Publié le 26 Jun 2019 - 22:29
RAPPORT ETAT DE LA POPULATION MONDIALE

La santé sexuelle et reproductive fait un bond en avant 

 

Les résultats du rapport ‘’une tâche inachevée’’ sur la population mondiale ont montré des avancées remarquables en matière de santé sexuelle et reproductive. Toutefois, des efforts doivent être faits pour réduire la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile encore élevée.

 

Le Fonds des Nations Unies pour la Population, (Unfpa) a présenté hier le rapport national  sur l’Etat de la Population Mondiale 2019.  Celui-ci souligne les avancées et les défis dans l’acquisition des droits et des choix pour tous en matière de santé sexuelle et reproductive, de l’inégalité entre les sexes comme obstacle à l’accès à tous ces droits, l’accessibilité des services de santé sexuelle et reproductive pour tous et les obstacles persistants.  Selon la représentante Résidente de l’Unfpa/Sénégal, Cécile Compaoré Zoungrana, en 1994, dans les pays les moins avancés, le taux de prévalence contraceptive était de 15%, alors qu’il était de 6% au Sénégal. Le ratio de mortalité maternelle se situait à 832 décès pour 100 000 naissances vivantes dans les pays les moins avancés et 511 pour le Sénégal.

En 2019, dans les pays les moins avancés, dit-elle, le taux de prévalence contraceptive a plus que doublé pour atteindre 37%, alors que le nombre de décès maternels a été réduit de moitié pour se situer à 436 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2015. Au Sénégal, le taux de prévalence contraceptive se situe à 24 % et le nombre de décès maternels à 236 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2019. ‘’L’analyse de la situation montre des avancées dans certains domaines tels que l’accès à la contraception, les soins pré et post natals, les soins obstétricaux et néonataux d’urgence, la prévention ou le traitement des infections sexuellement transmissibles, entre autres. Aujourd’hui, les femmes sont devenues plus aptes à exercer leurs droits en matière de procréation’’, soutient Mm Zoungrana.

Les avancées significatives

Selon Abou Bâ, démographe à la Direction du développement et du capital humain (Ddch), qui présentait le rapport, il y a eu beaucoup de progrès. S’agissant de l’accouchement à moindre risque, même si la cible de 83% n’a pas été atteinte en 2016, le taux d’accouchement assisté par du personnel qualifié, est passé de 50,5% en 2012 à 58,6 % en 2016. La proportion de femmes ayant accouché dans un établissement sanitaire est passée, entre 2012 et 2016, de 71 à 76%. Pour ce qui est des fistules obstétricales, le rapport souligne que le développement des programmes de surveillance des grossesses à haut risque et des campagnes de soins prénatals a une incidence sur les fistules obstétricales.

Toutefois, souligne M. Bâ, en l’absence d’enquête exhaustive, l’estimation du nombre de cas annuels avoisine 400. Le nombre de femmes prises en charge en 2016 est de 145. Pour ce qui est des soins après avortement, le taux d’avortement enregistré au niveau des structures est estimé à 5%, selon DHIS2 de 2015 dont 31% ont été pris en charge par aspiration manuelle intra-utérine (AMIU). Selon le rapport, sur la mortalité maternelle et l’évaluation rapide des Sonu de 2016, les avortements sont responsables de 0,2% des décès maternels et 3,9% des complications. Ainsi, pour améliorer cette situation, les soins après avortement sont décentralisés jusqu’au niveau des postes de santé (Aspiration manuelle intra uterine (Amiu).

De l’avis du démographe Abou Bâ, malgré les progrès notables enregistrés, la situation sanitaire et sociale au Sénégal reste caractérisée par une mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile encore élevée. Le taux de prévalence contraceptive est relativement faible. Des défaillances, relève-t-il, sont constatées dans la prévention et dans la prise en charge de la maladie, ainsi que la persistance de la vulnérabilité. En 2015, note le rapport, le ratio de la mortalité maternelle était estimé à 315 pour 100 000 naissances vivantes par le système des Nations Unies. Entre 2012 et 2016, le taux de mortalité néonatale est passés de 26 pour 1000 à 21 pour 1000 ; celui de mortalité infantile (moins d’un an) de 43 pour 1000 à 36 pour 1000 ; le taux de mortalité infanto-juvénile (moins de 5 ans) de 65 pour 1000 à 51 pour 1000 (Eds). ‘’L’accès universel à la planification familiale est incontestablement une priorité, si l’on veut diminuer le nombre de grossesses non désirées, précoces, les décès évitables et accélérer la transition démographique pour la capture du Dividende’’, précise M. Bâ.

Les différents obstacles

Un avis partagé par la Représentante de l’Unfpa, Cécile Compaoré Zoungrana. ‘’Il reste encore beaucoup à faire. Nous faisons face à une tâche inachevée, comme l’indique le rapport. Les obstacles persistants qui sont aussi bien d’ordre politique, social, économique, juridique, doivent être franchis, afin que toutes les femmes et les filles soient en mesure d’exercer leurs droits et de faire des choix responsables concernant leur santé sexuelle et reproductive. L’accès des adolescents et jeunes aux services de santé de la reproduction adaptés à leurs besoins reste l’un des défis les plus persistants’’, relève Mme Zoungrana.

A en croire la Représentante de l’Unfpa, l’inégalité entre les sexes constitue un obstacle à l’origine de tous les autres. ‘’Aujourd’hui encore, les normes sociales inéquitables entre les hommes et les femmes freinent considérablement la capacité des femmes et des filles à faire librement des choix fondamentaux concernant leur santé et leurs droits en matière de sexualité et de procréation. Elles remettent en question le pouvoir des femmes, des adolescentes et des jeunes, leur capacité à exprimer et défendre leurs besoins et désirs et, par conséquent, la latitude dont elles disposent pour faire des choix. Ces normes sociales inégalitaires servent à justifier la persistance des pratiques néfastes telles que l’excision et le mariage des enfants’’, défend-elle.

En plus de ces contraintes, il y a les lenteurs notées dans l’exécution du programme d’institutionnalisation du Genre dans tous les secteurs et à tous les niveaux, la non-harmonisation de la législation avec les textes ratifiés. Les pesanteurs culturelles non favorables au genre, le faible taux d’allocation des ressources intérieures aux projets et programmes spécifiques aux femmes (moins de 2% de budget national) sont, entre autres, notés.

VIVIANNE DIATTA

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