L’opposition dénonce une stratégie de hold-up électoral

Le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) récuse le principe de confirmation et de radiation automatique prôné par la mouvance présidentielle. Pour une refonte partielle du fichier électoral, face à la presse hier, Mamadou Diop Decroix et ses camarades ont dénoncé beaucoup de manquements.
Après les travaux de revue du code électoral, c’est la cacophonie totale entre la majorité présidentielle et l’opposition. Cette dernière dénonce beaucoup de manquements dans le code électoral au lendemain de la fin de ces travaux. Le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) oppose son véto face à la volonté de la majorité présidentielle de faire une refonte partielle du fichier électoral pour éliminer le stock mort qui s’y trouve. Pour ce faire, le gouvernement a prôné une stratégie de confirmation et de radiation automatique des électeurs qui ne se signaleront pas pendant la durée de la refonte. Mais derrière cette entreprise, l’opposition décèle une tentative de fraude électorale en direction des prochaines échéances.
‘’Nous les soupçonnons clairement de vouloir calibrer le fichier électoral. L’adoption de la loi sur la refonte partielle leur permettra de radier le plus légalement du monde le maximum d’électeurs de l’opposition et leur permettra également d’inscrire frauduleusement toute leur clientèle issue des bourses familiales et de la microfinance’’, a dénoncé Mamadou Diop Decroix. Selon le coordonnateur du FPDR, ‘’avec cette double opération de radiation d’électeurs de l’opposition et d’inscription des bénéficiaires de bourses familiales et des micro-crédits, ils escomptent gagner administrativement le scrutin en lieu et place de le gagner politiquement’’. Ainsi, ‘’les 200 000 cartes d’identité établies et délivrées secrètement à partir d’officines de l’APR, infraction reconnue et dénoncée par la CENA l’année dernière, montrent clairement que l’opposition serait bien imprudente de se lancer dans une opération que rien ne justifie’’. ‘’Nous récusons totalement ce principe de confirmation et de radiation automatique prévu par leur projet de loi’’, a fulminé le leader de And Jëf.
Aussi pour Mamadou Diop Decroix, l’administration parle de ‘’stock mort’’ dans le fichier électoral alors que celui-ci n’est même pas encore audité. ‘’D’ailleurs, il ne l’a pas été depuis 2012, date de l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Nous signalons que depuis cette année, le fichier électoral n’est plus en ligne pour pouvoir être consulté par les électeurs qui le désirent’’, a-t-il souligné. D’accord sur le principe de la refonte du fichier électoral, le coordonnateur du Fpdr et ses camarades pensent tout de même qu’‘’il incombe à l’administration de le mettre à jour à partir des registres de décès des collectivités locales, des hôpitaux et autres structures habilitées’’.
Autre point qui n’agrée pas l’opposition dans la révision du code électoral, c’est l’augmentation du nombre de députés dédiés à la diaspora. A ce propos, l’Etat propose l’élargissement de 10 sièges de députés qui seront répartis dans 4 nouveaux départements de la diaspora à savoir Afrique, Europe, Asie et Moyen Orient, Amériques et Océanie. Ce qui porterait désormais le nombre de députés de 150 à 160. Contre toute idée d’inflation du nombre des parlementaires, l’opposition pense que la situation économique assez difficile du pays ne le permet pas surtout avec un Parlement qui peine à faire ses preuves.
‘’ADD ne peut pas bénéficier de notre confiance…’’
La question de la carte électorale a également été agitée par les membres du Front. A ce propos, Diop Decroix pense qu’elle doit être élaborée avec l’implication des acteurs de l’opposition pour plus de transparence et de sincérité.
Par ailleurs, le Front patriotique a mis sur la table un certain nombre de propositions qui n’ont pas encore fait l’objet de concertation avec le pouvoir. Les membres du FPDR ont entre autres demandé l’accès aux médias du service public. Ils invitent également le pouvoir à confier la gestion des élections à une personne consensuelle. Selon Diop Decroix, l’organisation du dernier référendum a montré que ‘’Abdoulaye Daouda Diallo ne peut pas bénéficier de notre confiance pour organiser les prochaines consultations. Nous le disons et le répétons depuis bientôt deux ans et le président de la République persiste dans son entêtement à rester sourd à notre appel’’.
HABIBATOU TRAORE