Publié le 27 Apr 2024 - 13:35
SAINT-LOUIS:  FAIBLE PRÉVALENCE DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

La longue lutte pour lever les barrières

 

Un panel sur la planification familiale a réuni hier dans la capitale du Nord une délégation du ministère de la Santé et de l'action sociale, des religieux, des techniciens de la santé, des acteurs communautaires et des partenaires dont 3Capsanté et Ademas. Une occasion que la directrice régionale de santé, Dr Seynabou Ndiaye Gaye a saisi pour rappeler que la région est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 46% en 2027.

 

Malgré les performances réalisées par les services sanitaires pour rehausser la prévalence contraceptive dans la région Nord, Saint-Louis n'a pas encore atteint le taux national à cause de multiples obstacles.  Des barrières qu’il faut surmonter pour placer la région dans le peloton de tête au niveau national dans la planification familiale (PF). Pour la Directrice régionale de la santé de Saint-Louis, Dr Seynabou Ndiaye Gaye, c’est un véritable plaidoyer qui a été mené avec le secteur privé, vu son rôle primordial dans l’atteinte des indicateurs, notamment le taux de prévalence contraceptive et le relèvement du taux de recrutement des femmes au niveau de cette stratégie de planification.   

‘’Le plaidoyer portait essentiellement sur les barrières liées à l’utilisation du contraceptif.  Nous avons eu à mener ce plaidoyer avec nos partenaires dont Ademas, 3capsanté, la direction de la santé de la mère et de l’enfant et les acteurs communautaires. Au cours des échanges, nous avons noté que les effets secondaires ressentis par les clientes par rapport à l’utilisation des produits contraceptifs constituaient l’un des éléments déterminants et importants qui nous empêchent d’atteindre les objectifs de planification familiale.  On parlait des effets secondaires comme barrière mais aussi on a discuté de cette cible primaire qui sont les hommes, qui souvent ont une décision importante à prendre pour permettre à la femme de pouvoir utiliser cette stratégie. Il y a aussi l’importance de la communication que nous devons avoir pour pouvoir atteindre cette cible afin que l’environnement familial et social de la femme soit pris en compte. Ainsi, la communication pourra permettre d’utiliser à bon escient cette stratégie de planification familiale “, a expliqué Dr Seynabou Ndiaye Gaye.

Le taux de prévalence régional de la PF estimé à 32%

Un autre facteur bloquant a aussi été soulevé entre panélistes et participants.  Il s'agit de la capitalisation des données qui fait partie des barrières qu’il faut lever pour capitaliser   les chiffres qui viennent du privé. “Lorsque nous avons fait l’analyse, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de femmes fréquentent le secteur privé. Dans le cadre de l’offre et de service, il est important que toutes ces femmes qui viennent au niveau du secteur privé puissent être prises en compte dans le calcul des indicateurs. Nous avons fait un plaidoyer pour sensibiliser ces prestataires pour pouvoir transmettre les données pour que nous puissions avoir la réalité de ces indicateurs au niveau de la région de Saint-Louis”, a-t-elle plaidé.

La rencontre a également permis aux participants et aux partenaires de faire le diagnostic des politiques et des stratégies au niveau national et régional. Une tribune que la directrice régionale de la santé a mise à profit pour soutenir l’importance d’utiliser cette stratégie pour lutter contre la mortalité maternelle et saluer les pas de géant de la région dans la PF. “ Selon l’enquête de 2023, la région de Saint-Louis a un taux de prévalence de 32% et l’objectif national étant de 46% d’ici 2027. Donc, nous sommes sur la bonne voie et le fait de faire un plaidoyer pour lever les barrières va nous permettre d’aller plus vite à la contribution de cet objectif national. Il faut signaler que la région de Saint-Louis a un taux de recrutement de 7% au niveau des femmes en âge de reproduction”, a soutenu Dr Fall.

Une faible prévalence contraceptive qu’il faut booster pour mieux lutter contre la mortalité maternelle. Pour la panéliste, Dr Ndèye Madjiguène Ba gynécologue obstétricienne, praticienne hospitalière au centre hospitalier régional de Saint-Louis, une enquête démographique de santé de 2017 a noté 236 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes. “ On note qu’il y a une très faible prévalence contraceptive dans nos régions. Ce qui aurait pu éviter ce taux aussi élevé de décès maternels. C'est une des raisons de cette rencontre afin d’essayer de trouver les moyens et méthodes d’arriver à avoir un taux de prévalence contraceptive qui est beaucoup plus élevé. Ce qui peut réduire ce taux important de décès maternels et parmi ces moyens il y a la planification familiale qui aiderait à baisser considérablement ce taux de mortalité maternelle”, a déclaré Dr Ndèye Madjiguène Ba.

Les fausses croyances et les barrières socioculturelles, véritable blocage

Avant de dégager quelques pistes en insistant sur la qualification du personnel. “Il faudra essentiellement former le personnel de santé afin d'entraîner les femmes à adhérer beaucoup plus aux méthodes de contraception parce que dans nos régions il y a énormément de barrières socioculturelles. Il y a énormément de fausses croyances qui entraînent beaucoup d’obstacles quant à l’utilisation des méthodes de planification familiale. Malgré tout, on sent un engagement net des prestataires et nous exhortons les autorités à relever le plateau technique afin de faciliter l’atteinte de ces objectifs”, a listé la praticienne hospitalière au centre hospitalier régional de Saint-Louis.

Pour aider à lever les barrières liées à la planification familiale, les organisateurs du panel se sont également tournés vers l'argumentaire religieux. Imam Mamadou Sakho, un des panélistes a donné la vision de l'Islam par rapport à la planification familiale.  Pour lui, le Coran et le Prophète Mohamed (PSL) soutiennent l’organisation de la famille qui n'est rien d'autre que l'espacement des naissances. “Dans le saint Coran, il est clairement dit que la femme doit allaiter deux ans fermes son enfant.  C’est une façon d'inviter les musulmans à espacer la naissance de leurs enfants pour la santé de la mère et de l'enfant”, a argumenté Imam Sakho.  

Des arguments religieux qui pourront beaucoup aider les prestataires pour mieux convaincre les femmes à l'âge de reproduction à adhérer à la PF. “ Ce que nous avons appris de ce panel concernant l’aspect religieux va nous aider dans nos consultations avec les patientes pour leur apporter quelques éléments de réponse. Dans notre contexte, cet aspect constitue la barrière majeure et pour atteindre les objectifs du taux de prévalence contraceptive”, a reconnu le Dr Ndèye Madjiguène Ba.

IBRAHIMA BOCAR SENE

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