Draxler, le casse-tête allemand

Dans l'esprit d'Emery, les choses sont claires : Draxler est un remplaçant sauf cas de force majeure. Après avoir passé un an à tenter de le caser quelque part sur le terrain, l'entraîneur parisien a donc choisi la solution de la facilité pour ne surtout pas heurter ses stars, ni tripoter trop souvent ses schémas tactiques. Car l'histoire de Draxler, c'est celle d'une équation impossible à résoudre.
En à peine plus d'un an, la fiche Wikipedia a pris quelques lignes. Désormais, à l'adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Julian_Draxler, il y a un onglet « Paris Saint-Germain (depuis 2017) », mais aussi deux nouvelles puces au palmarès. Coupe de la Ligue – Vainqueur : 2017, et Coupe de France – Vainqueur : 2017. Ça en jette, et pas qu'un peu. Mais l'évolution la plus importante entre février 2017 et février 2018, il faut aller la chercher un peu plus haut sur la page, juste en dessous de sa nationalité, sa date et son lieu de naissance.
À côté de « Poste » , il n'y a plus seulement écrit « Ailier » , mais également « Milieu polyvalent » . Sur sa fiche Wikipedia allemande, on s'encombre encore moins, puisque Draxler est simplement présenté comme un « Mittelfeld » , un milieu de terrain. Où est l'attaquant qui a fait ses classes à Schalke 04, puis à Wolfsbourg ? Disparu, envolé, volatilisé dans les schémas tactiques d'un Unai Emery noyé sous les attaquants et qui a dû lui inventer un nouveau rôle. Et voilà comment on se retrouve en douze petits mois avec un Draxler « milieu polyvalent » sur les bras, sachant que le mot « polyvalent » ressemble pour le coup très fort à un synonyme de « cinquième roue du carrosse ». Emery ne sait pas quoi faire de Draxler, du coup, il ne le fait plus beaucoup jouer, du moins plus dans les gros matchs. Ça valait le coup de demander à l'Allemand de se réinventer...
Statut flou
Sur le papier, Julian Draxler était venu à Paris pour attaquer à une époque où Di María ne donnait que moyennement satisfaction, et où les dernières recrues offensives de Paris commençaient à prendre l'eau, Ben Arfa en tête. Déjà, Draxler arrivait pour colmater une brèche, mais sans garantie d'être dans le onze de départ, à cause de la concurrence sur les ailes où Lucas et Di María avaient planté leurs tentes. Pas de quoi faire flipper Draxler qui s'était taillé une belle part de gâteau, avec deux titularisations face au Barça en Ligue des champions et dix buts en vingt-cinq matchs sur la deuxième partie de saison. Sauf que ce qu'il ne savait pas, c'est que le PSG allait péter un plomb l'été d'après.
L'Allemand a à peine eu le temps de s'éclipser deux semaines pour la Coupe des confédérations qu'en revenant, il se retrouve embourbé au milieu des rumeurs de transferts toutes plus zinzins les unes que les autres. Neymar par-ci, Mbappé par-là. Tiens tiens, que des types qui vont le concurrencer à son poste. Quand le chat n'est pas là, les souris dépensent. Draxler a beau avoir été élu meilleur joueur de la Coupe des confédérations qu'il a remportée avec l'Allemagne en étant capitaine, tout le monde s'en fout ! Alors à la rentrée des classes, au moment de faire les comptes, Draxler se retrouvait dans de beaux draps avec un statut flou. Trop indispensable pour être mis sur la liste des joueurs dont Paris ne veut plus, mais pas assez important ni au niveau sportif, ni au niveau marketing pour espérer plus.
Où est ma place ?
En plus d'avoir un bon pied droit, Julian Draxler a un cerveau qui fonctionne plutôt bien, alors il a décidé d'avoir une attitude qu'on pourrait qualifier de constructive. Pas de bouderie, pas un mot plus haut que l'autre dans la presse, pas de retard en revenant de vacances ou d'entraînement pris à la légère. Tout juste avoue-t-il du bout des lèvres : « Oui, le début de saison a été difficile pour moi. Je ne jouais pas bien et pas beaucoup » , avant de relancer un grand coup la machine à positiver : « Je n’ai jamais douté de mon avenir et je me suis toujours senti à l’aise à Paris. » Tout ça, c'est bien beau, sauf qu'à part quand il fallait dépanner à cause des blessures, Draxler n'a jamais vraiment eu sa chance cette saison.
Emery s'est amusé pendant quelques semaines avec un 4-2-3-1 qui mettait Cavani en pointe, et Neymar/Mbappé/Draxler derrière lui, mais l'aventure n'a pas duré. L'Allemand de 24 ans a fini par comprendre qu'il n'avait plus grand-chose à espérer en attaque, alors il a accepté de finir dans le trio du milieu de l'immuable 4-3-3 d'Emery, mais sans révolution à la clé. Entre Verratti qui n'est pas blessé en ce moment, Rabiot qui chouine pour ne pas jouer en sentinelle, et Lo Celso et Diarra qui alternent les titularisations à ce poste depuis le début de l'année civile, il reste peu de place au soleil pour le grand blond. Draxler a bien eu le droit de jouer quelques matchs en 6 quand Motta n'était pas là et quand Diarra n'était pas encore arrivé, mais Emery a depuis décidé que placer Lo Celso devant la défense était une idée de génie, même contre le Real. Les faits lui donnent clairement tort, mais Draxler reste sur le banc. Et tant pis pour sa polyvalence.
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