Publié le 25 Jun 2019 - 21:37
ACCULÉ ET POUSSE A LA DEMISSION DE LA CDC

Aliou Sall se met en ordre de bataille

 

Aliou Sall a finalement rendu le tablier, hier, dans la journée, plusieurs jours après les révélations de la BBC. L’annonce a été faite, à travers une note, dans laquelle, le désormais ex-Dg de la Caisse de dépôts et consignations dénonce une ‘’entreprise de déstabilisation savamment construite’’ qui demande des réponses par la prise de parole publique et des actes.

 

Aliou Sall n’est plus à tête de la caisse des dépôts et consignation (CDC). ‘’Permettez-moi ici de lui (Président Macky Sall) renouveler mes remerciements les plus sincères. Pour dire enfin, que, fort de la conviction profonde que demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse de Dépôts et de Consignations (CDC) à compter de ce jour’’. Cette déclaration a été faite, hier, par le maire de Guédiawaye, à travers sa page Facebook, puisque ses partisans l’ont empêché, un peu plus tôt, d’accéder à la salle où il devait faire cette annonce (voir ailleurs). Ils ne voulaient pas qu’il démissionne.

Ainsi, Aliou Sall dit prendre date pour l’avenir, parce qu’il reste persuadé que cette épreuve rendra beaucoup de service au peuple dans le futur. Elle aura, selon lui, le mérite de montrer à la face du monde les vrais visages de ceux qui salissent la noblesse de la politique sous des dehors de serviteurs du peuple. Le maire de Guédiawaye de remercier le Président de la République qui, dit-il, ‘’au-delà du même sang qu’ils partagent, saura, mieux que quiconque, dans quel moule de vertu, de sagesse et d’humilité ils ont été éduqués ensemble et qui lui a témoigné sa confiance pour assumer une charge publique, comprend les actes qu’il a posé en ce moment précis’’.

 ‘’Il est de mon devoir de laver mon honneur Sali’’

Toutefois, même s’il a présenté sa démission, Aliou Sall ne compte pas se présenter en victime expiatoire. ‘’Je tiens donc à répondre cette fois-ci par les actes, parce qu’il est aussi de mon devoir, pour le présent comme pour l’avenir, pour ne pas dire pour l’histoire tout court, il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité’’, prévient-il. D’autant que, dit-il : ‘’cette campagne présente l’autre (moi en l’occurrence), comme l’ennemi public numéro un, et elle se donne les moyens de faire mouche, parce qu’elle finit de prendre le visage de la vérité à force de travestir les faits les uns après les autres. Elle joue également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre voire pour survivre ; et à ces populations, elle s’emploie à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux’’.

‘’En somme, poursuit-il, c’est une campagne visant à me ‘’déshumaniser’’ (le mot n’est pas trop fort), parce que, c’est de cela qu’il s’agit, une campagne qui présente l’autre (toujours moi) comme le méchant, face aux bons, celui qui s’abreuve du sang et de la sueur du peuple sénégalais, le personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue’’.

Aux yeux du maire de Guédiawaye, cette affaire autour du pétrole, avant de prendre les contours d’un enjeu national voire international, constitue aussi et d’abord un enjeu personnel pour lui. ‘’Une véritable tragédie, écrit-il, qui touche un être en chair et en os, un homme qui éprouve des sentiments, qui a été élevé dans certaines valeurs cardinales, qui vit en société, entouré de sa famille, de ses amis et de ses sympathisants’’.

Ainsi, donc Aliou Sall se dit touché dans sa chair et crie à l’acharnement. ‘’Qui ne serait pas indigné, choqué, offensé au plus haut point par une telle tyrannie langagière, un tel déferlement de bavures au propre comme au figuré. C’est donc dire si je peux comprendre dans un certain sens, ceux qui, de bonne foi, ont pu à un moment ou un autre, prêter une oreille attentive et bienveillante aux propos tendancieux déversés à longueur de journée, ou même ceux qui ont choisi de hurler avec les loups, parce que tout simplement mus par une haine viscérale’’.

‘’Lorsque la perfidie du champ politique se mêle à la duperie…’’

Le frère du Chef de l’Etat identifie ses pourfendeurs parmi la classe politique. Il déclare : ‘’Lorsque la perfidie du champ politique se mêle à la duperie érigée en dogme, l’ombre prend de l’épaisseur et la lumière est réduite à sa plus simple expression. Que Dieu nous préserve de la méchanceté gratuite, et surtout du mensonge structuré !’’, vitupère-t-il. D’autant que lors de sa précédente prise de parole, il avait ‘’décidé de répondre point par point aux accusations iniques sur son appartenance à telle ou telle société, sur des éléments de salaire, sur des versements de commissions indues, sur une rente pétrolière ‘’ahurissante’’ étalée sur pas loin d’un demi-siècle’’.

Faisant toujours référence à sortie d’après-révélations de la BBC, il ajoute : ‘’Certains parmi mes compatriotes ont bien saisi la substance du message que j’ai voulu délivrer et y ont souscrit. D’autres ont continué leur entreprise de destruction, en s’inscrivant bien entendu, toujours dans leur logique préconçue de politique de la terre brûlée. Toutes choses qui ont fini de pousser l’Etat du Sénégal à ouvrir une information judiciaire pour donner corps à sa volonté de rétablir la vérité d’une part, et celle de prendre les mesures idoines, d’autre part’’.

