Publié le 12 Oct 2019 - 03:11
AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les vulnérabilités de la dette encore élevées

 

En Afrique subsaharienne, les vulnérabilités de la dette publique restent élevées. Ceci, malgré un ralentissement de la détérioration. C’est ce qui ressort du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale publié hier. 

 

La part des pays d’Afrique subsaharienne en situation de surendettement ou présentant un risque élevé de surendettement, a presque doublé, malgré un ralentissement de la détérioration. Selon le rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale publié hier, la vulnérabilité croissante de la dette est le résultat du niveau élevé de la dette publique. Et, en particulier la dette non concessionnelle et de la hausse substantielle du coût du service de la dette. ‘’Parallèlement, en raison de l’augmentation des déficits des comptes courants, les réserves de change servant de ‘tampons’ financiers se sont réduites dans de nombreux pays. Reflétant ces vulnérabilités, les risques pour les perspectives régionales restent orientés à la baisse, notamment les possibilités d’une croissance mondiale plus lente que prévu, de baisses plus prononcées des prix des produits de base et d’une mise en œuvre médiocre des réformes’’, lit-on dans le document parcouru par EnQuête.

Au fait, la Bm précise que la part de la dette publique libellée en devises étrangères a augmenté de 12 points de pourcentage par rapport à 2013, pour atteindre 36 % du PIB en 2018. Ce qui reflète en partie la récente poussée d’émissions d’euro-obligations. ‘’Le recours accru aux emprunts en devises a augmenté le risque de refinancement et de taux d’intérêt dans les pays emprunteurs. En outre, la hausse de la participation des non-résidents sur les marchés de la dette intérieure a exposé certains pays au risque de retrait soudain de capitaux, qui pourrait entraîner de fortes dépréciations monétaires’’, renseigne le rapport. Et, le ratio moyen de paiements d’intérêts-recettes devrait atteindre 11 % en 2019, contre 6 % en 2012. ‘’Le déficit budgétaire médian de la région devrait se réduire encore en 2020, principalement à mesure que l’assainissement budgétaire progresse parmi les exportateurs de métaux. Les soldes budgétaires devraient rester globalement inchangés pour les pays exportateurs de pétrole et pauvres en ressources. Le ratio médian dette publique-Pib devrait s’infléchir à la baisse après 2019 si l’assainissement budgétaire se poursuit comme prévu, grâce à la mobilisation des ressources intérieures et à la maîtrise des dépenses’’, informe la Bm.

L’institution de Breton Woods renseigne que des améliorations de la gestion de la dette et de la transparence de celle-ci seraient toutefois ‘’nécessaires’’. Malgré des améliorations significatives de la communication sur la dette, il subsiste d’importantes ‘’lacunes’’ dans la capacité des pays à comptabiliser, suivre et rendre compte de la dette publique. ‘’Des informations complètes et fiables sur la dette publique sont essentielles pour permettre aux gouvernements comme aux créanciers de prendre des décisions informées. Les résultats de l’Évaluation de la performance en matière de gestion de la dette (Dempa) effectuée par la Banque mondiale en 2015-2016 révèlent des lacunes importantes en matière de comptabilisation de la dette (44 % des pays respectent les exigences minimales), de déclaration et d’évaluation de la dette (29 %) et de suivi des garanties (17 %)’’, renchérit la même source. En réalité, la Bm indique que des problèmes plus généraux persistent en matière de gouvernance de la gestion de la dette, de faiblesse des cadres juridiques, d’absence d’audits. Mais, de médiocrité de l’administration des données et des contrôles internes et de faiblesse des capacités du personnel. Et, les progrès dans le temps s’avérant limités et irréguliers.

Pour l’autonomisation économique des femmes, une nécessité

En dehors de la gestion de la dette publique, le rapport Africa’s Pulse, souligne que l’autonomisation économique des femmes est ‘’essentielle’’ au progrès de tous les Africains. ‘’L’Afrique subsaharienne est la seule région au monde à pouvoir revendiquer que les femmes ont plus de chances d’être entrepreneures que les hommes. Les femmes africaines contribuent à une part importante du travail agricole dans tout le continent. Cependant, le succès de la région quant à la part croissante des femmes dans la population active, est assombri par les importants écarts de revenus qui persistent entre les hommes et les femmes’’, regrette la Bm. En effet, les agricultrices d’Afrique subsaharienne produisent 33 % de moins par hectare de terre que les hommes. Les femmes entrepreneures ou chefs d’entreprise réalisent 34 % de bénéfices de moins que les hommes-chefs d’entreprise. Ces écarts de revenus sont d’après l’institution, ‘’très coûteux’’ en termes de manques à produire.

Pour tirer le meilleur parti de la participation des femmes africaines à la production agricole, les décideurs politiques sont appelés à s’attaquer aux contraintes disproportionnées subies par les femmes. Et à mettre en œuvre des politiques pour les aider à stimuler la croissance. ‘’En Afrique subsaharienne, les femmes tendent à posséder un capital humain plus faible, comme le montrent les écarts en termes de poursuite des études secondaires et supérieures et de compétences dans la plupart des pays, et à disposer d’un accès réduit aux autres actifs de production, dont le crédit et la terre’’, relèvent les experts de la Bm. Car, les opportunités économiques et les revenus des femmes sont également jugés ‘’limités’’ par des politiques, institutions et normes sociales. Qui, ont une influence sur les rôles économiques et domestiques des femmes et des hommes. ‘’Les politiques qui ciblent davantage les obstacles à l’autonomisation économique des femmes pourraient contribuer non seulement à réduire l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, mais également à renforcer la croissance économique’’, fait savoir la Banque mondiale.

MARIAMA DIEME

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