Publié le 10 Jul 2020 - 21:32
LA SAISON DE FOOTBALL FINALEMENT ARRETEE

La FSF rattrapée par la Covid-19

 

La Fédération sénégalaise de football a décidé, mercredi dernier, de mettre fin à la saison 2019-2020. Cette décision fait suite à un long dilatoire de la part des fédéraux désireux, à tout prix, de poursuivre les compétitions, malgré les difficultés causées par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

 

Il a fallu quatre mois, depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 et l’a suspension des activités de football, pour que la Fédération sénégalaise de football (FSF) décide de tout arrêter. Les fédéraux ont finalement mesuré l’ampleur des dommages occasionnés par la crise sanitaire liée au coronavirus dans ce pays. Lors de sa réunion tenue mercredi dernière, le Comité exécutif de la FSF a pris la décision de ‘’mettre un terme définitif aux différentes compétitions de la saison 2019-2020, suspendues à mi-parcours à cause de la pandémie de la Covid-19’’. Ils ont également retenu de ne pas décerner de titre de champion et de geler les promotions et relégations à tous les échelons pour cette année, ‘’compte tenu du ratio insuffisant de matchs disputés’’.

Les championnats de Ligue 1 et Ligue 2 venaient d’achever la première partie de la saison. Après 13 journées, Teungueth FC était leader de la Ligue 1 avec 33 pts, avec 12 longueurs d’avance sur son dauphin le Jaraaf de Dakar (21 pts). D’ailleurs, ces deux équipes sont désignées pour représenter le Sénégal aux compétitions des clubs de la Caf la saison prochaine.

En 2e division, la Linguère de Saint-Louis dominait les débats, à l’issue de la manche aller. Les Saint-Louisiens occupaient le fauteuil de leader avec 28 pts, suivis de l’Union sportive de Ouakam (Uso), qui comptabilisait six unités de moins (22 pts) que les Samba-Linguère.

Les équipes ont donc plus de trois mois pour préparer la prochaine saison dont le démarrage est fixé le 31 octobre 2020.

Un moment d’atermoiement

Depuis avant-hier mercredi, tout le doute qui planait sur le football sénégalais s’est dissipé. Chaque partie prenante du mouvement footballistique sait à quoi s’en tenir pour la suite. Mais que se fut long et haletant.

Dès les premières heures qui ont suivi la prise de mesures par le chef de L’Etat dans la lutte contre la propagation du coronavirus, dont l’interdiction des rassemblements dans les lieux publics, les dirigeants du football sénégalais ont répondu prestement à l’appel et ont suspendu toutes leurs compétitions sur l’ensemble du territoire national. Le 17 mars dernier, le ballon rond avait cessait de rouler sur les pelouses des différents stades du Sénégal. Le virus prenant de l’ampleur, les fédéraux ont été contraints, avec notamment l’état d’urgence décrété par le président Macky Sall, de prendre de nouvelles mesures.

Ainsi, lors d’une réunion d’urgence, le 9 avril dernier, la Fédération sénégalaise de football décidait d’annuler les compétitions de coupes nationales (Coupe du Sénégal), régionales et de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Coupe de la Ligue) ‘’compte tenu du contexte de la pandémie de Covid-19 et de la décision des autorités de prolonger l’état d’urgence’’. Ces derniers avaient donné rendez-vous à partir du 4 mai (date à laquelle devait prendre fin le décret présidentiel prorogeant l’état d’’urgence au Sénégal) pour se prononcer sur la question relative aux championnats de Ligue 1 et Ligue 2, qui étaient toujours suspendus. Entre-temps, une directive de la Confédération africaine de football (Caf) donnait injonction aux différentes fédérations de lui faire parvenir, jusqu’au 5 mai, leur décision sur la suite à tenir par rapport à leurs compétitions nationales respectives. Directive à laquelle les fédéraux sénégalais ne se sont pas conformés. Car il a fallu plus d’une semaine après - le 13 mai - pour que ceux-ci prennent une décision. Le Sénégal, contrairement à la plupart de ses voisins, décide de poursuivre la saison de football. Il a été donc prévu de ‘’différer la reprise des championnats de Ligue 1, Ligue 2, Nationale 1, Nationale 2 et du football féminin (Divisions 1 et 2) au mois de novembre 2020, selon la formule de play-off et de play-down’’.

Mais cette option de la FSF, sans surprise, n’avait pas reçu l’agrément de tous les acteurs du football, notamment chez les dirigeants de club qui croulaient déjà sous le poids des charges financières. Beaucoup de patrons de club avaient préconisé tout simplement l’arrêt du championnat pour mieux préparer l’exercice 2020-2021. ‘’La fédération nous demande de voir comment prolonger les contrats. Cela signifie qu’on doit continuer à payer les salaires de nos joueurs, agents administratifs, membre des staffs technique et médical pendant les cinq prochains mois de trêve (entre juin et novembre).  Notre club ne dispose pas d’activités pour trouver des recettes’’, s’était plaint le président du Stade de Mbour dans un entretien avec ‘’EnQuête’’, au mois de mai dernier, après la décision de la FSF de poursuivre le championnat. Pour Abdoulaye Guèye, cela s’avère ‘’impossible’’ pour la formation mbouroise.

Du fantasme au réalisme

Malgré les plaintes des présidents de club, les fédéraux ont continué à nourrir l’espoir de mener jusqu’à terme la saison 2019-2020. En guise de soutien, ils avaient alloué une aide financière dont 5 millions pour chacun des 14 clubs de Ligue 1. Une somme jugée dérisoire par les responsables des équipes.

Selon le président de la Linguère de Saint-Louis, cette enveloppe de la fédération ne permet pas de faire face aux nombreux besoins à leur charge. ‘’Les clubs rencontrent des problèmes d’argent, en temps normal, a fortiori en période de crise sanitaire. L’appui de la fédération n’est pas suffisant. Il nous faut nécessairement l’aide de l’Etat’’, a déploré Amara Traoré.

A un moment donné, les dirigeants ont même flirté avec le fantasme, faisant fi des difficultés traversées par les acteurs du ballon rond. En début juin, l’Etat du Sénégal avait procédé à un allégement de l’état d’urgence, en remontant l’heure du couvre-feu de 23 h à 5 h, entre autres mesures. Les fédéraux ont vu dans cette volonté d’assouplissement une possibilité de redémarrer les compétitions plutôt que prévu, c’est-à-dire en septembre, au lieu de novembre comme prévu lors de la réunion d’urgence du 13 mai. Le comité d’urgence du 4 juin avait même prévu une réunion en début juillet pour se prononcer sur la question. Ledit comité a demandé à la Commission médicale et au Secrétariat général de la FSF de concevoir un ‘’protocole médical de reprise’’ des compétitions garantissant la protection sanitaire des différents acteurs.

Au final, les fédéraux se sont rendu compte que leur entêtement n’aura servi à rien. Ils se sont résolus à faire preuve de réalisme et à rejoindre la position des présidents de club d’annuler la saison 2019-2020 afin de bien se préparer pour la prochaine rentrée sportive.

LOUIS GEORGES DIATTA

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