Mais, malgré cela, ses adversaires ne lâchent pas du lest. Ce qui lui fait dire : ‘’cette malheureuse controverse n’est entretenue qu’autour d’un tissu d’amalgames et de contrevérités destinées à alimenter une autre campagne, plus insidieuse, celle-là, et qui va au-delà de ma modeste personne’’. Ainsi, c’est son frère de Président de la République qui est visé, laisse-t-il entendre. D’où sa décision de prendre une nouvelle fois la parole dans cette affaire, pour ‘’apporter (s)a seconde réponse’’.

L’édile de remercier ‘’la vaillante population de Guédiawaye qui (lui) a fait l’honneur de (lui) accorder sa confiance, mais aussi qui, au milieu de la tempête et des vagues successives de diffamations, de critiques et d’insultes de toutes sortes, n’a de cesse de (lui) manifester son soutien, à l’instar de nombreux autres sénégalais d’ici et d’ailleurs, révulsés par l’ampleur de la cabale et de l’injustice’’. 

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CONFERENCE DE PRESSE AVORTEE DE ALIOU SALL

Guédiawaye ferme la porte de sa mairie à son maire

La population de Guédiawaye a refusé hier à son maire, l’accès aux locaux de la mairie de la ville où il voulait tenir sa conférence de presse, pour annoncer sa démission de la Caisse des dépôts et consignations.

Aliou Sall n’a pas pu accéder hier à la mairie de Guédiawaye où il avait prévu de tenir une conférence de presse pour annoncer sa démission de la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Ses militants venus le soutenir dans l’affaire dite du scandale à 10 milliards dans laquelle il est cité, lui ont refusé l’accès et ont empêché la tenue de la rencontre. Fortement mobilisés, dès les premières heures de la matinée, les militants, responsables ‘’apéristes’’ et sympathisants du frangin du président de la République ont tout fait pour empêcher sa démission. Ils ont, à cet effet, pris toutes les dispositions nécessaires pour empêcher à leur maire et leader de faire une quelconque déclaration dans ce sens.

Ils se sont, en un moment donné, frotté aux forces de l’ordre dépêchées sur les lieux. Mais celles-ci n’y ont rien pu faire devant la furie des militants. Venus des quatre coins du département de Guédiawaye, ils se sont aussitôt rués sur le maire, dès son apparition sur les lieux. D’un ton ferme, ils lui ont d’abord fait comprendre qu’ils n’acceptent pas qu’il démissionne de la CDC et qu’ils ne le laisseront pas accéder aux locaux de la mairie, encore moins, faire une quelconque déclaration dans ce sens. Malgré les multiples conciliabules, le maire de Guédiawaye n’a pu parvenir à convaincre ses militants de le laisser présenter sa démission.

Le frère du président de la République a finalement rebroussé chemin. La foule a suivi sa voiture, en scandant des slogans : ‘’La ville de Guédiawaye n’accepte pas votre démission de la CDC’’, ‘’Guédiawaye soutient son maire’’… Malgré le départ du maire, la foule a refusé de se disperser. Pour ne prendre aucun risque de voir le maire revenir plus tard pour y tenir sa conférence de presse, elle a assiégé la mairie jusque tard dans la nuit d’hier. Finalement, c’est sur sa page Facebook que le désormais ex-Directeur général de la CDC a annoncé sa démission.

REACTIONS…… REACTIONS…. REACTIONS…

ALHOUSSEYNOU THIAM (RESPONSIBLE POLITIQUE ET MEMBRE DE LA COJER)

‘’Aliou est victime d’une cabale’’

‘’Ce soi-disant sandale est fabriqué de toutes pièces. Il est entretenu par l’opposition, depuis la chute d’Abdoulaye Wade, dans le seul but d’atteindre son frère, le président de la République, Macky Sall. Après Ousmane Sonko qui l’accuse d’avoir empoché 200 milliards, c’est au tour de la BBC de l’accuser d’un détournement de plus de 6000 milliards. C’est insensé. C’est parce que Aliou dérange qu’ils veulent le liquider. Il est victime d’une cabale. C’est pour cette raison que nous pensons qu’il ne doit pas démissionner. Il n’en a pas le droit. Il n’est mêlé ni de près ni de loin, à cette affaire. Nous le comprenons bien. S’il veut jeter l’éponge, c’est parce qu’il ne veut pas trop gêner son frère. Au lieu de démissionner, il peut laisser la justice mener ses enquêtes et le moment venu, de s’expliquer de fond en comble sur cette affaire. Mais, démissionner n’est pas la solution. Il fait ce que veut l’opposition’’.

MIKA BA (DEPUTE A L’ASSEMBLEE NATIONALE)

‘’La population attend beaucoup de lui, en tant que leader politique’’

‘’Aliou est libre de démissionner. Mais, il ne va pas le faire à Guédiawaye. Je suis contre ce point de presse pour faire une déclaration à cet effet. Nous ne sommes pas prêts pour cela. Sa démission n’engage que lui-même. Mais, elle n’est pas une bonne chose pour la ville de Guédiawaye. Il s’est battu politiquement dans la localité pour accéder à ce niveau de responsabilité. La population attend beaucoup de lui en tant que leader politique et non frangin du chef de l’Etat. Nous sommes contre le fait que les gens lui mettent la pression, parce qu’il est le frère du Président’’.

SOKHMA ASTOU WALLO KANE (PRESIDENTE DES FEMMES BBY DE SAM NOTTAIRE)

‘’Sa démission nous a beaucoup fait mal’’

‘’Nous n’avons jamais voulu qu’il démissionne. Il a beaucoup fait pour cette ville. Sa démission nous a fait beaucoup de mal. Mais bon, nous croyons en Dieu. Nous lui demandons d’être patient. Macky Sall, quand il démissionnait de l’Assemblée nationale, c’était très pénible. Mais aujourd’hui, il est le président de tous les Sénégalais’’.  

CHEIKH THIAM

 

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