Publié le 20 Mar 2014 - 13:37
MENDICITÉ FORCÉE DES ENFANTS AU SÉNÉGAL

 Les promesses non tenues du gouvernement

 

Human Rights Watch a publié hier un rapport réalisé entre octobre 2013 et janvier 2014 qui fait l'état des lieux de la lutte contre la mendicité forcée des enfants.

 

''Des enfants continuent à mendier et cette image est violente, au moment où d'autres sont dans les écoles en train d'apprendre. J'invite les autorités d'appliquer les lois de la république. Elles garantissent à chaque enfant le droit à une éducation, à une protection sociale,  à un filet de protection sociale qui lui permet de ne pas vivre dans des mouroirs''. Ce plaidoyer de Mamadou Wane, coordonnateur de la plate-forme pour la protection des droits de l’enfant,  montre le chemin qu'il reste à faire pour débarrasser les rues des enfants talibés.

Déjà au lendemain de l'incendie de la Médina qui a emporté, en mars 2013, 8 enfants mendiants, le président de la République Macky Sall avait promis des mesures fortes pour mettre un terme à l'exploitation des enfants talibés.

Un an plus tard, bien que des progrès aient été accomplis, ''la promesse du président Sall n'a en grande partie pas été tenue'', indique un rapport de Human Rights Watch publié hier. Intitulé : ''Exploitation sous prétexte d’éducation: progrès mitigés dans la lutte contre la mendicité forcée des enfants au Sénégal'', ce  deuxième rapport de Human Rights Watch examine le bilan nuancé du Sénégal dans ses efforts pour résoudre ce problème.

Il a été présenté par Matt Wells, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest. ''Après l'incendie de la Médina, a-t-il déclaré, les autorités ne sont intervenues qu'une seule fois pour fermer une école où la sécurité des enfants était menacée, bien que des militants sénégalais des droits humains affirment que des centaines existent et sont facilement identifiables''.

Le document décrie aussi l'insalubrité dans laquelle beaucoup de ses enfants vivent. À Saint-Louis, deux écoles coraniques où vivent des garçons dont certains sont à peine âgés de 7 ans sont situées à une dizaine de mètres d'une décharge publique jonchée de carcasses d'animaux, de pièces d'automobiles usagées et d'ordures calcinées. Le texte cite également Guédiawaye.

Lobbys pro-mendicité

Et pourtant, depuis 2005, ''le Sénégal a adopté une loi qui criminalise la traite de personnes et l'acte d'organiser la mendicité d'autrui afin d'en tirer un profit''. ''Mais cette loi, dénonce le présentateur, a rarement été appliquée. Pendant les 12 mois écoulés, depuis l’incendie, il n'y a eu qu'un seul cas de poursuites judiciaires, malgré la présence visible de milliers de garçons mendiants, chaque jour dans la rue, souvent à proximité d'agents de police''.  Matt Wells considère que le Sénégal doit avoir le courage d'appliquer la loi de 2005.

En réponse, Niokhobaye Diouf, directeur de la protection des droits de l’enfant et des groupes vulnérables, soutient que les lenteurs dans l'applicabilité des mesures prises s'expliquent par la complexité du phénomène qui est lié à une dimension religieuse, culturelle et traditionnelle. ''Nous avons parlé de mesures sociales, de normes à mettre en convergence avec la loi y compris les mesures d'accompagnement.

Tout cela amène le gouvernement à agir dans la patience, mais également dans la sérénité pour apporter des solutions idoines. Vous avez constaté qu'il y a des lobbys aujourd'hui qui contraignent l’État à ralentir l'application de cette loi'', a-t-il soutenu.

Viviane DIATTA

 
 
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