Publié le 13 Sep 2020 - 08:07
PAPE DIAGNE, 1er ADJOINT AU MAIRE DE GUINAW RAIL SUD

‘’Il y a une exacerbation du problème des inondations, à cause des travaux du Ter’’

 

Premier adjoint au maire de Guinaw Rail Sud, Pape Diagne, regrette l’inachèvement des travaux du programme Pikine irrégulier sud et charge le Train express régional.

 

Guinaw Rail a payé un lourd tribut dans les inondations de cette année, avec notamment une perte en vie humaine. Quelle a été l’origine de cette situation ?

D’abord, permettez-moi de présenter mes condoléances à la famille et à toute la population. Guinaw Rail a toujours été inondable et inondé, il faut le reconnaitre. Mais avec le Train express régional, il y a une exacerbation du problème des inondations. Car le niveau est surélevé par rapport au niveau des habitations. Là où ils ont mis le tunnel et où le jeune Bassirou Sarr a perdu la vie, les populations se sont battues pour dire non, parce que c’est un point bas.

Nous leur avions demandé de faire un pont rail et d’ériger le tunnel au niveau de Talli bu Khonk. Mais ils ont refusé. Même quand il ne pleut pas, l’eau sort sous le tunnel. Avec la pluie, l’Apix est obligée de positionner sur les lieux deux motopompes électriques de haut débit. Vous pensez que c’est sérieux ? Les canaux sont étroits par rapport au débit, sur ce point bas. De plus, les bassins qui doivent accueillir ces eaux n’ont pas terminé. Il n’y a pas d’exutoire. Les deux bassins de rétention qui devaient accueillir ces eaux ne sont toujours pas livrés. Ce qui fait que les communes traversées par le Ter sont confrontées à beaucoup de problèmes. Et nous avons toutes les peines du monde pour entrer en contact avec le DG. Malgré la mort d’homme sous le tunnel.

Outre ce mort d’homme et les impacts du Ter, pouvez-vous revenir sur l’ampleur des dégâts à Guinaw Rail Sud ?

Présentement, on a des équipes sur le terrain. L’Etat a dégagé des moyens pour soutenir les sinistrés. Il y a aussi des ONG qui nous ont approchés directement dans ce sens. Les dégâts sont importants. Certains ont vu leurs murs s’effondrer, d’autres ont perdu divers matériels et même des vivres. Nous sommes en train de les recenser dans le cadre de cette assistance.

Au niveau de la commune, nous avons déployé le peu de moyens que nous avons : des motopompes, des flexibles, des hydro-cureurs que nous avons loués. C’est pourquoi vous n’avez pas trouvé beaucoup d’eau dans les grandes artères à Guinaw Rail. A chaque fois qu’il pleut, nous nous fixons un délai de 48 heures pour vider toutes les eaux. Néanmoins, il y a toujours quelques poches. L’eau est évacuée, d’une part, vers les canaux de l’autoroute à péage, d’autre part, vers ceux de Mrasi (ancien ministère en charge des inondations).

On a l’impression que les régimes qui se sont succédé ont tous échoué. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour épargner définitivement la commune des inondations ?

De tout temps, les régimes ont fait des efforts. Sous Abdoulaye Wade, des ouvrages ont été érigés. Sous Macky Sall également, des kilomètres de canalisation ont été réalisés grâce au Mrasi. Le pompage n’est qu’une solution transitoire. La solution définitive, c’est la canalisation, la restructuration. Il faut déguerpir des gens, créer des bassins de rétention, paver aussi les rues pour diminuer les risques de voir le sable envahir les canaux. Il faut également accélérer le Programme Pikine irrégulier sud (Pis), qui avait pour vocation de restructurer les quartiers irréguliers, de les assainir et d’aider certaines familles à régulariser leurs terrains. Malheureusement, la phase 1 de ce projet n’est toujours pas achevée. Il s’agit du Pis 1 financé par la Banque mondiale. Tous les financements étaient disponibles, mais l’entreprise Sosetra qui avait gagné le marché n’a pas pu terminer les travaux dans les délais impartis. L’Etat a repris le programme, mais le rythme est lent. Nous espérons que le Pis 2 financé par le même bailleur ne va pas subir le même sort. Mais c’est mal parti. Le rythme des travaux est très lent. Ils n’ont même pas encore creusé les bassins qui doivent être les réceptacles.  

M. AMAR 

 

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