Publié le 8 May 2020 - 06:57
PAPE ALIOUNE NDIAYE, DIRECTEUR DE L’ESP

‘’Nous nous sommes mobilisés sur plusieurs fronts‘’

 

L’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (ESP) participe activement à la lutte contre la propagation de la Covid-19 au Sénégal. Le directeur de l’établissement, Pape Alioune Ndiaye, revient sur le rôle de l’école en tant que service public, dans l’éradication de la maladie.

 

Quel rôle joue l’ESP dans la lutte contre la Covid-19 ?

Depuis l’avènement de la pandémie, nous nous sommes mobilisés sur plusieurs fronts. Il y a, d’abord, la production de gel hydro-alcoolique faite par le département Génie chimique et Biologie appliquée. Ce dernier a mobilisé l’ensemble des enseignants, des étudiants et des techniciens pour produire en grande quantité ces gels hydro-alcooliques dans un premier temps, avec l’appui du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Nous avons offert notre première production au ministère de la Santé. Nous avons ensuite fait la même chose pour les populations de Dakar-Plateau. Et cet après-midi, nous allons offrir des gels à la mairie de Guédiawaye et nous allons continuer sur cette même lancée pour fournir le maximum de gels à l’ensemble du pays.

Le deuxième volet sur lequel nous sommes mobilisés, c’est la mise en œuvre d’un distributeur automatique de gel sans contact. Comme vous le savez, le fait de prendre la bouteille et de mettre le gel sur ses mains peut induire à une contamination. Et c’est pour pallier ce risque que nos étudiants ont inventé cette machine pour distribution de gel sans contact. Le troisième point de notre intervention est le robot ‘’Docteur car’’. L’objectif étant de permettre au personnel soignant de distribuer des médicaments, de prendre la température des malades sans pour autant entrer en contact avec ces derniers. Aujourd’hui, nous sommes à un prototype et un deuxième prototype est en cours de préparation.

Quels sont les retours que vous avez eus au niveau des structures que vous avez eu à accompagner ?

Nous avons eu des retours assez positifs.  C’est ce qui justifie d’ailleurs l’appui que nos étudiants ont obtenu du ministère de l’Enseignement supérieur pour fabriquer des composants électroniques. Nous avons également eu des retours assez positifs des entreprises qui ont bénéficié de nos gels, parce qu’ils répondent aux normes édictées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et bien évidemment, nous avons la possibilité de vérifier ici si les gels éliminent les virus et les bactéries.

Quelles sont vos sources de financement ?

Pour la mise en place de tous ces prototypes, nous avons fait recours à des financements internes. Mais si, demain, nous devons passer à une production à l’échelle, nous avons l’appui du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.  Mais je pense que plus tard, ces produits pourront être repris par les entreprises qui le souhaitent pour les développer à grande échelle. Nous, notre rôle, c’est la mise au point de prototypes, c’est-à-dire la faisabilité. Une fois que le prototype est achevé et amélioré, on peut passer à la phase de production qui est destinée à d’autres entreprises.

Votre production est-elle vendue ou c’est juste une contribution par rapport à la lutte contre la pandémie ?

Les gels que nous produisons avec l’appui du ministère de l’Enseignement supérieur, nous les offrons aux communautés de manière gracieuse. C’est un produit de qualité et nous le faisons de manière gratuite. Notre production n’est pas vendue, elle est offerte aux communautés. On a aussi eu des contacts avec des particuliers qui nous ont demandé de leur produire du gel, mais même avec ceux-là, nous ne demandons que le coût de la fabrication et pas plus.  On ne cherche pas à gagner de l’argent là-dessus, parce que nous sommes un établissement public. Et parmi les missions qui nous sont assignées, figure celle du service à la communauté que nous sommes en train de remplir actuellement. C’est dans ce cadre que nous agissons. Nous ne sommes pas une entreprise pour faire des bénéfices.

Quelles sont vos capacités de production ?

Nous avons une capacité de production de 1 000 à 1 500 litres de gel par jour. C’est une mobilisation, mais comme je l’ai dit tantôt, nous ne sommes pas une usine, c’est juste pour faire face à cette pandémie que nous nous sommes mobilisés pour produire du gel.   Mais notre rôle principal reste d’enseigner et de former des étudiants.

Le matériel pour la fabrication de ces produits est-il disponible sur place ?

Pour le moment, on est capable de conditionner au niveau de notre laboratoire de fabrication. Le matériel y est disponible.  On utilise aussi des composants électroniques. Avant, il y avait des stocks qui nous permettaient de produire. Mais par rapport à la commande qu’on a reçue du Centre d’opérations d’urgence sanitaire, on est obligé de faire une commande de composants électroniques en Chine. Malheureusement, la Chine a su concentrer tout ce qui est composant électronique à travers le monde. Tout le monde achète en Chine. C’est pourquoi, aujourd’hui, tout le monde a des problèmes.

A. BA

 

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