Publié le 1 Oct 2020 - 05:39
ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT

Absurde !

 

Au-delà de la privatisation de certains secteurs sociaux, il a également été relevé, hier à Diamniadio, quelques absurdités qui entravent le développement du Sénégal depuis des années.

 

Pour ce qui est des exportations en lait, le président de la République ne comprend pas comment le Sénégal peut continuer à dépenser 50 milliards F CFA chaque année pour le financement des agriculteurs étrangers. Il déclare : ‘’Il faut qu’on évolue vers l’élevage intensif. Il faut que les privés investissent dans ce secteur. On l’a dit : c’est plus de 50 milliards (F CFA) d’importation en lait. C’est absurde. Alors que pendant l’hivernage, les éleveurs jettent le lait, faute de pouvoir trouver un circuit de transformation.’’

Le même constat est valable dans le Sud où des milliers de tonnes de fruits pourrissent dans les champs. Le chef de l’Etat de donner l’exemple du ‘’guitakh’’ qui permet pourtant de faire des jus délicieux.

L’autre grande absurdité pourrait être liée aux incohérences énormes au niveau des différents outils mis en place par l’Etat pour financer l’économie. Il précise : ‘’Il y a des cohérences à respecter entre tous les outils : Fongip, les fonds pour le logement social notamment... On est obligé d’harmoniser et de rationaliser, parce que c’est le même Etat. Il faut que son action soit efficace. Mais si on partitionne chaque chose, pour donner à chacun sa petite sucette, certes, il aura un peu de sucre dans la bouche, mais il n’y aura pas d’efficacité globale’’.

Pour lui, il faut mutualiser les moyens, les instruments afin de rationaliser et d’optimiser les interventions, pour éviter surtout les doubles emplois, les triples emplois, et il y va de l’efficacité des dépenses publiques. ‘’J’attends qu’il me soit soumis, dans les meilleurs délais, les conclusions issues de ce processus de rationalisation. J’ai demandé au ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence, de coordonner ce travail. J’attends les conclusions’’.

Par ailleurs, le chef de l’Etat en appelle aussi à l’élimination des ‘’cars rapides’’ et autres ‘’7 places’’. Il peste : ‘’Il faut arrêter ces ‘cars rapides’ qui datent des années 50-60. Ce n’est pas normal qu’un véhicule de 40 ans fasse du transport en commun, un transport d’êtres humains. Ce n’est pas normal. Là aussi, il faut opérer les ruptures qu’il faut. Il faut moderniser le parc automobile pour le transport urbain et pour l’interurbain. D’ailleurs, le ministre (en charge des Transports terrestres) m’a dit qu’il y a de nouveaux véhicules. Nous devons arrêter ces véhicules ‘7 places’ qui ont fait trop de dégâts ; trop d’accident mortels. D’ailleurs, ils ne devaient jamais être des véhicules de transport.’’

Très en verve, Macky Sall ne s’est pas non plus empêché de dire aux élus qui pleuraient de n’avoir pas suffisamment de ressources pour payer les salaires. ‘’… C’est aussi parce que vous avez des effectifs pléthoriques. Nous avons adopté, dans le cadre de la Fonction publique locale, un organigramme pour chaque type de collectivité. Il faut s’en tenir à cet organigramme. Sinon, ce sera comme dans le système de santé. Toutes les ressources risquent de ne servir qu’à payer des salaires. Il faut que nous travaillions ensemble pour que les efforts faits par l’Etat permettent de faire des investissements’’, lance le président de la République.  

Holding banque

Toujours dans les ambitions présidentielles, il a été question de cette volonté de mettre en place une holding nationale bancaire qui sera la résultante d’une fusion entre la BNDE, la BHS, la Banque agricole plus d’autres entités publiques. A en croire Macky Sall, c’est pour disposer d’un outil qui a une capitalisation qui compte.

‘’On ne peut pas être chez nous et être les derniers dans le classement des banques. C’est juste une simple question d’organisation’’. Et de renchérir : ‘’Monsieur le Ministre des Finances, je vous avais dit qu’il faut finir cette réforme. On perd trop de temps dans les réformes. On a peur de faire des fusions ; on a peur de supprimer des postes. Il faut aller vers cela, en gardant la spécificité de chaque entité. Mais il faut au moins une banque nationale qui compte.’’

MISE EN ŒUVRE DES REFORMES

‘’Que les ministres qui ne peuvent pas se signalent !’’

Le président semble enfin déterminé à prendre le taureau des réformes par les cornes. Dans un langage très direct, il s’est adressé à ses ministres qui n’arrivent pas à suivre le train. ‘’Vraiment, il faut qu’on fasse les réformes. Moi, je l’ai dit : j’assume et je vous couvre. Maintenant, le ministre qui ne veut pas assumer, qu’il me dise qu’il ne peut pas. Je vous ai dit que je suis le premier responsable, mais donc allez-y ! Faites le boulot ! Il faut qu’on bouge. Au lieu de le faire, on touche ; on laisse à l’année prochaine ; on touche encore…’’.

Il se répète : ‘’Vraiment, il faut que les réformes soient achevées. Ceux qui ne peuvent pas achever, qu’ils me le disent. S’il y a des DG qui n’arrivent pas à suivre, dites-le-moi. Je souhaite que ces réformes qui sont à notre portée soient faites, parce que c’est là que le bât blesse. Au niveau des financements et autres, nous sommes accompagnés, mais on n’avance pas beaucoup dans les réformes.’’

A ce sujet, le président de la République n’a pas du tout ménagé le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr. A maintes reprises, il a été directement interpellé en des termes peu élogieux. Le chef de l’Etat : ‘’J’invite le ministre de la Santé à aller vers les réformes. Je vous ai félicité pour la gestion de la Covid. Maintenant, il faut aller vers ces réformes majeures qui vont permettre de relancer le secteur de la santé et de l’action sociale. Il s’agit de la révision des textes régissant le secteur de l’industrie pharmaceutique, la réforme de la gouvernance du secteur de la santé, l’allégement des procédures de mise au marché de produits pharmaceutiques, mais aussi la révision de la réglementation sur les officines, les cliniques… Il faut réviser tous ces textes de façon à permettre une plus grande dynamique dans ce secteur.’’

Ce n’est pas tout. S’adressant toujours à Diouf Sarr, Macky Sall fulmine : ‘’Comme je l’ai dit au ministre, là on est prêt, mais il faut que vous fassiez d’abord les réformes qu’il faut. Vous ne pouvez pas contenter tout le monde. En tout cas, désormais, pas de réforme, pas d’argent. Moi, je ne mettrai plus autant de milliards dans un secteur sans réforme. Je le dis tout haut. Réforme, argent. Pas de réforme, pas d’argent.’’

Mor AMAR

 

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