‘’La France doit faire très attention, face à la Suisse’’

Les huitièmes de finale de l’Euro démarrent ce samedi, avec deux affiches au programme. Mais l’un des chocs de ce second tour entre l’Angleterre et l’Allemagne est programmé pour mardi prochain. Un match où ‘’il n’y a pas de favori’’, selon l’agent de joueurs établi à Brescia, en Italie. Abdoulaye Bar Diouf, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, estime que la France est favorite face à la Suisse qui peut, cependant, créer la surprise.
L’Euro a bouclé sa phase de poules, à l'issue de laquelle les 16 équipes qualifiées sont connues. Quels enseignements tirer de ce premier tour ?
Durant la phase de poules, on a constaté trois équipes qui ont réussi le carton plein. Il s’agit de l’Italie, de la Belgique et de la Hollande. On a vu aussi l’Angleterre qui est restée invaincue, en occupant la première place de la poule D, avec deux victoires et un nul. La Suède, qui est une surprise pour moi, a fait pareil dans la poule E. La poule F était le groupe de feu où finalement la France, l’Allemagne et le Portugal, les favoris, sont sortis. La France a eu une victoire et deux nuls. L’Allemagne a perdu devant la France et a battu le Portugal. La hiérarchie a été respectée dans ce groupe.
Il y a eu des équipes en huitièmes de finale qu’on peut qualifier de surprises. C’est le cas de la République tchèque, de l’Ukraine et de l’Autriche. L’Italie, la Belgique et la Hollande ont pris la posture du favori. Alors que la France, l’Allemagne, le Portugal et l’Espagne n’ont pas encore dit leur dernier mot. La déception est arrivée du côté de la Pologne et de la Turquie que j’attendais et aujourd’hui qui sont passées à côté. La Pologne, qui a son gardien Szczęsny, Lewandowski qui est en train de faire des choses extraordinaires au Bayern, n’a pas pu s’en sortir dans la poule E. Elle n’a obtenu qu’un seul point avec zéro victoire. La Turquie qui, avec des joueurs comme Calhanoglu, Under, Demiral connus en Europe, est sortie avec trois défaites.
N’est-ce pas dommage de voir la compétition continuer sans le meilleur attaquant d’Europe du moment, Roberto Lewandowski ?
Oui, très dommage, parce qu’on avait voulu voir Lewandowski jusqu’au bout, mais cette équipe polonaise, depuis des années, avec tout ce qu’elle a, n’a pas pu s’imposer en Europe. C’est dommage pour lui, ça l’est aussi pour l’équipe. C’est à lui de prendre ses responsabilités. C’est un grand footballeur qui est respecté partout en Europe. Souvent, un joueur comme lui, si l’équipe ne marche pas, sa responsabilité est pointée du doigt, parce qu’il peut booster son vestiaire, être un meneur d’hommes. Cela lui profitera parce qu’il a besoin de faire en sélection ce qu’il réalise en club avec le Bayern Munich. La Pologne a un gardien de renommée internationale, avec des joueurs qui ont une visibilité en Europe. Qu’est-ce qui ne va pas ? Je considère qu’il a sa part de responsabilité, parce que par son statut, il devrait pouvoir faire quelque chose avec cette équipe polonaise. C’est dommage également pour nous qui aimons suivre ces grands footballeurs.
Quelles sont les équipes qui vous ont marqué durant cette première phase ?
Les équipes qui m’ont marqué dans cette phase de poules sont la nouvelle Italie de Roberto Mancini. Il y a aussi le Pays de Galles, la Suisse, la Belgique, le Danemark qui était mal parti avec la situation d’Eriksen. Il y a la Hollande, l’Autriche, l’Ukraine, l’Angleterre, la Croatie aussi. On peut citer également la République tchèque et la Suède. C’est dommage pour la Hongrie qui est éliminée, mais est en train de faire du bon boulot.
Pour le reste, c’est des équipes qui devaient sortir du lot et qu’on ne présente plus en Europe. C’est l’Espagne, la France, l’Allemagne et le Portugal.
Qu’est-ce qui a changé dans cette équipe italienne avec Mancini ?
C’est une équipe qui a retrouvé son caractère. Avec le passage de Ventura, l’équipe l’avait perdu. Actuellement, l’équipe italienne est forte défensivement, mais joue aussi l’aspect attaque avec une densification au milieu de terrain. Notamment avec le 4-3-3 toujours adopté par Roberto Mancini. On peut dire que l’Italie a un peu changé, en étant toujours prudent derrière avec son esprit catenaccio. Mais cette année, ils ont mis l’accent dans l’entrejeu et en attaque pour être dans cette position. L’Italie est dans une situation de renaissance, après l’élimination de la Coupe du monde 2018 (non qualifiée pour la phase finale, NDLR). L’arrivée de Roberto Mancini avec son caractère et sa belle carte de visite à travers sa carrière de footballeur et d’entraineur. Il a sacrifié son contrat au Zénith Saint-Pétersbourg pour sauver les meubles en Italie et il est en train de bien faire. C’est une équipe homogène avec des garçons qui sont passés par toutes les catégories de la sélection, à travers les U15, U16, U17n en passant par les U23 jusqu’à l’équipe A. C’est ce qui fait cette équipe italienne, qui marque sans prendre de but (7 buts marqués, 0 encaissé), malgré ses joueurs qui n’ont pas une grande renommée en Europe. Le bilan de Mancini montre nettement que cette belle équipe italienne a de l’avenir.
