Publié le 28 Mar 2020 - 23:52
COVID-19 - CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Le FMI prêt à décaisser 1 000 milliards de dollars pour aider ses pays membres

 

Le Fonds monétaire international (FMI) est prêt à utiliser sa capacité de financement de 1 000 milliards de dollars pour aider ses pays membres. L’annonce a été faite hier,* par l’institution de Bretton Woods, dans une déclaration conjointe de son président du Comité monétaire et financier international et de sa directrice générale.

 

Après avoir demandé, mercredi, aux pays du G20 d’alléger le paiement des dettes bilatérales des pays à faible revenu, pour leur permettre de faire face aux effets de la Covid-19 sur leur économie, le Fonds monétaire international (FMI) s’est engagé, hier, à débourser un financement de 1 000 milliards de dollars pour aider ses pays membres. L’institution l’a fait savoir à travers une déclaration conjointe de son président du Comité monétaire et financier international, Lesetja Kganyago, et de sa directrice générale, Kristalina Georgieva. Ceci à la suite de la téléconférence du Comité monétaire et financier international.

Au fait, ces responsables du FMI reconnaissent qu’il est ‘’essentiel’’ d’agir de ‘’manière vigoureuse et coordonnée’’, y compris au niveau multilatéral, pour résoudre cette crise mondiale. ‘’À cet effet, les membres du CMFI notent avec satisfaction que le FMI s’efforce diligemment d’aider un nombre exceptionnellement élevé de pays qui sollicitent simultanément un financement d’urgence, et qu’il coopère étroitement avec les autres institutions financières internationales, en particulier le groupe de la Banque mondiale. Le FMI est prêt à utiliser sa capacité de financement de 1 000 milliards de dollars pour aider ses pays membres’’, annoncent-ils.

Compte tenu de ces défis ‘’extraordinaires’’, le document rappelle que le FMI a déjà décidé d’alléger les remboursements de dettes de ses pays membres les plus pauvres au titre du Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes. L’institution est appelée à renforcer sa riposte à la crise en augmentant l’accès à ses mécanismes de financement d’urgence (facilité de crédit rapide et instrument de financement rapide). Au-delà de ses mécanismes de prêt traditionnels, la même source indique que le FMI explorera d’autres moyens d’aider ses pays membres qui font face à des pénuries de devises. ‘’Le Conseil d’administration du FMI examinera ces questions dans les semaines à venir, en vue d’établir un solide ensemble de mesures qui seront examinées par le CMFI, lors des réunions de printemps. Notre objectif commun est de faire en sorte que la riposte du FMI à la crise soit encore plus efficace pour aider les pays membres à se redresser plus rapidement et plus vigoureusement’’, renchérissent les responsables de l’institution de Bretton Woods.

En fait, ces derniers admettent que le monde se trouve dans une ‘’situation sans précédent’’ où une pandémie mondiale se transforme en crise économique et financière. Du fait d’un arrêt soudain de l’activité économique, la production mondiale se contractera en 2020. ‘’Les pays membres ont déjà pris des mesures extraordinaires pour sauver des vies et préserver l’activité économique. Mais il faut en faire plus. Il doit être prioritaire d’accorder une aide budgétaire ciblée aux ménages et aux entreprises vulnérables afin d’accélérer et d’affermir la reprise en 2021’’, lit-on dans la déclaration. Bien que les pays avancés aient été les ‘’plus touchés’’ sur le plan sanitaire, le FMI signale que les pays émergents et les pays en développement, en particulier ceux à faible revenu, seront ‘’durement touchés’’. Ceci par une combinaison de crise sanitaire, de ‘’retournement brutal’’ des flux de capitaux et, pour certains, de ‘’forte baisse’’ des prix des produits de base. ‘’Bon nombre de ces pays ont besoin d’aide pour renforcer leur riposte à la crise et rétablir l’emploi et la croissance, étant donné les pénuries de liquidités en monnaies étrangères dans les pays émergents et le lourd endettement de nombreux pays à faible revenu’’, admet le Fonds monétaire international.

