Le parquet requiert la perpétuité

À la barre de la Chambre criminelle de Dakar, Mame Diarra Mbengue a nié avoir tué sa fille. Elle est accusée d’infanticide. Le ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité.
La victime ? Une nouveau-née de quelques jours à peine. Elle s'appelait Nd. F. Selon le rapport médical, la cause du décès est une asphyxie mécanique. Le parquet évoque une strangulation. Pour Mame Diarra, c’est une tragédie qu’elle n’a pas vu venir. ‘’Je ne savais pas que j’étais enceinte’’, a-t-elle déclaré, le regard fixe. Elle a expliqué avoir eu ses règles, n’avoir constaté aucun changement dans son corps. Et surtout, ne s’être jamais rendue à une consultation prénatale. Une version qui a laissé perplexe, d’autant qu’elle est déjà mère de deux enfants. Mais elle a insisté en soutenant que cette grossesse lui avait échappé.
Le jour de l’accouchement, a-t-elle dit, elle a ressenti des douleurs. Elle a mis l’enfant au monde seule, puis s’est rendue à l’hôpital à cause des suites de couches. L’enfant vivra une semaine. Elle l’a nommée N. F., l’a allaitée, l’a lavée, dit-elle. Et puis, un matin, alors qu’elle n’est sortie que quelques minutes pour aller à la boutique, tout bascule. À son retour, elle a trouvé du sang sur le lit où dormait l’enfant. Elle a appelé sa colocataire et bailleresse. À l’hôpital, le médecin a noté des lésions comme des ecchymoses sur les bras, du sang à la bouche. Une mort violente.
Le père de l’enfant, Adama Diouf, a dit n’avoir jamais été mis au courant de la grossesse. Il a raconté pourtant avoir vu l’enfant, participé au paiement des frais médicaux et même envisagé d’épouser la mère. La voisine, Ndèye Badji, a témoigné aussi. Elle a dit que Mame Diarra a déjà caché des grossesses. Ce que cette dernière a contesté. Elle a reconnu n’avoir ni crié ni appelé à l’aide, mais a contesté avoir tenté de dissimuler son état. Elle a nié tout acte de violence, tout geste fatal.
Pour le ministère public, les faits sont clairs. L’enfant a été tuée volontairement. Le procureur a parlé de contradictions, de comportements suspects et, surtout, d’une cause de décès incompatible avec une mort naturelle.
Mais la défense, assurée par Maitre Ndack Lèye, a plaidé tout autre chose. Elle a mis en avant la situation de la mère qui est seule, divorcée, peut-être dépassée. L’avocate a insisté : ‘’Si elle avait voulu cacher cette grossesse, elle n’aurait pas nommé l’enfant. Elle ne serait pas allée à l’hôpital. Elle n’aurait pas appelé sa voisine.’’
L’affaire mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 27 mai.
MAGUETTE NDAO