Publié le 16 Oct 2018 - 15:18
CHEIKH TIDIANE BITEYE, CONSULTANT

Le Sénégal peut s’en sortir, si les joueurs ne sombrent pas dans la facilité’’

 

Cheikh Tidiane Bitèye, consultant de football, juge acceptable la prestation des Lions contre le Soudan, samedi dernier. Le technicien ajoute par ailleurs que les Soudanais n’ont pas les moyens de remporter la manche retour prévu chez eux, aujourd’hui, à Khartoum. A moins que les joueurs sénégalais ne tombent dans la facilité.

 

Quelle analyse faites-vous de la victoire du Sénégal (3-0) contre le Soudan, samedi dernier, pour la 3e journée des éliminatoires à la Can-2019 ?                                                                                       

J’en fais une analyse optimiste, surtout que le Sénégal a joué avec une équipe remaniée, à cause des blessures contractées par certains titulaires. Mais, dans l’ensemble, je crois qu’ils ont fait ce qu’il fallait. C'est-à-dire gagner et ne pas encaisser de but pour se rassurer. La défense s’en est bien sortie, malgré des problèmes qui ont déjà existé depuis quatre à cinq matches. L’équipe prenait des buts et n’a pas gagné lors de ses trois dernières rencontres. Cette victoire est bien pour le moral. Je crois que les joueurs l’ont eue avec la manière, parce qu’ils ont gagné sans forcer, même si en face l’équipe adverse n’avait pas les moyens de riposter.

Le Soudan est l’équipe la plus faible du groupe. La sélection soudanaise est constituée de joueurs locaux. Donc, ils ne sont pas au même niveau que les footballeurs sénégalais.  La victoire par 3 buts à 0 est un bon résultat, mais Aliou Cissé doit encore travailler pour construire une bonne équipe, en perspective de la Coupe d’Afrique des nations 2019. Il doit aussi insister sur une bonne stratégie. Il faut qu’il travaille à ce niveau, parce que le Sénégal a des problèmes dans la définition des stratégies, de pouvoir apporter une certaine réversibilité et de reformuler le schéma de départ dans un match. Je pense que ce sont des choses qu’il faut encore travailler et améliorer. 

Racine Coly et Pape Abdou Cissé, titularisés après les blessures de Lamine Gassama, Kalidou Koulibaly et Salif Sané, ont fait de bonnes prestations. Pensez-vous que cela peut favoriser une redistribution des cartes dans la défense sénégalaise ?

Je n’y crois pas. C’est vrai que ce sont de bons joueurs qui ont un bon niveau et ils l’ont montré dans ce match. Mais je pense que ces jeunes doivent encore travailler pour avoir une certaine solidité dans l’équipe. Pape Abdou Cissé a été bon contre le Soudan en marquant un but. Racine Coly a montré de bonnes choses. Ils ont fait l’essentiel. Mais les titulaires (Kalidou Koulibaly et Salif Sané) peuvent reprendre leur place à leur retour. C’est déjà bien pour la concurrence. Ça va permettre aux joueurs de comprendre que dans cette équipe du Sénégal, il y a une interchangeabilité. Même si on ne peut pas se permettre de dire que ce sera une complémentarité mécanique où tout le monde peut remplacer tout le monde.

Comment le Sénégal doit aborder la manche retour de la double confrontation contre le Soudan, aujourd’hui ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a un enjeu : la qualification. Et pour se qualifier, il faut gagner. En cas de victoire, le Sénégal est quasiment assuré de prendre part à la prochaine Can. Mais je pense qu’il n’y aura pas une grande équipe du Soudan, parce qu’ils n’ont que ce qu’ils ont présenté à Dakar. Ils peuvent tout de même être motivés par leur public, mais ils n’ont pas les atouts pour battre l’équipe du Sénégal. Il faut dire que le match ne sera pas facile, parce qu’il y aura des paramètres qui vont entrer en jeu comme le public et la chaleur. Mais j’estime que le Sénégal peut s’en sortir, si les joueurs ne sombrent pas dans la facilité, comme  c’était le cas à Dakar.

L’équipe sénégalaise est souvent éliminée prématurément en phase finale de Can, après avoir réalisé un bon parcours aux éliminatoires. Qu’est-ce qui explique cela ?

On se qualifie facilement, mais on a des difficultés en phase finale. Cela s’explique par la difficulté de reformuler un schéma tactique en cours de match. L’autre problème, c’est que le Sénégal a du mal à développer son jeu face à des adversaires qui, techniquement, sont au-dessus du lot. Je crois que c’est des choses sur lesquelles l’entraineur doit travailler pour éviter les mêmes échecs qu’on a connus ces trois dernières Can. On s’est rendu compte que ces difficultés sont encore là. Il faut se qualifier tôt et ensuite penser à  redéfinir la bonne tactique dans la stratégie. Cela nous permet de contrer les adversaires et de les piéger. Si l’entraineur ne peut pas arriver à ça, ce sera la même chose, à la Can-2019. 

OUMAR BAYO BA

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