Publié le 10 Aug 2017 - 13:53
TRIBUNAL REGIONAL DE DAKAR

Des coups de pilon au menu

 

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a été, avant-hier, le théâtre d’un procès rocambolesque. Malick Sène a été jugé pour coups et blessures volontaires au préjudice de N. M. Tine. Il a écopé de quatre mois de prison ferme.

 

Leur projet de mariage a fondu comme neige sous le soleil, laissant ainsi place à la haine. L’affaire est inédite. Une histoire d’amour qui a mal fini. N. M. Tine et Malick Sène, ce couple qui, jadis, ambitionnait de sceller son union incessamment, sont aujourd’hui plus que jamais séparés. M. Sène, la quarantaine, sort du box des accusés. La mine aigrie. Le regard perdu. Ce commerçant a connu N. M. Tine depuis un peu plus de trois mois. ‘‘Je voulais l’épouser et j’en avais même manifesté la volonté à ma famille’’, confie-t-il devant la barre. Mais c’était sans compter avec la fête de Korité qui a tout fait capoter. Les deux avaient programmé de se voir la nuit de ladite fête et de faire une virée. Les choses se sont gâtées, quand la dame lui pose un lapin. N. M. Tine n’a pas fait signe de vie, malgré l’argent que lui a remis M. Sène pour son habillement et sa coiffure. Ce qui n’a pas plu à ce dernier qui ne pouvait pas avaler la pilule de la dure réalité.

Le lendemain de la Korité, ce qui devait arriver arriva. M. Sène invite N. M. Tine à un dîner chez lui. Quelques minutes après l’arrivée de son hôte, il expose son mécontentement, demandant à sa dulcinée pourquoi elle n’est pas venue la veille comme convenu. ‘’J’avais un empêchement’’, a-t-elle rétorqué. Une réponse un peu trop légère au goût de Malick qui a rejeté l’alibi. Dire qu’il s’en est suivie une vive dispute est un euphémisme, en voyant arriver N. M. Tine, lorsqu’elle a été appelée à comparaitre pour donner sa version des faits.

Le public de la salle 1 a retenu son souffle, choqué par ce qu’il voyait sous les yeux. Visage tuméfié, elle marchait difficilement à l’aide de ses deux béquilles. Dans son témoignage, N. M. Tine soutient qu’il ‘’y a eu une altercation entre elle et son ex-petit ami et que ce dernier était prêt à la tuer, si elle ne s’était pas défendue’’. Selon ses dires, il l’a d’abord agressée avec un verre, ce qui lui a occasionné des égratignures et des enflures sur la joue gauche. ‘‘Il est par la suite allé dans la cuisine et y a sorti un pilon avec lequel il m’a rouée de coups’’.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile, Me Sylva, a qualifié les faits de ‘’lâches’’ et de ‘’barbares’’, demandant ainsi aux juges l’emprisonnement à 3 ans ferme pour M. Sène et réclamé 6 millions de francs Cfa de dommages et intérêts pour sa cliente. ‘’C’est une honte que de mettre une femme dans un état pareil, juste parce qu’elle n’a pas répondu à une invitation’’, a-t-il fulminé. Et l’avocat de poursuivre : ‘’Par peur de représailles, ma cliente a été obligée de sauter du 2e étage, car M. Sène la poursuivait. Il voulait en finir avec elle.’’ Après cet incident, la victime s’est fracturée la jambe droite et un certificat médical lui est délivré avec une Itt de 60 jours.

 Le prévenu a, quant à lui, nié tous les faits qu’on lui reproche. ‘’Aucune dispute ou bagarre n’a eu lieu entre N. M. Tine et moi. Je plaide non coupable’’, s’est-il défendu, la voix enrouée. Son avocat, Me Diop, a balayé d’un revers de la main toutes les charges qui pèsent sur son client. Selon lui, il y a simplement eu échange de propos et M. Sène n’avait aucunement la volonté de lui faire du mal. Il affirme que son client a refusé de signer le procès-verbal, en ce sens qu’‘‘il ne reconnait pas ce dont on l’accuse’’. Pour Me Diop, la seule blessure visible, c’est celle constatée au niveau de la jambe droite et ‘‘nous savons pourquoi’’. Il a ainsi demandé aux juges ‘’la relaxe pure et simple de son client’’.

La procureure de la République, Rokhaya Dione, a, dans son réquisitoire, trouvé M. Sène ‘’coupable des faits qui lui sont reproché’’, car, même si N. M. Tine était tombée seule (chose qu’elle rejette) du 2e étage, c’est parce qu’elle était sous la menace et était poursuivie par le mis en cause. En conséquence, elle exige une peine d’emprisonnement de 3 ans ferme et une amende.

Après délibéré du tribunal, le juge Kor Sène a condamné le prévenu à 4 mois d’emprisonnement ferme pour ‘’coups et blessures volontaires sur une personne de sexe féminin’’. Le coupable doit également verser une amende de 300 500 F Cfa pour dommages et intérêts à la victime. 

Lamine DIAGNE (Stagiaire)

 

Section: 
LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT : Examen des activités du Giaba à Dakar
TRIBUNAL DES FLAGRANTS DÉLITS DE DAKAR : Azoura Fall obtient une liberté provisoire, Kaïré reste en prison
BÂTIMENTS EN RUINES : Les instructions du président 
IMPACT DE LA SURPÊCHE ET DE LA PÊCHE INN : EJF fait le lien avec la migration irrégulière
KOLDA - LUTTE CONTRE LES VIOLENCES ET LE HARCÈLEMENT EN MILIEU DE TRAVAIL : L’Unsas plaide pour la ratification de la Convention 190 de l’OIT
CHANGEMENT CLIMATIQUE : Les raisons des ravages de plus en plus violents dans les pays africains
BLESSURES INVOLONTAIRES : Un chauffeur  écope de six mois avec sursis
SAINT-LOUIS : CONSERVATION DU PHRAGMITE AQUATIQUE EN MIGRATION : Les communautés riveraines du parc de Djoudj s’engagent
VÉLINGARA - CONDAMNÉ POUR DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES : Le chargé de communication de Pastef dispensé de peines
ATTAQUE DE L'HÔTEL PÉLICAN À NDANGANE La gendarmerie interpelle deux suspects
Retrouvailles à L’APS
Gamou Ndieguene
PRODUCTION INDUSTRIELLE EN MARS 2025 : Elle a augmenté de 19,7 %, selon l’ANSD
TARIQ RAMADAN AU SENEGAL : Présence remarquée, réactions contrastées
CARTOGRAPHIE DU SECTEUR PRIVÉ ET DES CHAÎNES DE VALEUR : Le pôle Nord ouvre  le bal et donne le tempo  
JOURNÉE DU MINISTÈRE DES PÊCHES À LA FIARA 2025 : Dr Fatou Diouf “pêche” pour sa chapelle
AFFAIRES POLITICO-JUDICIAIRES : Une justice qui résiste 
AFFAIRE ÉLEVÉE ÉCOLE ANTOINE DE PADOUE : La réaction de l'IA de Ziguinchor
BLANCHIMENT DE CAPITAUX et FINANCEMENT DU TERRORISME LIÉS À LA CYBERCRIMINALITÉ EN AFRIQUE DE L’OUEST : Le rapport alarmant du Giaba
Chanvre indien