Publié le 26 Nov 2020 - 21:16
PROMOTION CHAINES DE VALEURS AGRICOLES

La formule de la FAO pour satisfaire les besoins des jeunes agri-preneurs 

 

Au-delà de son plaidoyer, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) veut des ‘’actions concrètes’’ d’appui à l’entreprenariat des jeunes, notamment dans les chaines de valeurs agricoles et alimentaires. D’où l’élaboration du Modèle d’appui à l’insertion des jeunes dans l’agriculture (Mija), entre autres initiatives. C’est ce qu’a indiqué hier l’expert en ‘’emploi rural décent’’ de cet organisme onusien, Oumar Syll, lors d’un atelier, à Dakar.

 

La réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique, et notamment l’éradication de la faim et de la pauvreté, nécessite, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), une ‘’augmentation considérable’’ des investissements dans l’agriculture. En même temps, l’institution onusienne considère l’augmentation de la demande de denrées alimentaires sur le continent africain comme ‘’une opportunité importante’’ pour les entreprises.

 Selon un rapport récent de la Banque mondiale, les entreprises et les paysans africains pourraient créer un marché dépassant le milliard de dollars des Etats-Unis d’ici 2030. Afin de mobiliser les investissements agricoles nécessaires et garantir que ceux-ci génèrent un impact bénéfique, la FAO estime qu’il faut tenir compte de certaines réalités et des impératifs. ‘’Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE/PME) jouent un rôle essentiel au Sénégal et ailleurs en Afrique, en termes de génération de richesses (mesurées en pourcentage du PIB) et peuvent être des employeurs importants. Il est donc important de les engager et de les accompagner dans un processus multi-acteurs, pour une meilleure prise de leurs besoins. Il est ainsi nécessaire de disposer d’une stratégie claire pour des solutions inclusives aux besoins identifiés’’, lit-on dans la note d’information transmise hier à la presse, à l’occasion d’un atelier de validation de la stratégie du dialogue multi-acteurs.

Ainsi, l’expert en ‘’emploi rural décent’’ de cet institution, Oumar Syll, a relevé que dans le cadre de leur programme ‘’Approche pays’’, il y a différents volets qui sont couverts. Il y a le volet création d’emplois et d’entreprises, celui dédié à l’appui politique et stratégique, au développement des capacités et appui au dialogue. ‘’Dans le volet ‘Développement des capacités’’, nous sommes en train d’implémenter un modèle d’appui à l’insertion des jeunes dans l’agriculture (Mija). (Celui-ci) traduit la stratégie à l’emploi et à l’employabilité des jeunes dans les chaines de valeurs agro-sylvo-pastorales et halieutiques. Nous avons également pensé, dans ce sens, qu’il est important de lancer également le processus de dialogue permettant à ces jeunes-là, non seulement de s’impliquer, mais de prendre langue avec les parties prenantes dans un cadre structuré, organisé’’, explique M. Syll.

Au-delà du plaidoyer, M. Syll a soutenu que la FAO vise des ‘’actions concrètes’’ d’appui à l’entreprenariat des jeunes. Il reconnait qu’il est ‘’bon’’ d’engager le dialogue, de discuter, d’échanger. ‘’Mais tant qu’on en reste là, il n’y aura pas beaucoup de changement. Il faut donc aller au-delà, qu’à l’issue de ce dialogue, qu’on arrive à mettre en pratique ce dont on a discuté. A travers le Mija, on a créé un cadre opérationnel qui permet de renforcer les capacités, d’identifier les besoins des jeunes agri-preneurs, de les évaluer dans un processus participatif, en les impliquant. Ensuite, on a analysé les potentialités au niveau local et les opportunités qui s’offrent à ces jeunes-là en termes d’emploi, de marché’’, renchérit l’expert de la FAO.

D’après lui, dans la deuxième étape de leur stratégie, ils vont faire ensemble, avec ces jeunes, la cartographie, l’analyse de l’offre de formation et des services offerts au plan national. ‘’On parle beaucoup d’inadéquation formation-emploi, de problème d’employabilité. Cette analyse nous a permis d’appréhender les goulots d’étranglement, les choses à améliorer. Sur cette base, d’un côté, l’analyse de l’offre et, de l’autre, celle de la cartographie de la demande et des besoins qui nous ont permis d’élaborer un paquet de formations et de services labellisés Mija de la FAO. Ce programme constitue une réponse globale à partir de laquelle nous tirons des réponses spécifiques par rapport au contexte, aux demandes spécifiques formulées par les jeunes’’, affirme Oumar Syll.

Pour sa part, le directeur régional Afrique de l’Ouest de l’ONG Rikolto, à qui la FAO a confié la mission de cartographie des réseaux des jeunes agri-preneurs au Sénégal, a fait savoir que ces derniers ont indiqué qu’il était nécessaire d’entreprendre un travail de plaidoyer sur certains points pour leurs besoins. Il s’agit de l’accès au foncier, à l’eau pour produire, aux intrants, aux Tic, les facilités de création d’entreprises, l’accès au financement, la présence des jeunes dans les instances de décision, etc.

‘’Dans une grande mesure, ce sont des facteurs qui bloquent l’initiative entrepreneuriale des jeunes. Parce que si un jeune, qui a besoin d’entreprendre, n’a pas accès à la terre, c’est déjà un facteur limitant. S’il n’a pas accès au financement pour investir dans son entreprise, c’est pareil. Les solutions sont souvent du ressort des plus hautes autorités au niveau national, pour créer les conditions favorables à l’accès au crédit, à la formation, à la terre, etc. Ce qui a été proposé, c’est qu’on initie un comité de dialogue multi-acteurs qui va mettre autour de la même table des jeunes et toutes les parties prenantes pour qu’on se comprenne, afin de trouver des solutions’’, rapporte Hamadou Tapsoba.

Le patron de Rikolto dans la sous-région informe que les 21 réseaux de jeunes qui ont été identifiés sont répartis sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, les acteurs institutionnels ont été interpellés directement, chacun dans son domaine de compétences. Les institutions spécialisées dans la formation ont été conviées par la FAO à se joindre à cette initiative à travers des conventions, des accords-cadres stratégiques. Les institutions publiques qui s’occupent des financements également, de même que celles qui s’occupent de l’accès aux marchés. Il faut noter qu’un agri-preneur est un entrepreneur dans les chaines de valeurs agricoles, depuis la production, la transformation, jusqu’à la commercialisation.

MARIAMA DIEME

 

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