Publié le 27 Dec 2014 - 00:03
ABDOURAHMANE NDIAYE, CONSEILLER POLITIQUE DU PRESIDENT MACKY SALL

‘’Le départ des socialistes n’arrange ni le PS, ni l’APR’’ 

 

Abdourahmane Ndiaye, conseiller politique du président Macky Sall, prend le contrepied de Mahmout Saleh qui réclame le départ du Parti socialiste. Pour lui, une telle décision n’enrage ni le PS, ni l’APR. Entretien.

 

Des voix se lèvent de plus en plus au sein de la majorité présidentielle pour réclamer le départ du Parti socialiste du gouvernement. La dernière en date, c’est celle de Macky 2012. Etes-vous en phase avec cette position ?

Ce sont des intellectuels, des politiciens qui émettent leur opinion. Ils l’ont étayée, mais je ne partage pas leur point de vue. Je ne suis pas pour que le PS sorte de la coalition.

Pourquoi ?

Le départ des socialistes ne serait bon ni pour le PS, ni pour l’APR encore moins pour la coalition. Le PS est l’un des plus grands partis au Sénégal du point de vue chronologique. Participer à une coalition de pouvoir avec le PS, c’est déjà une forme de bonification. Le PS est en train de faire - pour être honnête avec nous mêmes-, au moins dans le gouvernement, un excellent travail. Je ne trouve pas, personnellement, meilleur ministre de l’Education nationale que Serigne Mbaye Thiam qui est en train d’abattre un travail de pacification au niveau de l’espace scolaire, sans tambour ni trompette.

Mary Teuw Niang  qui est de l’APR, est en train lui aussi de suivre la cadence. Sortir ce Monsieur (Serigne Mbaye Thiam) du gouvernement, je ne l’aurais jamais conseillé au président de la République. Il y a deux lectures à ça. Le PS a dit qu’il doit avoir un candidat en 2017. Ce candidat peut être Macky Sall.

Est-ce que ce n’est pas risqué pour vous de conserver un probable adversaire jusqu’en 2007 ?

Où est le risque ? Je ne le vois pas. Je reprends ce qu’on appelle la jurisprudence Landing Savané.  Ce dernier était dans le gouvernement de Wade ; tout d’un coup, il a décidé de se présenter contre le leader du PDS. J’avais dit à l’époque (NDRL : Il était au PDS) lors des ‘’vendredis bleus’’ que si Landing va aux élections, ça nous arrange.

L’on évoque la probable candidature de Khalifa Sall en 2017. Cela ne vous fait-il pas peur ?

Si nous faisions de la conservation du pouvoir une obsession mortelle ou vitale, tout candidat nous ferait peur. Ce qui nous intéresse, c’est de servir le Sénégal et que les Sénégalais sachent que nous les servons. Il y a beaucoup de choses irrationnelles qui se passent sous le règne de Macky.

Expliquez-vous ?

On a découvert du pétrole dans le pays. Tout d’un coup, les cours mondiaux du pétrole ont connu une tendance baissière.

En quoi tout cela est-il irrationnel ?

C’est irrationnel, parce que comme on dit en wolof: ‘’Dajee moo waral aay gaaf’’. Ce sont des coïncidences qui aident Macky.

Pour vous, la réélection de Macky se fera sur des logiques irrationnelles?

Je n’ai pas dit ça. C’est votre analyse. Macky sera réélu sur la base de son bilan.

Mais l’expérience a montré que le bilan, a lui seul, ne suffit pas pour réélire un candidat. Le cas de Wade est là. 

Mais comment a-t-il réalisé ses travaux? En faisant décaisser à l’Etat 100 francs et en dépensant 25 francs ; en voulant présenter son fils comme le meilleur de tous les Sénégalais. Wade a fait beaucoup de réalisations matérielles, mais il a fait beaucoup d’erreurs stratégiques, politiques et sociales. Ensuite, son âge était une limite. Le nombre de mandats était déjà codifié dans la Constitution. Ce sont ces éléments qui l’ont perdu. (…)

A deux ans de la présidentielle, votre parti, l’APR, n’est toujours pas structuré. Est-ce que cela ne risque pas de vous porter préjudice ?

C’est une question qui vient comme une ritournelle. Dans quel manuel a-t-on écrit qu’un parti doit être structuré avant d’aller aux élections. Nous avons gagné la présidentielle sans être structuré.

Mais  le contexte de 2012 était différent.

La structuration du parti existe déjà.

 Certes, mais elle  est provisoire…

Toute structuration de parti est provisoire. C’est d’un  congrès à un autre.  Le Secrétariat national se réunit régulièrement, le Directoire du parti aussi. Qu’est-ce qui manque ? La structuration à la base. Mais cela amène beaucoup plus de problèmes qu’il n’en règle. Nous avons opté de ne pas le faire, car cela nous multiplie le leadership à la base.

Le procès de Karim Wade a repris. Mais d’après la défense, de 700 milliards, on parle aujourd’hui de 50 millions. Quel commentaire cela vous inspire ?

C’est terrible ! Comme les choses peuvent être déformées ! Combien de sociétés lui a-t-on attribué. Les témoins ont dit une chose, d’autres aussi. Si vous choisissez de manière éclectique de prendre le témoignage de X comme bon, celui de Y comme erroné, cela n’engage que vous. Quand on amène une valise, c’est une partie de la fortune qu’on lui impute. Quand vous me parlez de bracelet serti de diamant à 50 millions. Qui l’a évalué ? Personne. On nous parle d’assurance vie de 500 millions. Où est-ce qu’on a vu ça ? Personne n’en parle.

Dans la conduite du dossier de Karim, est-ce qu’il n’y a pas maladresse ?

Dans la forme comme dans le fond, rien ne me gêne. Il y a des prérogatives attribuées au procureur qui est sous les ordres du ministre de la Justice.

Les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine seraient-elles si frileuses au point que le président de la République ait senti le besoin de leur fixer un délai pour qu’elles se présentent devant l’OFNAC ?

 Je n’ai pas constaté de frilosité. Il peut y avoir des lenteurs. Tout le monde n’a pas la même rapidité d’exécution.   

PAR DAOUA GBAYA

 
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