Publié le 22 Feb 2017 - 19:48
ASSISES DE L’ENTREPRISE

Les doléances de Baïdy Agne

 

Le président du Conseil National du Patronat (CNP) a passé hier en revue les principaux défis auxquels fait face le Secteur privé national. La place dans l’économie du Patronat, la fiscalité, les crédits de Tva, la nouvelle ‘’Ville Promise’’, les réformes du secteur financier etc., autant de questions évoquées devant le Premier ministre Mahammed Boun Abdoullah Dionne.

 

Le Secteur privé national ne veut plus rester au second plan dans l’exécution des projets phares du Plan Sénégal Emergent (Pse) initié par le président de la République Macky Sall, depuis 2013. À plus forte raison, avec la découverte des ressources naturelles, notamment le gaz et le pétrole. Il veut prendre les devants. C’est ce qu’a fait savoir hier le président du conseil national du patronat, lors de la cérémonie d’ouverture des Assises de l’Entreprise. ‘’L'avenir énergétique de notre pays se prépare maintenant et avec un Etat aux côtés de son secteur privé. La gestion efficiente du ‘Local Content Challenges in Oil & Gas Industy’ est la préoccupation majeure du Parti de l'entreprise. Le dialogue entre parties concernées, il faut le structurer dès à présent, bien comprendre de quoi il s'agit, ses enjeux, et définir ce que nous voulons faire du Local Content : Policies, Strategy and Implémentation’’, a déclaré le chef du Patronat sénégalais devant le Premier ministre.

C'est pourquoi, selon Baïdy Agne, le privé national a souhaité que les présentes assises lui permettent d'écouter l’Etat et de partager sa vision du développement, de l'amont à l'aval des branches pétrolières et gazières. En plus, de prendre connaissance des métiers, des compétences professionnelles et des emplois à pourvoir. Mais aussi de bénéficier du partage d'expérience-pays des bonnes pratiques du "local content", et de savoir quels sont les mécanismes d'intervention et de soutien financiers de l'État au développement du secteur privé.

Une trêve de la pression fiscale

Le fait que l’économie sénégalaise enregistre une nouvelle performance budgétaire pour l'année 2017 de 3 360 milliards de F Cfa, assujettie à une hausse des recettes fiscales de 11,6%, rassure et inquiète en même temps l'investisseur privé, selon Baïdy Agne. Rassurant avec cette maîtrise du cadre macroéconomique et budgétaire et inquiétant si le fait générateur du "plus de recettes fiscales" est cette pression fiscale déjà trop forte sur les mêmes contribuables. ‘’A l'administration fiscale, l'Entreprise demande une faveur cette année. Une trêve de la pression fiscale pour les bons contributeurs. Je précise une trêve de la pression et non du paiement des impôts’’, a-t-il plaidé. Cela, a estimé le président du CNP, pour permettre à ceux qui investissent de bénéficier de ce retour sur l'investissement, ainsi que de jouir de dividendes acquises en toute régularité. ‘’Elargir l’assiette fiscale, c'est possible en utilisant le Ninea dans les opérations douanières’’, a-t-il dit.

Pour ce qui est des crédits de la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva), considérée par le Patronat comme une problématique récurrente, Baïdy Agne a soutenu qu'on ‘’ne les entend toujours pas’’. ‘’Combien de fois nous avons appelé cet impact négatif substantiel sur les capitaux propres et les résultats financiers des entreprises ? L’entreprise est soumise à des contraintes légales en fin d’exercice. Rendons obligatoire un délai maximum de traitement des demandes de remboursement’’, a-t-il sollicité. Le Secteur privé national a aussi exigé  l’accélération du rythme d’exécution des chantiers du Pse. Il s’agit du Dakar Expo Center, de la Cité du Savoir, du Parc des technologies numériques, de la cité ministérielle, de la gare des gros-porteurs, du marché d’intérêt national, du parc industriel, des logements résidentiels, etc. ‘’Œuvrer pour que cette nouvelle ville ne soit pas totalement ou en grande partie construite par l’importation de portes, fenêtres, et d’autres produits de second œuvre en provenance de Chine, de Dubaï, etc.’’, a-t-il demandé au Premier ministre.

Des réformes du secteur financier

Le Sénégal est le 3ème marché pour les primes d’assurances collectées dans la zone de la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (CIMA). Il est ouvert aux compagnies d’assurance de diverses nationalités (ivoirienne, camerounaise, marocaine, etc.). Ces dernières sont-là, alors qu’aucune compagnie d’assurance sénégalaise n’est installée dans ces pays, a souligné Baïdy Agne. En plus, a-t-il poursuivi, dans les pays de la sous-région, il y a une présence significative des privés nationaux dans les banques de taille importante et pas au Sénégal. Ce constat appelle, selon lui, des réformes du secteur financier. Il suggère notamment ‘’une pause’’ dans la délivrance de nouveaux agréments banques et assurances pour aider les privés nationaux du secteur financier à gagner en taille et à faire face à la concurrence de grands groupes étrangers. Dans le même sillage, M. Agne a plaidé pour le renforcement du dispositif de financement des entreprises, notamment des PME, en dotant la BNDE, le FONGIP et le FONSIS de moyens conséquents leur permettant de remplir leurs missions.

Le PM rassure

Pour sa part, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne a réconforté le secteur privé national en affirmant que le dialogue public-privé est ‘’fondamental’’ pour confirmer le climat de confiance entre acteurs du public et du privé. Il facilite, selon lui, ‘’les consensus forts’’ autour des enjeux nationaux et permet de ‘’dénouer les goulots d'étranglement’’. ‘’Je voudrais vous rassurer tout de suite. Notre politique dans ce domaine vise davantage à rationaliser les dépenses fiscales et à travailler pour une fiscalité plus transparente dans le respect des principes de consolidation budgétaire. Des réponses appropriées y seront apportées’’, a-t-il affirmé.

Selon le PM, le Conseil présidentiel de l'investissement, autre cadre de dialogue avec le secteur privé, va permettre, dans quelques jours, d'aborder ces questions essentielles, notamment celles portant sur les réformes. L'actualisation du cadre juridique et réglementaire du secteur des télécommunications est bien engagée, selon Boun Abdallah Dionne. Et la "Stratégie Sénégal Numérique" propose un programme d'investissements ambitieux estimé à plus de 1 360 milliards de F Cfa dont 73% (1 000) attendus du secteur privé.

MARIAMA DIEME

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