On ne peut rien dire encore sur cet Euro, parce que chaque match a ses réalités. A partir des huitièmes de finale, toute équipe peut être éliminée. Mais cette Italie a son mot à dire en Europe et dans le football mondial dans l’avenir.
Quels sont, à votre avis, les joueurs qui ont émergé et ceux qui ont été en deçà des attentes durant ce premier tour ?
Pour les joueurs qui ont émergé, on peut citer Forsberg de la Suède, Patrik Schick de la République tchèque, Manuel Lucatelli et Pessina de l’Italie, Roman Yaremchuk et Andriy Yarmolenko de l’Ukraine, Havertz de l’Allemagne. Il y a également Alvaro Morata qui n’est pas au top avec l’Espagne.
Pour ceux qui n’ont pas été à la hauteur des attentes, on peut aussi citer Lewandowski et Szczęsny de la Pologne, Demiral, Calhanoglu et Under de la Turquie. C’est des joueurs que j’attendais au sommet, mais aujourd’hui ils ont déçu.
La phase à élimination directe démarre ce samedi. Quelle analyse faites-vous des différentes affiches ?
Pour Pays de Galles-Danemark, c’est un match équilibré. Les Gallois sont sortis 2e de leur poule A, avec une victoire, un nul et une défaite. Le Danemark également 2e de la poule B, avec deux défaites et une victoire. Les Gallois sont légèrement favoris, mais dans les matches à élimination directe, tout peut arriver. C’est deux équipes avec presque le même niveau. L’Italie est favorite dans son match contre l’Autriche. C’est un match qui se jouera hors de l’Italie, à Wembley, mais l’équipe de Roberto Mancini est sur une bonne dynamique, avec trois victoires sans encaisser de but.
Cependant, l’Autriche, qui a deux victoires et une défaite, va se donner à fond pour jouer ses chances devant cette équipe italienne homogène et constante.
La Hollande, qui est en train de faire un récital avec trois victoires en autant de sorties, est favorite devant la République tchèque, 3e de son groupe avec une victoire, un nul et une défaite. Les Tchèques sont outsiders, mais dans un match à élimination directe, tout dépend de la situation et l’équipe qui sera la plus prête gagnera cette rencontre.
Entre la Croatie, 2e de la poule D, et l’Espagne, 2e de la poule E, c’est un match difficile à pronostiquer. Ce sera un choc et on verra un match extraordinaire à haut risque pour les deux équipes. Quel que soit le résultat, on verra un grand d’Europe sortir de la compétition à partir des 8es de finale. Pour France-Suisse, les Bleus doivent faire très attention. La Suisse est une équipe qui peut surprendre. Malgré sa 3e place de la poule A, derrière l’Italie et le Pays de Galles, elle n’a pas encore dit son dernier mot dans ce tournoi. La France n’a pas encore montré quelque chose à la hauteur de son effectif. En sortant avec 5 pts de sa poule, cela montre que la Suisse a ses chances à jouer devant cette équipe française. C’est une équipe joueuse avec des joueurs expérimentés comme Rodriguez, Embolo, qui est un bon attaquant, et l’axe central français est composé de joueurs sans personnalité, Kimpembé et Varane. Ceux ne sont pas des leaders qui peuvent guider cette équipe française, si elle se trouve en difficulté. Dans ce match, la France est favorite, mais on peut avoir des surprises.
Entre l’Angleterre et l’Allemagne, c’est un choc. Les Anglais ont bouclé le premier tour sans défaite, alors que l’Allemagne en a concédé contre la France. Mais les Allemands n’ont pas dit leur dernier mot. Tout peut arriver dans ce match. Il n’y a pas de favori dans cette rencontre. Peut-être que l’Allemagne peut guérir de sa maladie. Attention à cette équipe allemande, même si l’Angleterre est sortie leader invaincu de sa poule. L’Allemagne connait les grands rendez-vous.
Pour ce qui est de Suède-Ukraine, c’est le match le plus équilibré. La Suède a montré ses qualités en sortant 1er de la poule E (devant l’Espagne) au premier tour avec ses joueurs talentueux. L’Ukraine est sortie 3e du groupe C. Mais attention à cette équipe ukrainienne. Elle est en reconstruction autour d’une grande personnalité du football européen, Andrey Chevchenko qui, par son caractère et son vécu, peut mettre sur orbite son équipe.
LOUIS GEORGES DIATTA