Publié le 20 Mar 2020 - 03:07
DEMBA MBACKE SUR LA SUSPENSION DES COMPÉTITIONS

‘’Les équipes doivent privilégier des programmes individuels et ciblés’’ 

 

Demba Mbaye, préparateur physique des arbitres internationaux sénégalais, préconise aux clubs de football et de basket d’insister sur le planning de leurs joueurs, pour un retour en force, après la levée de la suspension des activités sportives. Le technicien estime également que l’arrêt des compétitions peut être une aubaine pour certains clubs de rectifier les lacunes qu’ils ont traînées en pleine saison.

 

Les autorités étatiques ont suspendu les activités sportives pour une durée d’un mois, pour cause de coronavirus. Quelle analyse faites-vous de cette décision ?

Je dis que c’est une décision salutaire, dans la mesure où, c’est préventif, pour empêcher la progression d’un virus très virulent. On sait tous que les terrains de sport sont des lieux de contacts et d’échanges favorisant la propagation de la maladie. Donc, c’est une mesure salutaire, parce que la santé publique prime sur toute autre activité.

Est-ce que cette décision peut avoir des incidences sur les performances des athlètes ?

Évidemment, il peut y avoir des impacts sur le suivi des entraînements et des performances. Mais ces impacts, il faut les analyser selon le type de sport, individuel ou collectif, surtout en termes de développement et de maintenance des qualités physiques. Concernant les sportifs individuels, on peut dire que l’impact ne sera pas substantiel, chez eux. Un athlète qui prépare un marathon peut toujours continuer ses entraînements au bord des routes ou des pistes. Donc, on ne peut sentir cet impact négatif à ce niveau-là.

Mais les basketteurs ou les footballeurs, qui ont besoin de contact avec leurs partenaires, perdront la possibilité de se préparer convenablement. Ils n’ont plus l’opportunité de suivre des ateliers ou des systèmes avec leurs entraîneurs. Et pour combler ce manquement, les préparateurs physiques doivent travailler sur le maintien des qualités physiques de manière individuelle. Donc, les sportifs comme les footballeurs, basketteurs, handballeurs, etc., peuvent s’adonner à des pratiques individuelles leur permettant de garder leurs aptitudes physiques. Je veux dire par-là les capacités d’endurance, de vitesse et de force. Seulement, l’aspect tactique sera difficile à entraîner. Et sur ce point, les athlètes peuvent toujours travailler seuls avec un ballon, un vélo ou un engin.

Est-ce que cet arrêt peut être bénéfique pour certains clubs ?

Oui. Cette suspension d’activités doit être appréciée de manière positive par les sportifs. Elle peut être une aubaine pour certains clubs du championnat national de football. Ces équipes peuvent profiter de cette pause pour combler les lacunes qu’elles ont traînées au cours de la manche aller. C’est également le moment de soigner et de récupérer certains blessés. Les préparateurs physiques doivent profiter de cette période pour observer un repos. Ils peuvent favoriser la régénération et travailler sur les points faibles individuels de leurs joueurs ou des éléments individuels de leurs équipes. Le travail portera aussi sur des exercices complémentaires de rattrapage des insuffisances constatées à la première phase (aller).

Toutefois, le préparateur doit privilégier des programmes individuels et ciblés, avec des objectifs précis leur permettant de régler des problèmes collectifs (défense, attaque, milieu de terrain) constatés en cours de compétition. C’est le travail individuel qui prévaut, dès l’instant que les coaches n’ont plus la possibilité de regrouper leurs joueurs. Et c’est le grand problème dans les sports collectifs. À partir de ce moment, il revient aux joueurs de travailler, mais en respectant le processus. Ceci revient à observer d’abord un repos et suivre les plannings quotidiens édictés par les techniciens (entraîneurs et préparateur physiques).

Comment ça va se passer la reprise ?

La reprise ne doit pas se faire de façon brutale. Elle se fera normalement une semaine ou 10 jours après la levée de la suspension des activités sportives. Les fédérations doivent respecter ce délai, pour permettre aux équipes de faire des séances d’entraînements collectifs pendant au moins 7 jours et revenir à la compétition. Les clubs doivent faire aussi un match amical pour capitaliser leurs acquis avant d’engager à nouveau les compétitions.

Une trêve n’est pas aussi grave que ça. Les gens pensent que rester quelques jours ou une semaine a un grand impact, mais ce n’est pas le cas. Ça n’a pas forcément un impact sur les performances. Au contraire, certains sportifs reviennent parfois en force, parce que les méthodes de récupération sont diverses et variées. Les bons préparateurs physiques parviennent à récupérer leurs athlètes pour les ramener à leur meilleur niveau initial sans leur faire perdre beaucoup de capacités physiques. Le problème, avec cet arrêt, c’est la perte des capacités physiques et le préparateur doit trouver des méthodes adaptées pour le maintien des aptitudes de ses athlètes, surtout au plan collectif.

OUMAR BAYO BA

 

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