Dans son rapport d’observation de la mise en œuvre de la couverture maladie universelle, l’Institut panafricain pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (Cicodev)   a noté beaucoup d’insuffisances dans toutes les neuf localités où il a mené son enquête.

Déficit en poste de santé, en ressources humaines, les femmes pas correctement prises en charge. C’est du moins ce qui ressort du rapport de l’Institut panafricain pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (Cicodev Afrique), intitulé ‘’Cartographie des structures sanitaires et place de la femme dans la mise en œuvre de la CMU’’ publié hier.

Ce rapport de mars 2014 met en évidence la nécessité urgente de réactualiser la carte sanitaire 2009-2013 pour les cinq prochaines années à venir. Car dans les neuf localités (Dakar, Fatick, communauté rurale de Diokoul, Kébémer, Kolda, Tambacounda, Saint-Louis et Ziguinchor) ciblées par le rapport, il y a un gros déficit en poste de santé.

Mis à part Ziguinchor où les besoins en postes de santé ont été couverts et même dépassés de plus de 4 unités, aucune des localités d’observation n’a encore satisfait aux besoins établis par le décret de 2009. Et les gaps sont larges. ‘’Les taux de réalisation des postes de santé dans 4 autres localités sont en deçà de 50% et sont même très faibles avec seulement 10, 7% à Fatick, 16,6% à Tamba, 24,3% à Saint-Louis et 43,3% dans le district de Mbao. Il n’y a qu’à Kébémer où le taux de 50% est dépassé avec 75% de réalisation’’, a révélé Amadou Kanouté directeur exécutif de Cicodev Afrique.

Concernant les ressources humaines, ‘’les besoins identifiés par le Programme National de Développement Sanitaire (PNDS) 2009-2018 et la mise en place des effectifs sont loin d’être comblés à mi-parcours du plan’’. Dans les zones d’observation, les écarts y sont fort significatifs pour les catégories de personnel. Seulement 16 et 17,5% de couverture des besoins en médecin généralistes à Fatick et Kébémer. ’’Le premier nommé  devrait compter 31 médecins généralistes mais il n’en compte que 5 et le deuxième en a 3 sur les 17 qu’il devrait avoir’’, a souligné M. Kanouté.

Mauvaise distribution des ressources

S’agissant des infirmiers, le PNDS fixe la norme à 1 infirmier pour 5 000 habitants. ‘’Diokoul a un  besoin de 3 infirmiers au lieu d’un seul qui y officie. Soit un gap de 70% à combler. De même, on note le besoin à Tamba de 19 infirmiers mais seulement 12 y sont disponibles. Pendant ce temps, des surplus d’effectifs sont constatés dans certaines localités, traduisant une mauvaise distribution des ressources’’, a  exposé M. Kanouté. C’est le cas à Kébémer qui n’aurait besoin que de 3 infirmiers mais qui en compte 24. De même que Ziguinchor qui a un besoin de 13 infirmiers selon sa population mais en  dispose 18. Il est constaté aussi dans le rapport qu’une sage-femme officie pour 2426 femmes en âge de reproduction.

Pour la prise en charge des femmes, des insuffisances sont aussi notées. Dans toutes les localités observées, il a été constaté que 80% des accompagnants des malades et surtout des enfants sont des femmes. Cette couche n’est pas bien prise en charge. Sur ce, Cicodev demande  l’affectation d’une partie substantielle des ressources de la CMU aux maladies féminines.

Mais aussi la réactualisation de la carte sanitaire car, celle qui leur a servi de base couvre la période 2009-2014 et  a été élaboré avant l’adoption de la CMU et la loi sur l’acte III de la décentralisation.

Viviane Diatta