Publié le 22 May 2023 - 17:37
GALA NATIONAL DE LA PRESSE

La razzia des femmes

 

La 11e édition du gala national de la presse organisé par la Convention des jeunes reporters du Sénégal  s’est tenue samedi dernier.  A cette occasion, les meilleurs reporters du Sénégal ont été primés.

 

Le tapis rouge a été déroulé en l’honneur des acteurs des médias pour la 11e édition du gala de la presse. Il est une initiative de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) qui l'organise tous les ans. Une occasion de célébrer les meilleurs journalistes du Sénégal.

Cette année, le ton était déjà donné, quand la liste des nominés toutes catégories confondues a été publiée. Sur 18 nominés, les 10 sont des dames. Elles n’ont pas déçues. Elles sont sur les plus hautes marches, cette année.

En effet, pour la télévision, la radio, la presse écrite et le prix étudiant, ce sont des femmes qui ont remporté le premier prix. Le prix radio, dont le défunt Ndatté Diop en est le parrain cette année, est remporté par Aminata Bâ de la Radio Futurs Médias. Elle a fait une immersion dans une prison et a su raconter avec les mots qu’il fallait une histoire émouvante. La deuxième marche du podium est également occupée par une femme. Il s’agit de Mbayang Kor de la RFM. Elles passent ainsi devant Alioune d’iRadio.

En télévision, c’est Marième Birame Bâ de Seneweb qui s’est adjugé la première place. Le parrain de ce prix, le journaliste Babacar Diagne, par ailleurs président du CNRA, lui a d’ailleurs remis son présent. C’est Pape Ibrahima Ndiaye d’iTV, un habitué des podiums,  qui est arrivé deuxième, grâce à un reportage sur l’environnement fait à Niokolo-Koba. Enfin, est arrivé troisième Ousmane Bâ de 7TV qui a fait un reportage sur les habitats spontanés à l’ancienne piste.

Le jury s’est félicité du retour du reportage sur le petit écran, car il y a eu plus de soumissions cette année.

Aicha Goudiaby de ‘’L’Observateur’’, étreinte par l’émotion, a versé quelques larmes en recevant le prix Salif  Diallo pour la presse écrite. Fatou Ndiaye de ‘’Sud Quotidien’’ a eu droit à l’argent. Et ‘’le Soleil’’ le bronze. Samba Diamanka est arrivé cette année encore troisième.

L’une des innovations de l’édition 2023 du gala des jeunes reporters est le prix étudiant.  Le Cesti n’a laissé aucune place aux autres écoles et instituts de journalisme. Tous les trois prix ont été remportés par ses pensionnaires. Ndiémé Faye, pour un remarquable travail sur le don d’organes, est sur la plus haute marche. Elle est la première à remporter le prix du directeur général du Coud. Sokhna Aminata Diop, pour un travail abouti sur l’impact sur la santé des populations de Kayar d’une usine de poissons installée dans la zone, est arrivée deuxième. Son camarade Tidiane Diallo est troisième, grâce à un papier sur un sujet original. Il s’est intéressé aux créanciers ‘’invisibles’’ du marché aux poissons. Des banquiers dans l’informel et aux méthodes peu orthodoxes.

En outre, le Graal est allé à Aminata Bâ de la RFM qui a reçu le prix Mame Less Camara qui consacre le meilleur journaliste, tous médias confondus.

Ainsi, les femmes ne sont pas présentes qu’en nombre cette année, mais en qualité surtout.

L’unique grand prix gagné par un homme est celui de la Sonatel. Grâce à un excellent travail, Ibrahima Dione d’Apanews l’a décroché. Mamadou Tidiane Ndiaye de l’APS est deuxième et Fana Cissé de Pressafrik troisième. Le prix spécial médias et droits humains est remporté par Mamadou Dieng d’iRadio, suivi d’Awa Diallo de 7TV et d’Aminata Guèye de Seneweb.

Assane Guèye d’Apanews est désormais le meilleur photojournaliste. Il remporte le prix Ousmane Diallo pour la photo.

