Publié le 20 Sep 2015 - 11:44
CARTE POSTALE

Khouribga, une ville sans boîtes de nuit

 

Quand on va dans une ville, on s’attend à avoir des espaces de loisirs. Dans la ville marocaine nommé Khourigba, tout y est sauf ne serait-ce qu’une boîte de nuit qui pourrait permettre de découvrir la musique et les danses marocaines. On se contente des terrasses des cafés et encore là, on aurait dit que les hommes se sont donné le mot pour s’y retrouver et que les femmes ont peur d’eux. Présentation d’une ville dont les terres sont pourtant très riches en phosphates, donc qui offre un certain pouvoir d’achat à ses habitants.

 

Des rues propres, des immeubles bien faits et bien disposés, des routes larges et des gens accueillants et chaleureux. Ainsi, pourrait-on définir la ville de Khouribga et ses habitants. Située à 120 kilomètres au sud-est de la plus grande ville marocaine, Casablanca, Khouribga est une petite ville tranquille de la région de Beni Mellal-Khenifra.

 ‘’Khouribga appartient à l'ensemble régional des plateaux et massifs du Maroc atlantique, plus particulièrement à un sous-ensemble dit "le plateau des phosphates", tel qu’indiqué dans un document de présentation de la région. ‘’Le mot dérive de la racine : KH, R, B, qui signifie « être percé ». En effet, à cet endroit (ndlr : là où se trouve même Khouribga), la surface était percée de trous naturels dus au mode d'érosion particulier des surfaces calcaires’’, informe toujours la même source.

Aujourd’hui, Khouribga est une grande ville assez développée où on peut trouver des banques, des cafés et même une salle de cinéma bien différente des villes sénégalaises. Sauf qu’ici, il n’y a pas de boîtes de nuit. Les 20 100 âmes qui y vivent, selon la dernière estimation de la population datant de 2013, ne semblent pas être intéressés par l’ambiance des clubs. Peut-être que les hommes s’y sentiraient seuls. Car même dans les cafés, on y aperçoit rarement des femmes.

Les hommes sont toujours en groupe et occupent les tables. Imaginez alors que cela soit pareil dans les boîtes de nuit ! Autant ne pas sortir. ‘’Khouribga est une ville de gauche si je peux m’exprimer ainsi. L’islam y occupe une place importante. On est des pratiquants, donc les boîtes de nuit ne nous intéressent pas’’, nous explique le vieux Abdel Olmy, un khouribgi (ndlr : nom donné aux habitants de Khouribga) venu assister à l’une des séances de projection de film.

 Journaliste marocain, Zoulaïkha Kharmaz a lui aussi sa compréhension des choses. ‘’Khouribga est une ville ouvrière. Cela a toujours été comme ça. Et je pense que c’est son passé de vie prolétaire qui explique aujourd’hui l’absence de boîtes de nuit dans la ville. Les ouvriers, à leur descente, sont fatigués et ont d’autres préoccupations que d’aller dans des boîtes de nuit’’, pense-t-il. Les avis sont divers mais l’essentiel tourne autour de ces deux argumentaires. Car on n’a pas pu interviewer beaucoup de monde sur la question. Ici, il est difficile voire impossible de communiquer quand on ne parle pas arabe. Même dans les hôtels, le français du personnel est approximatif. Il faut communiquer par les signes pour se faire comprendre. Ou encore, aussi incroyable que cela puisse paraître, parler en anglais ou en italien pour se faire comprendre. Pourtant, le Maroc est une ancienne colonie française. Et Khouribga a même connu l’occupation française. D’ailleurs jusqu’à ce jour, le quartier où vivaient les colons existe et garde son nom d’antan : ‘’le village européen’’. Il est aujourd’hui occupé par des hauts gradés de l’armée vivant dans la ville.

L’on peut se demander ce que pouvait faire le colon dans ce coin perdu du Maroc en ces temps-là. Une localité où il fait chaud et où le temps est sec. La réponse est toute simple : ce patelin d’antan est une ville minière. Elle est d’ailleurs la plus grande réserve de phosphates du monde. C’est cela qui avait attiré les Français. En effet, ‘’en 1912, MM. Combeias et Lamolinerie découvrirent du phosphate dans la région d'El Borouj. Une prospection systématique des plateaux fut entreprise et il apparut qu'un riche gisement existait à l'ouest d'Oued-Zem’’, apprend-on sur la fiche de présentation de la ville.

Et Wikipédia renseigne quant à lui que ‘’Philippe Morin, dans un rapport présenté en 1977 au Cofrigheo, écrit : en 1917, le commandant P. Bursaux, ancien collaborateur de Philippe Thomas en Tunisie et qui avait dirigé les exploitations de Metlaoui et la Cie du chemin de fer de Gafsa à Sfax, fut chargé d'une étude, en particulier du tracé de la voie ferrée militaire de Casablanca à Oued-Zem. Il reconnut à cette occasion la nature phosphatée du prétendu «sable» dont les officiers se servaient pour la construction des baraquements d'Oued-Zem. Des travaux par puits et galeries furent entrepris, faits à la main… en traversant la dure et puissante «dalle à Thersitées». Ils mirent en évidence quatre couches de phosphate à haute teneur. Devant l'importance de ce gisement, Lyautey fonda, le 7 août 1920, l'office chérifien des phosphates, dont les premiers travaux débutèrent en 1921’’.

Par ailleurs, jusqu’à ce jour, la vie à Khouribga se développe grâce à la richesse de ses terres en phosphates. Et l’office chérifien des phosphates (OCP) y est encore implanté. Elle est la première entreprise publique marocaine et par ailleurs la plus grande et la plus importante société de la région. Elle est d’ailleurs le sponsor officiel de la fondation du festival de cinéma africain de Khouribga dont la 18ème édition est ouverte depuis le 12 septembre passé et se poursuit jusqu’au 19 du même mois. Mais ce n’est pas seulement le cinéma que soutient l’OCP. Il sponsorise l’essentiel des activités culturelles et sportives de la ville. 

BIGUE BOB

 

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