La CEA compte sur le G20 pour sauver l’Afrique

Si le FMI s’engage à secourir ses ‘’amis’’ du côté de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), on fait appel au G20 pour sauver l’Afrique. ‘’Une Afrique bien équipée est la clé de notre assurance collective. Pour équiper l’Afrique, il faut aborder rapidement les vrais détails dans le cadre d’un ensemble coordonné à trois volets, défini par les ministres des Finances africaines lors de leur conférence virtuelle la semaine dernière’’, préconise la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, Véra Songwé, dans un communiqué rendu public avant-hier. Elle plaide pour un soutien à une intervention sanitaire et humanitaire immédiate. ‘’Les dirigeants du G20 devraient appuyer l’ouverture de couloirs commerciaux, en particulier pour les fournitures de santé préventive, les produits pharmaceutiques, l’alimentation et la mise à niveau immédiate des infrastructures de santé et des systèmes de données pour suivre l’incidence. Les pays peuvent se concentrer sur l’information et la prévention, en renforçant et en construisant des installations curatives’’, poursuit Mme Songwé, par ailleurs Sous-Secrétaire générale de l’ONU.

D’après elle, l’OMS et le CDC Afrique peuvent faciliter cette tâche avec des fonds via et/ou provenant du Fonds mondial, de GAVI et d’ailleurs.

Ensuite, la secrétaire exécutive de la CEA soutient qu’il urge de mettre en place un plan de relance économique dans l’immédiat. ‘’Les États-Unis envisagent 2 000 milliards de dollars américains et le Royaume-Uni environ 320 milliards de dollars de mesures de relance. Les dirigeants du G20 devraient engager 100 milliards de dollars américains par le biais des partenaires traditionnels que sont le groupe de la Banque mondiale, le FMI, la BAD et l’UE, pour financer l’intervention sanitaire immédiate, protéger les plus vulnérables et les emplois, en plus des 50 milliards de dollars déjà promis par les fonds’’, dit-elle.

Ainsi, l’économiste camerounaise signale que pour garantir un espace budgétaire et des liquidités immédiats, cet ensemble devrait ‘’inclure une exonération’’ de tous les paiements d’intérêts estimés à 44 milliards de dollars américains pour 2020. ‘’Les dirigeants du G20 devraient également soutenir une exonération du capital et des intérêts pour les États africains fragiles tels que le Sahel, la République centrafricaine et d’autres qui sont déjà aux prises avec des dépenses de conflit et ont un espace budgétaire limité’’, plaide l’ancienne représentante de la Banque mondiale au Sénégal.

D’ailleurs, elle poursuit que la Chine aura un ‘’rôle important’’ à jouer, en tant que deuxième partenaire commercial et a une opportunité d’être le chef de file. Mais de nombreuses banques privées occidentales doivent aussi s’y impliquer. ‘’Les parties prenantes de la société civile devraient faire le suivi de l’utilisation efficace. Enfin, nous devons protéger le secteur privé et plus de 30 millions d’emplois immédiatement menacés sur le continent, en particulier dans les secteurs du tourisme et des compagnies aériennes’’, ajoute-t-elle.

À cette fin, Mme Songwé appelle les dirigeants du G20 à prendre des mesures pour soutenir les importations et les exportations agricoles, le secteur pharmaceutique et le secteur bancaire. ‘’Une facilité de crédit étendue, des plans de refinancement et des facilités de garantie devraient être utilisés pour renoncer, restructurer et fournir des liquidités supplémentaires en 2020. Les dirigeants du G20 devraient soutenir une ligne de liquidité à la disposition du secteur privé opérant en Afrique, pour garantir que les achats essentiels puissent continuer et que toutes les PME dépendantes du commerce puissent continuer de fonctionner’’, lance-t-elle.

MARIAMA DIEME

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