Il n’a pas été que célébration de jeunes reporters au cours de cette soirée. Cette année, le président de la CJRS, Migui Marame Ndiaye, dans son discours, a rappelé l’importance de cet événement  qui est une belle occasion pour réfléchir sur le devenir de la presse sénégalaise, ’’une profession de plus en plus chahutée, attaquée de toutes parts, traînée dans la boue’’.

‘’Le refus des médias d’être embrigadés dans des querelles partisanes constitue ainsi une source de tensions. Notre seul parti : l’intérêt général. Il convient de souligner que cela est loin d’être une situation spécifique au Sénégal. Cela dit, il ne faut pas non plus occulter certaines accusations légitimes et bien fondées. Il en est ainsi des accusations de connivence avec les pouvoirs : que ça soit le pouvoir politique, économique, religieux ou autre. S’y ajoute la qualité des contenus qui laisse vraiment à désirer dans le paysage médiatique sénégalais. Il y a donc urgence à mener une réflexion plus approfondie, plus globale, pour trouver des solutions aux maux dont souffre notre corporation. A ce propos, nous saluons l’initiative de la Cap pour l’organisation des assises nationales de la presse’’, souligne-t-il.

‘’Au-delà des professionnels des médias que nous sommes, cette ambition de bâtir des médias forts, indépendants et professionnels doit être une question d’intérêt national qui doit concerner toutes les forces vives de la Nation, si l’on sait l’importance et la sensibilité de l’information pour un pays’’, relève-t-il.

 Migui Marame a abordé les difficultés que rencontrent les acteurs de la presse dans le cadre de leur travail. ‘’La première résulte des conditions de travail difficiles des jeunes reporters (...). Fidèle à sa vocation, la convention a commandité récemment un important sondage pour essayer de documenter la condition des reporters dans les différents médias. Sans surprise, les résultats sont loin d’être fameux. En attendant la présentation des résultats de l’enquête dans les semaines à venir, nous partageons avec vous quelques chiffres éloquents. Sur 216 reporters qui ont répondu à notre enquête, environ 44 % seulement ont soit un contrat à durée indéterminée (21,1 %) soit un contrat à durée déterminée (11,1 %)… Les autres sont des prestations (22,2 %) ; stages (17,1 %) et 26,4 % des reporters ne sont liés à leurs employeurs par aucun de ces différents types de contrats. L’étude montre également que près de 70 % des personnes ayant répondu ne disposent pas d’exemplaire de leur contrat’’, partage-t-il. Pis, ‘’sur 181 réponses, on apprend également que moins de 20 % ont confirmé que leurs contrats sont enregistrés à l’inspection du travail, tandis que 22,3 % ont des bulletins de salaire ; 14 % seulement ont une couverture maladie ; 14 % un numéro Ipres. (...) Voilà, entre autres enseignements issus de ce rapport que nous aurons le plaisir de partager dans quelques jours avec les différentes parties prenantes, notamment notre ministère de tutelle et son homologue en charge du Travail, mais aussi et surtout le patronat qui est notre partenaire naturel et qui est aussi confronté à des limites objectives qu’il conviendra de prendre en charge’’, a-t-il dit.

En attendant que certains des écueils que rencontrent les jeunes reporters soient résorbés, la CJRS s’engage à poursuivre leur formation.  ‘’Nous rappelons que la mission première de la Convention des jeunes reporters, c’est la formation. Nous sommes donc très satisfaits de l’engouement suscité et comptons œuvrer pour donner au concours encore plus d’attrait. Dans cette optique, nous avons l’ambition d’aller plus loin dans les récompenses. Pourquoi ne pas mettre en compétition une voiture pour le Grand Prix Mame Less Camara, qui vient d’être lancé de manière symbolique cette année et qui va récompenser le meilleur des meilleurs. C’est l’un des défis que nous nous fixons pour la prochaine édition qui, il faut le rappeler, coïncide avec les 20 ans de la convention’’, annonce Migui Marame Ndiaye.

Les problèmes ont été oubliés le temps d’une soirée animée par Wally Ballago Seck. Les jeunes reporters se sont lâchés à cœur joie sur la piste, rivalisant d’ardeur et de talent de danseur sur les rythmes du Raam Daan.

NDEYE KHOUDIA DIENG(STAGIAIRE)

 

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