Un agent immobilier poursuivi pour escroquerie portant sur 60 millions F CFA

Poursuivi pour escroquerie portant sur 60 millions de francs CFA et faux et usage de faux en écriture privée, Abdou Boucounta Mbengue, agent immobilier domicilié à Liberté 6 Extension, a nié en bloc les accusations portées contre lui par le couple Souleymane Diop et Véronique Martio. À la barre, il a affirmé que le terrain litigieux, situé à la Sicap Assemblée lui appartenait légalement au moment de la vente.
En 2019, après 23 ans passés en France, Souleymane Diop et son épouse Véronique décident de s’établir au Sénégal. ‘’Une agence immobilière nous a mis en relation avec Abdou Boucounta Mbengue, qui nous a affirmé être le propriétaire d’un terrain de 278 m²’’, a déclaré M. Diop devant le tribunal.
Selon ses dires, un accord a été conclu pour un montant de 65 millions de francs CFA. Un premier acompte de 30 millions a été versé lors d’une rencontre au service des Domaines, en présence de son épouse Véronique. ‘’Par la suite, Abdou m’a sollicité plusieurs fois pour des avances supplémentaires, arguant des difficultés financières. Nous avons complété le paiement, convaincus que la procédure suivait son cours’’, poursuit-il.
Des incohérences dans les documents
Le couple déclare avoir reçu un titre de propriété établi au nom d’Abdou Boucounta Mbengue. Toutefois, un détail a éveillé leurs soupçons : l’acte mentionnait l’année 1988, alors que l’agent immobilier leur avait assuré avoir acquis le terrain en 2008. ‘’Nous n’avons remarqué cette anomalie qu’après plusieurs mois, lorsque nous avons saisi la Dscos (Direction de la surveillance, du contrôle et de l’occupation du Sol) face à la lenteur des démarches’’, précise Véronique Martio, épouse de Souleymane Diop.
L’affaire prend une tournure plus confuse lorsqu’un tiers, Serigne Cheikhouna Ba, commence des travaux de construction sur le même terrain. ‘’Je me suis plaint à la gendarmerie, après avoir découvert qu’un autre individu revendiquait le bien’’, souligne M. Diop.
Un autre propriétaire revendique le terrain
Appelé à la barre, Serigne Cheikhouna Ba affirme être le véritable propriétaire. Il explique avoir acquis le terrain auprès de Mamadou Ndao Hanne par l’intermédiaire de sa femme et de sa belle-mère. ‘’En effectuant la régularisation, j’ai constaté que le terrain appartenait à l’État, mais j’ai obtenu mon bail n°192’’, soutient-il. De son côté, Abdou Boukounta Mbengue réfute les accusations d’escroquerie et remet en cause la validité du bail détenu par Serigne Cheikhouna Ba. ‘’Même moi, je n’avais pas mentionné la date sur l’acte de propriété. C’est le président de la coopérative qui l’avait établie. De plus, les Domaines ne les ont jamais informés d’une annulation de procédure’’, argue-t-il.
Face à ces versions contradictoires, le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire au 17 avril. D’ici là, les parties sont tenues de produire les documents attestant que le terrain n’a pas déjà fait l’objet d’un bail, comme le prétendent les plaignants. Ces derniers disent que l’assurance leur a été donnée au cadastre.
MAGUETTE NDAO