Alioune Ndiaye signe son 100e livre

C’est samedi dernier que la cérémonie de dédicace du centième ouvrage d’Alioune Ndiaye, figure majeure de la pensée économique contemporaine, s’est tenue à Rufisque. Intitulé ¨Réinventer l’économie : Solutions de l’ESS face aux défis contemporains¨, ce livre marque un tournant décisif dans l’actualité. En effet, l’œuvre interroge le rôle central de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans la transformation de nos sociétés.
Expert en développement international et écrivain engagé, Alioune Ndiaye célèbre la parution de son centième ouvrage. Mais loin d’un simple jalon symbolique dans la carrière d’un auteur prolifique, ce nouveau livre se présente comme un véritable manifeste. Intitulé "Réinventer l'économie : solutions de l'économie sociale et solidaire face aux défis contemporains", il nous invite à repenser en profondeur les fondements mêmes de nos modèles économiques.
En effet, à l’heure où les crises s’enchaînent, qu’elles soient écologiques, sociales ou politiques, la plume de M. Ndiaye propose des alternatives concrètes, inspirées des principes de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Il plaide pour une économie plus humaine, plus résiliente et résolument équitable, qui place l’humain et la planète au centre des priorités. Contacté par ‘’EnQuête’’, l’auteur revient sur les motivations qui ont nourri cette œuvre de maturité. ¨Il y a deux raisons fondamentales qui m'ont poussé à écrire ce livre¨, confie-t-il avec émotion.
La première, dit-il, est un hommage sincère au ministre docteur Alain John, préfacier de l’ouvrage et écrivain lui aussi. C'est pour magnifier effectivement le travail exemplaire qu’il a fait pour réfléchir effectivement sur cette question qui est essentielle, qui est mobilisatrice parce que c'est une aubaine pour mettre sur orbite le processus de développement de notre cher Sénégal.
Quant à la seconde raison fondamentale, c'est que l'économie sociale et solidaire est devenue une aubaine. ¨C'est devenu effectivement la voie royale pour inscrire nos pays sur le développement intégral. Et le développement intégral est la composante des trois dimensions, celles sociale, économique et celle environnementale. Voilà, ce sont deux raisons qui ont expliqué le choix porté sur le titre du livre¨.
En outre, pour lui, le livre naît d’un constat : ¨Les modèles traditionnels atteignent leurs limites. Il est temps de donner la parole aux solutions venues du terrain, là où l’économie rencontre la solidarité." Ce n’est pas qu’un centième livre, mais c’est une œuvre de maturité. ¨Dans ce livre, je propose une lecture engagée, mais rigoureuse, des réponses que l’ESS peut apporter aux défis contemporains : chômage des jeunes, inégalités croissantes, exclusion, destruction des écosystèmes, perte de sens dans le travail… Des défis qui appellent des solutions collectives, durables, humaines¨, peut-on lire dans son discours du 12 avril dernier.
Un livre qui rend hommage aux femmes
Dans son ouvrage, Alioune Ndiaye ne fait pas que parler d’économie ; il jette aussi un pont pour encourager et rendre hommage à toutes les femmes. Celles qui sont engagées, courageuses, souvent invisibles, mais toujours essentielles, d’après lui. ¨Je rends hommage ici à toutes ces femmes et ces hommes, souvent invisibles, qui animent au quotidien des coopératives, des mutuelles, des associations, des entreprises sociales. Ils ne cherchent pas à maximiser les profits, mais à maximiser l’impact positif pour leurs communautés. Ils sont les véritables héros silencieux de la transition que j’appelle de mes vœux¨, toujours extraits du discours. Il nous confie que ce centième livre est aussi un acte de foi. ¨Foi dans le pouvoir de la plume pour éveiller les consciences. Foi dans la jeunesse africaine qui cherche des modèles économiques porteurs d’avenir. Foi dans notre capacité collectivement à transformer nos systèmes par le savoir, l’action et la coopération‘’.
Autrement dit, pour lui, les femmes sont les architectes discrètes de la transition, les bâtisseurs d’un monde plus juste, plus humain et leur force réside dans l’action, leur foi dans le collectif, et leur lumière dans l’impact qu’elles laissent derrière elles. Il souligne qu’il n’aurait pas pu accomplir ce parcours sans le soutien de sa famille et de ses lecteurs fidèles. Justement, en parlant de lecteurs fidèles, voilà ses mots pour eux : "J’invite les lecteurs à s’approprier des recommandations formulées dans le livre. On encourage également l’État à en faire de même afin d’en tirer parti pour développer une économie sociale et solidaire plus dynamique et prometteuse."
Ainsi, pour Alioune Ndiaye, ce centième livre est la célébration d’une idée : celle d’une économie humaine, inclusive, enracinée dans nos valeurs africaines et universelles. Une économie de la vie, de la résilience, de la dignité. Dans ce sens, il nous invite à lire, à débattre, à critiquer, à diffuser, mais surtout à agir. ¨Car écrire, ce n’est pas fuir le réel. Écrire, c’est résister, reconstruire, transmettre¨, lance-t-il.
Toutefois, il indique que l’aventure ne fait que commencer. Pour lui, écrire est un appel à la plume comme levier de changement. ¨Écrire, ce n’est pas un simple exercice de style ou un acte solitaire. Écrire, c’est résister : résister à l’oubli, à l’indifférence, aux récits dominants qui enferment les possibles. C’est dire non à la résignation, à la fatalité, à l’injustice. Par la plume, je me dresse face à l’ignorance, face aux systèmes qui excluent, face aux modèles qui détruisent. Il va un peu plus loin et souligne également : écrire, c’est construire : c’est bâtir des ponts entre les idées, entre les générations, entre les peuples. C’est tracer les contours d’un monde nouveau où l’intelligence collective, la solidarité et la créativité deviennent les fondations d’une société plus juste. L’écrivain est un maçon de sens, un architecte de conscience. Il parle également de transmission, transmettre un héritage, des valeurs, une mémoire, des outils pour penser, pour agir. C’est semer des graines dans les esprits, en espérant qu’un jour elles germeront dans les actes. C’est parler à ceux qui viendront, aux enfants de demain, à la jeunesse qui cherche sa voie¨.
En conclusion, dit-il : ‘’Écrire, c’est transformer : transformer le regard que nous portons sur le monde, sur nous-mêmes, sur notre potentiel collectif. La parole écrite à ce pouvoir unique d’ouvrir les cœurs, d’éveiller les consciences, de déclencher des mouvements, d’initier des révolutions silencieuses, mais durables.¨
C’est à cela qu’il dit consacrer sa vie. Il écrit pour changer le monde, pas à coups de slogans, mais à la lumière de la pensée, du dialogue, de l’engagement. Et pour lui, tant qu’il y aura une idée à défendre, une voix à faire entendre, un espoir à raviver… il continuera d’écrire.
Thécia P. NYOMBA EKOMIE