tout naturel et permet de lancer ce cri d’espoir pour tous les Africains et Africaines’’, souligne David Dosseh. Pour lui, les artistes venus du Bénin, de la Côte d’ivoire, du Gabon, du Niger, de la RDC, du Sénégal, du Togo, les différentes organisations de la société civile et tous les organisateurs sont conscients qu’il s’agit d’’’un moment historique’’, même si, les autorités, peut-être pour une mauvaise compréhension de leur démarche, n’ont pas encore jusqu’à ce jour donné l’autorisation.

‘’Mais, le fait de ne pas prononcer l’interdiction de l’évènement entretient en nous un immense espoir. Voilà pourquoi nous lançons un appel aux autorités sénégalaises pour qu’elles nous accompagnent dans cet événement historique de fraternité ouverte entre tous les peuples africains. Nous espérons ainsi que l’image du Sénégal, pays de tradition et de référence démocratique, ne sera pas ternie par le refus de cette expression artistique annonçant une ère nouvelle pour tout un continent’’, lance David Dosseh.

Par ailleurs, c’est dans cet esprit que les initiateurs lancent un appel pour la libération de leurs camarades du FNDC et de ‘’tous les prisonniers politiques, détenus arbitrairement sur le continent’’.

BABACAR SY SEYE

 

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