Publié le 3 Apr 2013 - 06:32
LITTÉRATURE – NOUVEAU LIVRE ''ORALITÉ AFRICAINE ENTRE ESTHÉTIQUE ET POÉTIQUE''

 Samba Diop narre épopées et mythes

Le Centre de Recherche ouest africain (WARC) de Dakar a abrité vendredi une cérémonie de dédicace du livre du Professeur Samba Diop, intitulé ''Oralité africaine entre esthétique et poétique''. Présenté comme un ouvrage de synthèses par son auteur, ce livre est le fruit de 25 ans de recherches sur l’oralité et sujet de sa thèse déjà présentée. L’œuvre, publiée au édition L'Harmattan, a été un prétexte pour l’auteur d’analyser le mythe dans les différentes épopées avec une évolution comparative de plusieurs périodes.

 

Riche de 186 pages réparties entre 6 chapitres séquentielles (Mythe, Épopée, Islam, Musique, Tradition orale, etc.), l'ouvrage revisite l’oralité africaine par l’histoire de ses héros dont Ndiadiane Ndiaye du Walo, Omar Foutiyou Tall du Fouta, mais aussi l’épopée de Soundjata Keïta du Mali, etc. ''J’ai été au walo, à Dagana, en Casamance, au Mali, au Nigeria, pour faire des recherches et essayer de reconstruire le fil conducteur des faits en interrogeant les griots traditionnels'', a expliqué l’enseignant en littérature. ''Je voulais savoir comment Cheikh Hamidou Kane, Hampaté Ba, Aminata Sow Fall, Birago Diop et autres avaient eu à traiter l’oralité dans leur texte'', a ajouté le Pr. Diop, soulignant que ''le récit change''. C’est pourquoi, dit-il, la fiabilité de l’oral pose énormément de problèmes quand à la véracité de l’histoire. L’oralité repose sur un rappel oral de faits : d’une génération à une autre, alors que l’écrit s’attelle à des empreintes plus rationnelles et plausibles. L’écrit ne change jamais. Mais, relève M. Diop, ''il est faux dire que les romanciers africains ne se servaient que d’une seule source qui était la tradition orale car il y a d’autres sources comme le Coran, la culture, la danse''.

 

Quant au mythe, il est, d'après l'auteur, lié à l’identité qui n’était rien d’autres que de donner sens à la vie et que le défi était de savoir comment s’adapter à la vie. Le professeur de littérature comparée a profité de sa présentation pour attirer l’attention des peuples africains à ne pas se laisser disperser par les nouvelles technologies à savoir l’Internet, la télévision, le téléphone, etc. Pour le chercheur, personne ne peut mieux raconter l’histoire que celui qui l’a vécue. Et, affirme-t-il, ''même si l’histoire est déformée, l’ossature sera toujours présente dans le récit''.

 

Qualifiant l’ouvrage de ''grand public'', le philosophe Hamidou Dia, conseiller culturel du président Macky Sall, a apporté des précisions qui semblent contraires à celles de l’auteur. Soutenant la thèse selon laquelle ''l’oralité constituait une source très fiable'', le chercheur à l'université a étayé ses propos en donnant l’exemple de la découverte la plus importante du siècle : ''la Charte du Mandé suite à la bataille de Kirina où Soundjata Keïta était sorti glorieux.'' Conscient de sa victoire, l’épopée du mandingue disait que le ''plus important n’était pas de gagner une guerre, mais de pouvoir reconstruire la paix'', a fait savoir M. Dia.

 

De l'avis de Hamidou Dia, seules les recherches pourraient permettre de valider ou d’invalider des propos. ''Je vais procéder à la correction de la déformation que le monde a faite aux propos de l’écrivain Amadou Hampaté Ba. Notez pour de bon : 'En Afrique, un vieillard initié qui meurt est une bibliothèque qui brûle'. Tous les vieillards ne sont pas initiés.'' Interrogé sur le sens de l’esthétique et le poétique, sous titres de son ouvrage, Samba Diop a répondu que ''c'était lié à la manière dont les griots transmettaient l’histoire, à savoir la beauté des paroles et le tam-tam (musique) qui l’accompagnait''.

 

Mariétou KANE

 

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

 

 

Section: 
RENTRÉE SCOLAIRE 2025/2026 : L’U2PF mise sur l’égalité des chances
LIVRE – DJEMBERÉ, CELLE QUI CHANGE TOUT : Une résiliente face au chaos institutionnel et social
PROLIFÉRATION DES MÉDIAS ÉTRANGERS : Péril sur la souveraineté
ACCES 2025 : Le musique africaine rencontre le monde à Pretoria
TROISIEME EDITION FESTIVAL JOTAAY JI : Dakar a vibré aux voix du féminisme 
BARRIÈRES À L’AUTONOMISATION DES FEMMES : La plaidoirie de l’AJS
SUNU YEUF : Championne de la diffusion des séries sénégalaises
DECES D'ABDOULAYE DIALLO : Ngor perd son Berger
Oscars 2025
EL HADJI CHEIKHOU SALL DE LEBALMA SUR L’ INCUBATION ET LE FINANCEMENT : ‘’La Fintech est une révolution qui redonne le pouvoir aux populations’’
THIÈS – DÉNONCIATION DU RETARD DANS LA MISE EN ŒUVRE DE SON AUTONOMIE : L’ENSA en grève de 72 heures
DÉTACHEMENT DU MINISTÈRE DE LA CULTURE, NOMINATION D’AMADOU BA : Un espoir pour les acteurs
JANT BEATS FESTIVAL : Un nouvel événement audacieux dans le paysage culturel
BRASSAGE RDC-SÉNÉGAL : Cœur de lion et de léopard
CHEIKH NDIGUEL LÔ : ‘’Ma retraite, c'est ma mort’’
CÉLÉBRATION DES 50 ANS DE CARRIÈRE DE CHEIKH NDIGUEL LÔ : Cinq décennies de succès mondial  
6E EDITION DIALAWALY FESTIVAL : Trois jours de rythmes, de couleurs et d’unité à Dagana
ARTS VISUELS : L'identité et la souveraineté en question
FRANÇOIS AKOUABOU ADIANAGA (DG FESPACO) ‘’Il faut travailler sur la distribution du cinéma en Afrique’’
DIFFUSION ET EXPLOITATION DES FILMS AFRICAINS : Mobiciné, un modèle de réussite en Afrique