Publié le 8 Mar 2012 - 15:04
LA CHRONIQUE DE MAGUM KËR

Les enjeux du second tour

 

Sous ce rapport, l’électorat sénégalais est resté conservateur, le candidat le mieux placé dans la course est celui qui l’était le plus récemment sur l’échiquier politico-administratif. Ainsi, Macky Sall enterrait-il Idrissa Seck et sa prétention d’être le 4ème président de la République. La confrontation qui se dessine ne sera donc pas de politiques divergents. Elle serait un dialogue intime entre le maître en lutte politique et son élève appelé, selon l’adage, à le vaincre le premier si les partisans de l’un et l’autre ne s’interposaient.

 

Ces partisans sont diversement motivés. Dans le camp de Macky, certains sont des alliés sincères qui ont perdu de plein gré des positions éminentes pour le suivre. D’autres sont des calculateurs politiques qui ont volé au secours de sa victoire sans avoir souffert les avanies supportées par les premiers. Pour ceux-là, il s’agit de récupérer les positions perdues et la revanche est leur moteur dans cette campagne qu’ils voudront remplir de bruits et de fureur inutiles.

 

La majorité silencieuse les suspecte d’un caractère emporté et d’une arrogance anticipée qui promet une gouvernance aussi tumultueuse sinon plus débridée encore que la présente. Car, rendus prudents par la douche du second tour, ceux d’en face commencent à apprendre la retenue pour les faucons alors que les colombes sont en train de supputer leurs chances de survie politique dans la mouvance présidentielle ou dans l’alternative probable de Macky Sall.

 

Faute d’une controverse idéologique majeure, la seconde campagne électorale de l’élection présidentielle sera encore un débat de procédures sur les modalités mêmes de l’élection. Les thèses sur la fraude, la transparence et sur la légalité du candidat pilote devraient s’estomper au profit de projets institutionnels et de gouvernement par anticipation. L’imaginaire du possible ouvre larges les perspectives et comme il se doit, le candidat de l’opposition a une longueur d’avance.

 

Pour la première fois dans le long processus démocratique du Sénégal, les électeurs vont peut-être goûter aux délices supposés d’un débat télévisé en direct entre les deux candidats. Ce débat devrait, pourrait être civilisé si Macky Sall mérite bien ce surnom de ''force tranquille'' dont le visage dessine souvent une grimace paresseuse et agacée chaque fois que les arguments déraillent et que le débat vole bas. Encore que le cas de la Côte d’Ivoire, si souvent évoqué inopportunément, instruit de ce qu’un débat réussi n’est pas gage de scrutin sans souci.

 

La déclaration récente du responsable du pôle de communication de la Coalition Macky 2012, El Hadj Kassé, à l’endroit d’un éventuel débat télévisé, couve de belles convulsions futures : ''Nous ne discutons pas avec un candidat qui a fait du forcing pour être candidat. Je pense que généralement, même s’il était légal, il y a débat quand il y a ballottage. Mais aujourd’hui, il y a 65% des suffrages exprimés contre le président sortant…'' Son employeur partagerait-il cette certaine manière de compter les suffrages ?

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