Publié le 29 Feb 2020 - 13:18
CAMPAGNE ARACHIDIERE

La Sonacos peine à collecter

 

Les campagnes se suivent et ne se ressemblent pas. C’est le calme plat, à la Sonacos de Diourbel. Trois à 4 camions sont réceptionnés, par jour, au lieu des 25 camions à la belle époque. Le syndicat des corps gras accuse des agents du ministre de tutelle d’avoir levé le gel des exportations décidé sur instruction du président.

 

La campagne de commercialisation arachidière de cette année est un long chemin de croix pour les huiliers en général et la Sonacos en particulier. L’entreprise peine à collecter 30 000 t, malgré la revue à la baisse de l’objectif de collecte initial de 150 000 t. Thiembaye Ndiaye fulmine : ‘’Cette campagne est catastrophique. La concurrence n’était pas supportable par l’industrie locale. A force d’attirer l’attention de l’autorité sur la nécessité absolue de réorganiser cette campagne, après que 400 000 t d’arachides ont été exportées, le gouvernement avait convoqué, par le biais du ministre de l’Agriculture, une réunion des acteurs.

On avait suspendu les exportations pour que le peu de graines qui restait puisse servir à la Sonacos et aux autres huiliers. La société nationale commençait à recevoir des graines au niveau de son aire de stockage tampon qui se trouve à Tamba et les camions avaient repris leur livraison vers les usines. A notre grande surprise, on vient d’apprendre que ce 19 février, le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une sortie dans les médias, pour expliquer que ce gel des exportations était provisoire’’.

Le secrétaire général adjoint du Syndicat des travailleurs des industries des corps gras du Sénégal pointe un doigt accusateur sur des autorisations d’exportation de graines d’arachide qui auraient été remises à des opérateurs. ‘’On apprend qu’il y a des autorisations qui ont été données à 11 opérateurs d’acheter et d’exporter 30 000 t de graines décortiquées. Une quantité qui équivaut à 60 000, voire 70 000 t d’arachides de coque. Les autorités le justifient par le fait que ces graines ont été achetées bien avant le blocage des exportations. Nous disons non, parce que le stock qui devait être exporté est de 400 000 t. D’ailleurs, lors de la réunion où le gel des exportations a été décidé, on savait qu’il ne restait qu’une centaine de tonnes. Mais aujourd’hui, il y a une brèche qui est ouverte par des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture. Présentement, dans les usines, les camions ne viennent plus. C’est le désarroi à la Sonacos où on ne comprend pas cette décision de fonctionnaires du ministère de l’agriculture’’.

Licenciements en vue

Cette quantité pouvait faire tourner les usines de Diourbel et de Ziguinchor, parce que la Sonacos a revu à la baisse ses objectifs. Ceux-ci sont passés de 150 000 à 50 000 t. Diourbel, dont l’objectif de collecte qui lui est fixé est de 8 000 t, peine à avoir 4 000 t, après quatre mois de ramassage. A ce jour, renseigne le directeur de l’usine de Diourbel, ‘’3 763 t ont été collectées. Ce qui fait un pourcentage de 48 %. Les objectifs fixés au début de la campagne étaient de 30 000 t. Après, il y a eu réduction à 8 000 t’’.

Les conséquences qui vont découler de ce manque de matière première, c’est que la production va prendre un temps plus court. Les licenciements seront confirmés, après que les préavis ont été servis à des travailleurs et les usines ne vont pas fonctionner. A ce jour, 57 personnes travaillent à l’usine de Diourbel, alors qu’elle pouvait tourner jusqu’à 265 personnes.

Face à ces impairs, Thiembaye Ndiaye attire ‘’l’attention des autorités, surtout du président de la République, que les instructions qui avaient été données n’ont pas été respectées’’. ‘’L’usine avait commencé à recevoir des graines, mais ils ont dégelé. C’est cela le problème’’, dit-il avec dépit.

Boucar Aliou Diallo.  

 

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