Publié le 14 Apr 2012 - 09:15
MÉDIATTITUDE

Mots avec frappe

 

Place à la lutte. Le sport national favori revient au-devant de la scène médiatique. Ses mots et ses maux aussi. La tension monte et continuera de monter pour atteindre son paroxysme le 22 avril, jour du combat entre Yékini et Balla Gaye 2. Une sémantique de la violence accompagne les discours des lutteurs et le tout est repris par la presse pour alimenter encore et encore la machine médiatique.

 

En règle générale, il paraît que tout ceci sert à ''vendre'' l’événement. Seulement, ces exercices de marketing sportif auxquels les lutteurs sont soumis comme les signatures de contrat en direct, les conférences de presse, les face-à-face servent aussi à créer le buzz. Un engouement qui fait que plus on en parle, en bien ou en mal, mieux c’est pour le promoteur et ses sponsors. Ce sont les ressorts de la communication où l’offre répond à la demande.

 

Exigence du public pour voir, écouter, commenter les sorties, les attaques et les répliques des protagonistes et exigence pour ceux-ci de respecter les clauses du contrat signé avec le promoteur qui n’a pas fini de se frotter les mains. La satisfaction est au rendez-vous, souvent, car l’attente est toujours payante, au détour d’une phrase assassine ou d’une formule choc reprise dès le lendemain dans le concert des revues de presse.

 

Pourtant, cette chorégraphie aussi bien préparée que celle à laquelle s’adonnent les lutteurs le jour du combat connaît parfois des ratés. Les dérapages sont fréquents. Surtout lorsque la danse n’obéit pas au tempo impulsé par la musique des espèces sonnantes et trébuchantes qui récompensent, à la fin, ces exercices de communication qui enrobent le combat pour mieux faire monter les enchères. Cela a été le cas, avant-hier, dans le cadre sélect du Radisson Blu. Et malheureusement ce n’est pas près de s’arrêter.

 

Pas étonnant alors de voir Yékini attaquer justement la presse, ou une partie d'elle, et remettre en cause son professionnalisme dans le traitement qui a été fait du premier face-à-face raté à Thiès entre lui et son adversaire. Et le Roi des arènes de se livrer à un exercice de traduction du terme ''boudé'' en wolof, après qu’il a été accusé par certains quotidiens d’avoir agi de la sorte, lui qui a pourtant attendu environ deux heures de temps l’arrivée de son adversaire Balla Gaye 2. Le choix du mot ne reflète pas la réalité des faits et c’est bien ce que le lutteur reproche à certains journalistes.

 

L’animateur vedette de Bantamba sur la 2STV en a particulièrement fait les frais et a subi la colère de Yékini pour n’avoir pas posé la bonne question à Balla Gaye 2, à propos de son retard, quand celui-ci est, enfin, arrivé au stade de Thiès. Bécaye Mbaye s’est défendu comme il a pu. Au final, le clash entre le lutteur et l'animateur a le plus retenu l’attention ce jour-là.

 

Pour la deuxième tentative de tenue du face-à-face, seuls l’échec et la violence ont été les vedettes, devant l’indifférence totale d’un Yékini retranché dans son monde, un casque sur les oreilles, écoutant en solitaire une musique connue de lui seul. Les tentatives d’explication du promoteur Luc Nicolaï, lors de sa déclaration devant la forêt de micros et d’enregistreurs, visent moins à lui sauver la face qu’à dissimuler les failles de ce sport qui se voit professionnel, mais dont le système, à la fois business et spectacle, reste foncièrement cantonné dans l’amateurisme. Dommage !

 

Karo DIAGNE-NDAW

 

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