Publié le 12 Sep 2025 - 20:47
FISCALITÉ, PLAN DE REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, DÉVELOPPEMENT…

Les suggestions et attentes du MEDS

 

L’ouverture de la 24e session des Assises économiques annuelles du Mouvement des entreprises du Sénégal (MEDS) a servi de tribune au président du MEDS pour réclamer une fiscalité mieux adaptée à la réalité du pays et des entreprises.

 

Les Assises économiques annuelles du Mouvement des entreprises du Sénégal (MEDS) sont devenues, au fil des années, une tradition républicaine et un rendez-vous incontournable du dialogue économique. Hier, à l’ouverture de la 24e session, son président Mbagnick Diop a plaidé pour bâtir un Sénégal prospère, résilient et tourné vers l’avenir. À ses yeux, le thème choisi cette année, ‘’Contribution du secteur privé dans la stratégie de développement à l’horizon 2029’’, est au cœur des enjeux actuels de la nation. ‘’Il s’agit d’un sujet stratégique qui interpelle non seulement les entrepreneurs, mais également l’État, les collectivités, les institutions financières et l’ensemble de nos partenaires au développement’’, a-t-il déclaré.

Ainsi l’ambition du MEDS est d’inscrire la contribution du secteur privé au cœur de la trajectoire nationale. ‘’Le thème de ces assises nous rassemble comme une boussole, au moment où le pays s’emploie à aligner ses réformes sur un impératif simple et exigeant : bâtir une croissance de meilleure qualité, plus inclusive, mieux ancrée dans nos territoires et mieux armée pour la compétition continentale et internationale ‘’, indique le président du MEDS.

Selon Mbagnick Diop, le secteur privé sénégalais représente aujourd’hui plus de 80 % de la création de richesses et des emplois. ‘’À l’horizon 2029, dit-il, il devra jouer un rôle encore plus central dans la réalisation de nos ambitions de croissance inclusive et durable’’. Ainsi, le MEDS, déclare-t-il, est à un tournant historique, vu le niveau d’endettement du pays qui dépasse largement les critères de convergence de la zone UEMOA ; la réduction des marges de manœuvre de l’État ; l’instabilité sous-régionale marquée par les coups d’État et l’avancée des djihadistes ; la reconfiguration géopolitique mondiale depuis l’arrivée du président Trump.

Ainsi, à ses yeux, ‘’aucune stratégie de long terme ne prospère sans une fiscalité intelligemment conçue. La justice sociale n’est pas l’adversaire du développement ; elle en fixe les garde-fous. Le nouveau Code général des impôts doit encourager la structuration, pas la dissuader ; il doit attirer la transparence, pas pousser à l’ombre. Aux portes de la formalisation, l’entrepreneur ne doit pas trouver un mur, mais un sas : un système d’imposition et de recouvrement qui accueille les premiers pas, qui reconnaît la saisonnalité de l’activité, qui récompense la conformité et qui sait corriger sans briser. Dans la durée, la fiscalité doit devenir une alliée de la viabilité et de la durabilité : elle n’est pas un prélèvement, elle est un contrat. Reste la grande équation des moyens’’. Un vaste chantier.

Car, souligne le président du MEDS, ‘’l’ambition ne se mesure pas à l’épaisseur des décrets ; elle se mesure à la part réelle prise par les entreprises dans la création de richesse. Projeter leur contribution à l’aune des nouvelles opportunités du Code des investissements, c’est amorcer une culture des résultats : combien d’investissements additionnels, d’emplois, d’exportations et de substitutions aux importations dans nos filières ? La question n’est pas rhétorique, car elle dessine la colonne vertébrale d’un pacte entre l’État et le secteur privé : la puissance publique offre un climat propice, l’entreprise transforme et prouve, trimestre après trimestre, qu’elle tient sa part’’.

‘’L’heure est venue pour que notre nation trouve des réponses à toutes ces problématiques’’

Ainsi, il rappelle que les projections budgétaires de l’État pour 2025-2029 doivent rencontrer les attentes d’un secteur privé qui ne demande ‘’ni faveurs ni rentes, mais de la visibilité, des délais de paiement crédibles, une administration rapide, une justice commerciale prévisible, des infrastructures fiables et une énergie compétitive’’.

Monsieur Diop considère, en effet, que ‘’le plan de redressement économique et social, pour tenir sa promesse, gagnera à s’adosser à des cadres de performance partagés, où chaque réforme s’évalue au prisme de ses effets mesurables sur l’investissement, l’emploi, l’export et la productivité. La dépense publique ne soutient l’économie que si elle devient levier ; elle ne devient levier que si elle libère l’initiative’’

Mbagnick Diop estime, en outre, qu’avec l’entrée en production des ressources pétrolières et gazières, la modernisation de l’agriculture, l’essor de l’économie numérique et l’émergence d’un tissu industriel local, le MEDS a ‘’l’opportunité de transformer structurellement l’économie sénégalaise’’. Mais cela ne sera possible que si le secteur privé devient ‘’le véritable moteur de cette transformation’’, un défi nécessitant ‘’un partenariat fort et équilibré entre l’État et le secteur privé’’.

Il lance cet appel : ‘’Le gouvernement doit créer un environnement des affaires propice : des réformes fiscales et réglementaires claires, une justice commerciale efficace, et une infrastructure moderne.’’

S’agissant du rôle du patronat, il souligne qu’ils ont le devoir d’innover, d’investir et de contribuer activement à la création de chaînes de valeur locales, tout en renforçant la compétitivité des entreprises.  

 CHEIKH THIAM

Section: