Publié le 22 Mar 2018 - 12:52
GREVE DU SYTJUST

Justiciables et usagers victimes collatérales 

 

La grève de 72 heures du syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) a impacté le fonctionnement du palais de justice de Dakar. Le recours aux gendarmes pour servir de greffiers ad hoc n’a pas empêché les juges de renvoyer, hier, beaucoup de dossiers.      

 

Il n’y a pas eu d’harmonisation, hier, dans la composition du présidium de la salle 1 du palais de justice de Dakar.  Les juges et le procureur, habillés en noir, ont rejoint la salle d’audience en compagnie d’un gendarme, vers 10 heures. La présence du pandore en uniforme bleu a retenu l’attention des dizaines de personnes venues suivre l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar. L’homme en bleu, chargé d’habitude de veiller à l’ordre et à la tranquillité de la salle d’audience, a pris la place du greffier pour transcrire les débats d’audience. Une présence à l’audience qui s’explique par la grève de 72 heures déclenchée, avant-hier, par le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). Il va officier comme officier Ad hoc, pendant les trois jours de grève. 

Les travailleurs de la justice exigent l’adoption du texte relatif à l’organisation et au règlement de fonctionnement du centre de formation judiciaire. Le secrétaire général du syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), Me Ayé Boun Malick Diop, et ses camarades exigent l’allocation d’une indemnité de logement. Ils demandent aussi l’augmentation de l’indemnité de participation à la judicature et l’octroi de la prime d’incitation à la célérité. 

Hier, l’absence d’un greffier à la salle d’audience n’a pas empêché la présidente et ses deux assesseurs de vouloir juger les prévenus attraits devant la barre du tribunal. Ce à quoi les avocats se sont opposés. Les conseillers ont, lors de la mise en état des affaires inscrites au rôle, demandé le renvoi des jugements de leurs clients. Du coup, les dossiers importants : abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, vol commis la nuit, viol etc. ont été renvoyés. Seuls les détenus poursuivis pour détention et usage de chanvre indien ont été retenus et jugés, ce mercredi.    

Me Serigne Diongue a motivé la demande de renvoi par les difficultés d’exécution des sentences transcrites par les forces de l’ordre. ‘’Les jugements transcrits par les gendarmes sont souvent confrontés à un problème d’exécution. Ils sont toujours signés tardivement par le greffier en chef. Cette lenteur prive les justiciables du droit d’interjeter appel contre ces décisions. Les détenus sortent souvent de prison avant la signature de leurs jugements. Donc, leurs conseillers n’arrivent pas à faire appel’’, a-t-il expliqué.

La grève du Sytjust est aussi mal vécue par les parents des détenus. C’est le cas de Sokhna Ngom. La dame, venue de Mbao (région de Dakar), a eu la surprise de constater le troisième renvoi du jugement de son fils. ‘’L’audience de mon fils a été renvoyée à deux  reprises. Je croyais qu’elle allait être retenue aujourd’hui, mais les juges l’ont renvoyée à lundi prochain, à cause de la grève des greffiers. J’invite le président de la République à régler le problème le plus rapidement possible. Sinon, ce sont les justiciables qui vont subir les conséquences’’, se désole-t-elle. Ainsi, la salle d’audience des flagrants délits s’est pratiquement vidée, après la mise en état des dossiers.  L’audience a duré deux heures (10 h-12h).   

Casiers judiciaires délivrés vendredi

Les autres usagers comme les demandeurs de casiers judiciaires et de certificat de nationalité sénégalaise sont aussi rentrés bredouille, puisqu’il n’y a pas de service minimum, encore moins de signatures pendant la durée de la grève. D’ailleurs, il n’y avait pas de foule devant le bureau des casiers judiciaires situé à côté de la cave du tribunal. Amy Thiaw, étudiante à l’Ucad, a respecté la fille d’attente et déposé une demande de confection d’un casier judiciaire. En lieu et place du document sollicité, elle s’est vu répondre : ‘’revenez vendredi pour la livraison de votre pièce’’.  Ce qui l’a mise dans tous ses états. ‘’Je dois déposer ma candidature pour la sélection en Master 2 dans une université privée. La date limite, c’est vendredi. Ce sera difficile d’être dans les délais ‘’, déclare-t-elle.

Une autre fille à côté de renchérir : ‘’Ce que je regrette, c’est d’avoir perdu beaucoup de temps, aujourd’hui’’. Toutefois, elle précise qu’il n’y a pas de péril en la demeure. ‘’J’ai encore le temps. Je dois déposer mon dossier à la fin de ce mois. Le problème, c’est que je dois faire cours vendredi’’, ajoute-t-elle.  

Victimes du mouvement d’humeur des travailleurs de la justice, les justiciables et autres usagers invitent le gouvernement à satisfaire les revendications de ces travailleurs.

OUMAR BAYO BA

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