Publié le 27 Apr 2020 - 23:28
MAURITANIE – FONDS FORCE-COVID -19

Les Sénégalais s’impatientent et déplorent la lenteur des procédures

 

L’Etat sénégalais a octroyé une enveloppe de 12,5 milliards de F CFA à la diaspora, pour faire face à la pandémie de Covid-19. Les Sénégalais de la Mauritanie doivent recevoir 15 millions de F CFA de cette somme. Une plateforme d’inscription est mise en place à cet effet.  Mais les critères d’urgence ne collent pas à la réalité que vivent nos compatriotes de Mauritanie qui commencent à s’impatienter.

 

L’ambassade du Sénégal à Nouakchott ne désemplit pas. Les Sénégalais s’y rendent pour savoir si les fonds alloués pour faire face à la pandémie, comme annoncé par le président Macky Sall, sont disponibles. Des réponses fournies pour les cas d’urgence par l’ambassade ne rencontrent pas l’adhésion des Sénégalais qui considèrent que ces fonds doivent systématiquement leur servir. Eux qui vivent des conditions difficiles à cause de la Covid-19. ‘’Nous sommes là depuis le matin pour déposer nos cartes consulaires et bénéficier de l’aide d’urgence’’, déclare Khady Ndiaye qui salue le geste du chef de l’Etat qui a bien voulu mettre cette aide au profit de la diaspora.

‘’Nous sommes fatigués, personne ne travaille à cause des mesures préventives qui nous privent de nos activités. Même nous qui travaillons dans les familles de ¨Maures, personne n’est acceptée parce qu’ils pensent que nous allons les contaminer’’, regrette-t-elle. Quant à Sophie Sall, elle soutient qu’il y a des lenteurs. ‘’J’ai déposé mon dossier auprès de la fédération des Sénégalais qui fait la collecte, en allant trouver les Sénégalais, parfois chez eux, pour les aider à s’inscrire sur la plateforme. Mais jusqu’ici les choses ne bougent pas et je vis des moments difficiles, surtout avec le ramadan’’.

La Fédération des associations et groupements des Sénégalais de Mauritanie (FAGSEM), qui regroupe plus de 60 structures de Sénégalais, s’est organisée en collaboration avec l’ambassade du Sénégal, pour mettre en place un comité qui se charge de la collecte de dossiers de demandes d’aide et d’inscrire les Sénégalais sur la plateforme. ‘’Nous nous sommes réunis avec l’ambassadeur qui a bien voulu nous expliquer les critères retenus pour l’octroi des aides du Force-Covid-19. Mais vous savez que la plupart des Sénégalais établis en Mauritanie ne peuvent pas accéder ou ne savent pas manipuler l’Internet. C’est pourquoi une fiche a été confectionnée sous les auspices de l’ambassadeur pour collecter les données et faciliter l’inscription de nos compatriotes dans la plateforme’’, indique M. Assane Guèye, Président de la FAGSEM.

‘’Nous ne connaissons pas l’Internet. Nous sommes fatigués. Moi, j’ai laissé ma famille au Fouta et rien ne marche ici’’, se désole M. Ba, un Foutankais.

Tous les jours, l’équipe de la FAGSEM travaille et répond incessamment aux appels des Sénégalais pour la circonstance. Pendant ce temps, les Sénégalais impatients se rendent à l’ambassade. Certains pour déposer les demandes de carte consulaire, d’autres pour demander quand est-ce que les choses vont se décanter afin qu’ils puissent accéder à l’aide.

Pour l’heure, l’ambassade a mis en place le comité de gestion de ce fonds, en attendant de recevoir les demandes à cet effet.

Toutefois, il faut préciser que les Sénégalais de Mauritanie ne sont pas touchés par les cas d’urgence dont les critères établis concernent plutôt les malades de Covid-19, ceux qui sont morts à la suite de cette maladie et les Sénégalais en transit bloqués par la fermeture des frontières. Car, en Mauritanie, pays où 7 cas seulement ont été déclarés positifs dont 1 décès et 6 guéris, la pandémie reste maîtrisée avec zéro cas maintenant.

Le député de la diaspora d’Afrique du Nord apprécie le travail du comité de crise

Le député Mor Kane Ndiaye, Député de la diaspora de l’Afrique du Nord, soutient que le comité de crise travaille en vue de trouver des solutions idoines à la situation des Sénégalais. Parce que, dit-il, ce fonds est mis en place pour ‘’soulager et amoindrir les souffrances des Sénégalais’’ dans leurs pays d’accueil. Son objectif, poursuit-il, n’est pas de ‘’rendre difficile la vie des Sénégalais’’ qui demandent à être assistés en ces moments de précarité.

Il ajoute, concernant le second cas de résilience, que le comité de crise travaille en collaboration avec les comités de gestion locaux des pays d’accueil en vue de faciliter l’accès des Sénégalais à cette aide. ‘’Notre souci, c’est de satisfaire tous les Sénégalais, de quelque bord que ce soit. Et personne n’a le droit de demander de l’argent à un Sénégalais pour le faire inscrire. Parce que j’ai été informé qu’il se passe des choses qui risquent d’entacher le processus d’inscription et d’attribution des aides aux bénéficiaires’’.

Mor Kâne Ndiaye met en garde toute personne qui s’adonnerait à ce genre de pratique, même s’il reconnait que des associations de Sénégalais doivent aider leurs membres à s’inscrire sur la plateforme. ‘’Le moment n’est pas approprié pour faire de la politique, mais à l’union des cœurs et des esprits, pour aider nos compatriotes’’, soutient-il.

Toutefois, il précise que même si les 15 millions déjà reçus sont réservés aux cas d’urgence, il affirme qu’en aucun cas, ces fonds ne seront retournés au Sénégal. Il considère que les Sénégalais d’Afrique du Nord sont dans le besoin, notamment ceux de la Mauritanie qui envoient au quotidien de l’argent pour soutenir leurs familles.

Par rapport à l’inscription des Sénégalais établis dans les autres villes de l’intérieur, il a indiqué que les responsables sont saisis en vue de les orienter vers le consulat de Nouadhibou ou l’ambassade à Nouakchott. Même au niveau de l’Egypte, qui couvre la Jordanie et les deux Soudans, les consulats sont saisis pour la prise en charge des Sénégalais par ces fonds. Les étudiants sénégalais en Tunisie, au Maroc et un peu partout en Afrique du Nord, sont pris en compte dans ces fonds et ‘’nous travaillons à trouver des solutions appropriées, surtout dans certains pays où le problème de langue se pose pour s’inscrire, parce qu’ils sont des arabisants et parfois la connexion fait défaut’’.

Des problèmes pris en compte par le comité de crise pour chercher des solutions intermédiaires. En tout cas, les Sénégalais s’impatientent, mais doivent aussi prendre leur mal en patience.

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie

 

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