Publié le 5 Aug 2013 - 14:30
DÉBAUCHAGES, DÉSTABILISATION

 Idrissa Seck, cible ouverte

 

La formation politique dirigée par Idrissa Seck devra compter avec les crocs-en-jambe du parti au pouvoir. La raison est toute simple : Macky Sall  considère désormais Rewmi comme un parti d'opposition. La lutte qui est officiellement engagée depuis le 25 mars dernier est loin d'avoir livré toutes ses clefs...

 

Le départ de Me Nafissatou Diop des rangs de Rewmi n'est pas à ranger dans le registre des surprises politiques de ce mois d'août. C'est dans les colonnes de Jeune Afrique, le premier numéro du mois de juillet dernier, qu'est partie la salve qui annonce la nouvelle règle du jeu. ''Idy, on le connaît. Aujourd'hui, je considère qu'il est dans l'opposition''. Des propos attribués à Macky Sall, début juin, selon un témoin cité par l'hebdomadaire parisien.

En vérité, la situation a commencé à dégénérer lorsqu'Idrissa Seck a fait une sortie au groupe de presse Futurs Médias, le 25 mars dernier, alors que le Président Macky Sall se trouvait en Mauritanie dans le cadre d'un sommet de l'Organisation pour la mise en œuvre du fleuve Sénégal (OMVS). Le style Macky Sall, le gouvernement, la situation économique, l'emploi, la traque des biens mal acquis, rien n'a été laissé au hasard. Une sortie jugée au vitriol par les tenants du pouvoir qui n'ont pas apprécié que ces critiques se fassent par voie de presse. Réplique d'Idrissa Seck, c'est parce que tous les canaux d'échanges sont bouchés qu'il ne restait que cette voie-là, allusion faite à la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) dont les instances ont du mal à fonctionner.

En privé, le maire de Thiès expliquera que ce qu'il n'a pas accepté avec Me Abdoulaye Wade, il ne le concédera jamais à Macky Sall. ''Je lui tiendrai le langage de la vérité. Et il est bien préférable que je le lui dise de face que je fasse autre chose'', rapporte-t-on, selon des confidences faites à des médiateurs. Oublié le soutien apporté au candidat Macky Sall ? ''C'est un soutien que j'avais promis à toute personne qui se positionnerait contre Wade au second tour'', précisait le maire de Thiès.

 

Plan de carrières politiques

 

La situation a empiré lorsque les deux ministres de Rewmi, au sein du gouvernement Abdoul Mbaye, Pape Diouf et Omar Guèye, respectivement ministres de la Pêche et de l'Hydraulique, se sont rangés du côté du camp au pouvoir contre la formation qui les a proposés dans l'exécutif. C'est au milieu de cette tempête politique qu'un réaménagement interne va installer Me Nafissatou Diop au cœur du dispositif décisionnel. Elle est nommée chargée de la Communication de Rewmi. Mais en vérité, Me Nafissatou Diop ne pouvait pas se contenter de cette posture ; elle qui a toujours pensé qu'en vertu des ''sacrifices'' consentis pour ce parti dans l'affaire des Chantiers de Thiès, on aurait dû l'envoyer siéger dans le gouvernement, au nom de la parité. Qu'elle ne soit pas investie sur dans le quota de Rewmi pour être député à l'Assemblée nationale, l'agacera en plus, sans du reste qu'elle ne pose le problème sur la table.

Mais le cas Me Nafissatou Diop n'est qu'un élément dans le puzzle. Dans le contexte actuel où Idrissa Seck est considéré comme un opposant, même si officiellement, il est membre de Benno Bokk Yakaar (BBY), l'Alliance pour la République (APR) fera tout pour affaiblir Rewmi. La dernière offensive contre le conseil municipal de Thiès, lors d'une réunion qui a failli se terminer en bataille rangée, révèle juste des tentatives d'ébranler la forteresse politique thiessoise. Ce que confirmera celui qui administre aujourd'hui la mairie de Thiès, Yankhoba Diattara, dans un entretien avec EnQuête paru il y a quelques jours.

Selon des sources sûres, ''cela va aller crescendo et c'est politiquement compréhensible''. ''Je ne suis sûr que de moi, les autres, je ne pourrais jurer de rien'', confie un responsable de ce parti. Toute la question étant de savoir si cela est ''politiquement rentable''. Beaucoup de gens à Rewmi, à l'image d'Oumar Sarr, ne manquent pas de faire le lien avec Me Abdoulaye Wade, lâché par son plus proche lieutenant, Me Ousmane Ngom alors qu'il était tout près de la victoire. Le cas de Macky Sall est lui-même cité en exemple avec quelques petites trahisons, lorsqu'il a quitté la barque bleue pour aller à l'aventure.

L'autre question que l'on se pose est celle de connaître la réplique que le leader de Rewmi va donner aux départs de certains de ses cadres vers les pâturages apéristes. Pour le cas de Me Nafissatou Diop, ''la règle, c'est pour le moment de ne pas réagir'', affirme un responsable de ce parti. Mais pour qui connaît l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, le moment arrivera sans doute où il ne manquera pas de rendre les coups. Coup pour coup ?

La bataille qui se mène ne va se terminer que par la neutralisation politique de l'un ou l'autre des protagonistes. L'enjeu étant clair, même si on est à plus de trois ans de la prochaine présidentielle : le Palais.

 

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