Publié le 19 Aug 2013 - 00:03
EGYPTE

Le général al-Sissi ne "pliera pas" devant les islamistes

 

Le chef de l’armée égyptienne, Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé dimanche qu’il ne céderait pas face à la violence des partisans du président déchu Mohamed Morsi. Ces derniers ont, eux, annulé certaines manifestations pour des raisons de sécurité.

Le nouvel homme fort de l’Égypte, le général Abdel Fattah al-Sissi, se montre inflexible face aux Frères musulmans. Après plusieurs jours de violences à la suite de l'offensive lancée mercredi par les forces de sécurité contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi, Al-Sissi a assuré dimanche 18 août qu’il ne "plierait pas" devant la violence des islamistes.

"Quiconque imagine que la violence fera plier l’État et les Égyptiens doit revoir sa position, nous ne resterons jamais silencieux face à la destruction du pays", a affirmé le général lors d’une réunion avec les principaux chefs militaires et ceux de la police. Il s’agissait de sa première déclaration depuis le début des affrontements cette semaine entre les forces de sécurité et les pro-Morsi.

 

Un plan de sortie de crise proposé au gouvernement

 

Le vice-Premier ministre égyptien, Ziad Bahaa el-Dine, doit pour sa part proposer ce dimanche au gouvernement, un plan de sortie de crise pour mettre fin à ces violences, qui ont fait plus de 750 morts en cinq jours à travers tout le pays.

Le plan, auquel l’agence Reuters a eu accès et qui appelle notamment à la levée de l'état d'urgence proclamé mercredi, semble en porte-à-faux avec la ligne dure défendue par le Premier ministre, Hazem el-Beblaoui, qui a proposé, samedi, la dissolution de la confrérie des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet.

Ce projet de Ziad Bahaa el-Dine constitue la première initiative importante prise par un responsable issu du camp libéral, dont l'un des principaux représentants, le vice-président Mohamed el-Baradeï, a démissionné mercredi, pour protester contre les violences.

L'initiative, qui prévoit la participation de tous les partis politiques et la garantie des principales libertés, reste muette sur le sort de Mohamed Morsi, toujours en détention, et sur ceux des principaux cadres des Frères musulmans. "Il n'y aura pas de réconciliation avec ceux dont les mains sont tachées de sang et qui ont tourné leurs armes contre l'État et les institutions", a déclaré, mercredi, Hazem el-Beblaoui.

Le gouvernement égyptien a par également décidé d'interdire les "comités populaires", ces milices de quartiers anti-islamistes qui se sont récemment multipliées dans le pays, installant des barrages, fouillant les véhicules et vérifiant les papiers d'identité. Les autorités jugent que ces groupes d'auto-défense mènent des "actions illégales".

 

Annulation de manifestations pro-Morsi

 

De leur côté, les pro-Morsi ont annoncé dimanche qu’ils annulaient certains de leurs rassemblements au Caire "pour raisons de sécurité". Ils avaient pourtant programmé neuf manifestations dans la capitale égyptienne dans le cadre "d’une semaine contre le coup d’État". Trente-six détenus appartenant aux Frères musulmans ont par ailleurs été tués durant leur transfert du Caire vers une prison de la banlieue. Selon la police, ils ont été asphyxiés par les gaz lacrymogènes utilisés pour arrêter leur tentative d'évasion.

Au Caire, l'activité reprenait doucement dimanche, alors que les rues de la capitale étaient inhabituellement vides depuis les assauts menés, il y a quatre jours, par les forces de sécurité contre des campements islamistes. L'armée veille cependant toujours au maintien du couvre-feu décrété mercredi pour les principales villes du pays, et empêche l'accès à plusieurs grandes places de la capitale.

Les forces de sécurité ont évacué samedi la mosquée Al-Fath, où s'étaient réfugiés des partisans de Mohamed Morsi, après des affrontements meurtriers qui ont eu lieu la veille sur la place Ramsès voisine, dans le cadre du "vendredi de la colère", qui a fait au moins 173 morts en Égypte pour cette seule journée.

 

Plaidoyer pour des élections rapides en Égypte

 

Sur le plan international, le président français François Hollande a jugé dimanche que le niveau des violences en Égypte n'était pas "acceptable", à l'issue d'un entretien à l'Élysée avec le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Il a aussi plaidé pour que des élections soient organisées rapidement dans le pays.

"Nous avons une commune responsabilité, les pays arabes, l'Europe, la France, de faire en sorte que les violences cessent, que les autorités politiques égyptiennes puissent prendre la feuille de route comme référence dans les semaines qui viennent et permettre ainsi l'organisation d'élections dans un délai rapide", a ainsi déclaré François Hollande.

Aux États-Unis, des sénateurs américains, dont l’influent républicain John McCain, ont fait savoir qu’ils souhaitaient que leur pays coupent l’assistance militaire qu’ils fournissent à l’Égypte. "Ils ont organisé un massacre", a ainsi affirmé McCain sur CNN à propos de la répression sanglante des manifestants mercredi dernier.

Le président américain Barack Obama avait déjà annoncé jeudi l'annulation de manœuvres militaires conjointes avec l'armée égyptienne, ajoutant qu'il "condamnait avec force" les opérations des forces de sécurité. En revanche, il ne s’est pour l’instant pas prononcé sur l’aide militaire de 1,3 milliard de dollars que les États-Unis fournissent à l'Égypte chaque année.

FRANCE24

 

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