Publié le 16 Jun 2020 - 22:13
DR NGAYO SY (CHEF DU SERVICE DE LUTTE ANTIPARASITAIRE)

‘’Le paludisme risque de faire des dégâts, si…’’

 

Cette année, le personnel de santé du pays va s’occuper, à la fois, de la Covid-19 et du paludisme. Pour la deuxième maladie qui fait plus de victimes, souvent en saison des pluies, le chef du Service de lutte antiparasitaire de Thiès, le Dr Ngayo Sy, affirme qu’elle peut ‘’faire des dégâts’’, si les patients continuent à tourner le dos aux structures de santé.

 

Véritable problème de santé publique, le paludisme gagne du terrain, au Sénégal. Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour son éradication, cette maladie persiste et continue à faire des victimes.

Selon le bulletin épidémiologique de l’année 2017 du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) cette pathologie a provoqué, au Sénégal, la mort de 379 personnes. Quatre-vingt-quinze des décès sont enregistrés chez les sujets âgés de moins de 5 ans. Cette année-là, 395 706 cas ont souffert du palu dont 10 463 cas graves hospitalisés. Des chiffres qui font déjà froid dans le dos.

Mais, du fait de la Covid-19 et des patients qui ont boudé les structures de santé, ces chiffres peuvent connaître une hausse. Une analyse du chef du Service de lutte antiparasitaire de Thiès. ‘’J’ai l’impression que les gens oublient que nous sommes en période de saison des pluies. Alors, attention ! Parce que le paludisme est toujours là. Les populations ont abandonné les structures de santé. Les gens ne viennent plus. Mais je puis vous assurer que le palu risque de faire des dégâts, si les patients continuent à fuir les hôpitaux, comme c’est le cas actuellement avec la pandémie du nouveau coronavirus’’, alerte le Dr Ngayo Sy dans un entretien accordé à un site d’informations locales.

Pour un retour utile des populations vers les établissements sanitaires, le chef du Service de lutte antiparasitaire de Thiès appelle le ministère de la Santé et de l’Action sociale à accroître davantage sa communication pour pousser les patients souffrant d’autres pathologies à se rendre régulièrement dans les postes, centres de santé et hôpitaux du pays pour leur prise en charge.

En ce qui concerne le service antipaludique logé au quartier Escale de Thiès et tant fréquenté en temps normal, le Dr Sy soutient qu’il s’est vidé de son monde habituel, depuis l’apparition de la Covid-19. Les gens n’ont plus la fièvre ? Il répond par la négative. ‘’Je suis convaincu qu’il y a des gens qui souffrent de la fièvre, mais refusent de venir ici pour se faire dépister. Et c’est dangereux pour eux. Il faut que les patients viennent se faire soigner. De quoi ont-ils peur ?’’, s’interroge-t-il. Poursuivant, il indique que si tout le monde acceptait de se rendre à temps à l’hôpital pour se faire soigner, le Sénégal pourrait éradiquer le paludisme. Pour l’élimination définitive de cette maladie, le Dr Ngayo Sy insiste sur les trois ‘’T’’. Pour lui, ‘’toute la famille doit dormir sous une moustiquaire, toutes les nuits et toute l’année’’.

Au plan mondial, le paludisme ne cesse faire aussi des ravages. Rien qu’en 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que la maladie a emporté 405 000 personnes dont 272 000 enfants âgés de moins de 5 ans, soit un taux de 67 %. Dans ce lot des décès, on note que l’Afrique, à elle seule, a enregistré 94 % des décès liés au paludisme dans le monde.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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