Publié le 20 Apr 2016 - 15:21
RAPPORT SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE AU SENEGAL

 Les timides progrès du Sénégal

 

Les campagnes pour l’utilisation de la Planification Familiale (PF) commencent à porter des fruits. Selon un rapport d’une étude du Réseau Siggil Jigéén (RSJ) menée dans 6 villes du Sénégal, l’utilisation de la PF est passée de 12% à 20%, en deux ans (entre 2012 et 2014). Soit un bond de 8 points.

 

Diminuer le taux de mortalité de 20-30% (si les naissances sont espacées de 24 mois au moins), sauver la vie des mères et des  enfants, permettre des économies pour la famille, éviter les infanticides et l’abandon d’enfants. Les bienfaits de la Planification Familiale (PF) sont nombreux. En collaboration avec Planned Parenthood Global, le Réseau Siggil Jigéén (RSJ) a  déroulé un projet intitulé : ‘’Projet de Renforcement des Organisations de Femmes pour le Financement Accru de la Planification Familiale’’ dont le rapport a été rendu public. Son objectif était, entre autres, de contribuer au renforcement et à la consolidation de l’engagement des autorités publiques pour un financement accru de cette PF. Car son accélération, selon cette étude, permet entre autres d’économiser 1,44 milliard : 821 millions de F CFA de dépense de fonctionnement  de l’enseignement élémentaire et 623 millions de F CFA de dépense publique de santé. Dans sa première phase, le projet a ciblé 6 villes : Diofior, Foundiougne, Fatick, Saint-Louis, Richard-Toll et Dagana.

5 décès maternels par jour

Selon le rapport parcouru par EnQuête, la PF est considérée comme une priorité nationale. D’autant qu’au Sénégal, selon le RJS, 1825 femmes meurent, chaque année. Soit 5 décès maternels par jour. Toutes les 5 heures, une femme meurt soit à la suite d’une grossesse, soit d’un accouchement ou des suites de couche. Le gouvernement du Sénégal compte sur le soutien des partenaires techniques et financiers pour  relever le taux de prévalence contraceptive. Ainsi, en deux ans, un  bond de 8 points a été fait. Le taux est passé de 12% en 2012 à 20% en 2014. Mais, souligne-t-on, les efforts doivent être maintenus pour pérenniser ces acquis. ‘’A travers le partenariat de Ouagadougou, la société civile s’est engagée en 2015 à soutenir les efforts des états africains afin d’atteindre plus de deux millions de nouvelles utilisatrices de méthodes de planification familiale dans les dix pays concernés, d’ici 2020.

Le Réseau Siggil Jigéén, conscient de cet engagement, a déjà mobilisé vingt-quatre maires des villes de Diofior, Foundiougne, Fatick, Saint-Louis, Dagana et Richard-Toll à travers des sessions de plaidoyer pour le financement de la Planification Familiale’’, lit-on dans le document. Dans ce cadre, un engagement financier de 26 maires des régions de Fatick (6 millions) et Saint-Louis (3 millions) a été obtenu. Dans le futur, il est prévu, selon le rapport, une adhésion et un engagement du maire Aliou Sall et par ailleurs Président de l’Association des maires du Sénégal à financer la PF, la traduction concrète de l’engagement des maires en faveur de la PF, sa pérennisation et le suivi des indicateurs, la traçabilité des fonds alloués à l’achat des produits contraceptifs et l’augmentation du budget en faveur de la PF.

A Diofior, le taux de fécondité est de 5,8%

Selon un rapport de l’Agence national de la statistique et de la démographie (ANDS) publié en 2013 et repris par le RJS, les populations de la ville de Diofior ne semblent pas être des adeptes de la planification familiale. La ville a un taux de fécondité estimé à 5,8%, soit en valeur relative 6 enfants par femme. Dans cette zone de la région de Fatick, 52% des femmes sont en âge de procréer. Pour une population à majorité jeune, avec 66% qui ont moins de 20 ans. Au niveau régional, par contre, l’utilisation de la PF est passée en 2012 de 10,3% à 21% en 2015.

Les raisons de la non-utilisation

Selon le rapport, diverses raisons sont avancées pour expliquer la non-utilisation de la Planification Familiale. Ainsi, 9% des personnes interrogées évoquent l’opposition du mari ; 22% veulent plus d’enfants ; 11% avancent l’interdiction religieuse ; 11% ont peur des effets secondaires ; 6% évoquent des problèmes de santé et 7% d’autres raisons. Le document a aussi fait une comparaison de la pratique de la PF entre le Sénégal et 4 autres pays musulmans. Il s’agit de l’Egypte (avec 60% en 2008), de l’Iran  (avec 77% en 2011), le  Maroc  (avec 67,40% en 2011), en Indonésie (avec 62% en 2012), et le  Sénégal  (avec 20% en 2013).

CHEIKH THIAM

 

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