Publié le 5 Jun 2014 - 14:18
PLAGE DE SOUMBÉDIOUNE

La baie de Soumbédioune ne respire plus

 

Située derrière la route de la Corniche Ouest, la baie de Soumbédioune est en train de devenir une véritable catastrophe écologique. La plage est parsemée de déchets ménagers et présente un visage désastreux.
 
 
De loin, s'entend le bruit des vagues. A l'arrivée, le constat est que le lieu est un fief de pêcheurs. Et c'est l'odeur de poissons pourris mêlés aux déchets jetés par-ci et par-là qui empoisonne l'air. Mais les usagers y sont habitués. Cela ne les dérange presque pas. A cela s'ajoute l'odeur nauséabonde que dégage le canal. ''On vit avec cette odeur depuis longtemps.
 
C'est notre quotidien maintenant, on voit tous les jours les vendeurs jeter les poissons pourris dans le canal. Parfois, certains habitants n’attendent pas les camions de ramassage des ordures. Ils préfèrent s’en débarrasser. Alors que le canal est fait pour l’écoulement des eaux'', nous raconte Amadou Mbow, un jeune pêcheur natif de ce quartier. Et selon lui, c'est regrettable. ''On n'a pas le choix. Cela ne nous dérange plus'', fait-il savoir.
 
En effet, sa proximité avec les activités de pêche a fait de la baie de Soumbédioune  l'une des plages les plus polluées de la capitale sénégalaise. Offrant une immense vue sur l'Atlantique, la plage présente un visage désastreux. Et les usagers sont conscients de cette catastrophe écologique. ''Ce n'est pas normal de vivre dans ces conditions, avec ces déchets. C'est à cause du marché. Car auparavant, les lieux étaient propres'', soutient Oumar Sarr, un vieux pêcheur d'environ 70 ans.
 
A quelques mètres de la Cour Suprême, Abdou et ses collègues cherchent de l'or, à travers les déchets d'or achetés auprès des bijoutiers, qu'ils brûlent. Ainsi, pour les besoins du travail, ils déversent une grande quantité de charbon sur la plage, participant à noircir l'eau. Pourtant, cela n'empêche pas le petit Malick, un garçon de 14 ans environ, de se baigner tranquillement au milieu des déchets amenés par le mouvement incessant des vagues. ''Mes camarades et moi jouons ici tous les jours, après le déjeuner'', dit-il. 
 
Toutes les pirogues sont mises au sec et alignées sur le rivage. Des tas d’immondices rejetés par les vagues ornent la plage de Soumbédioune. En un mot, on peut dire que la plage est sale. Très sale même. Morceaux de filets, de tissus, bouteilles cassées, morceaux de pain, paillasses, poissons pourris recouvrent le sol noirci par les résidus. 
 
Ce décor contraste avec le marché qui se tient à côté. A quelques encablures de la plage, poissons frais et fruits de mer sont étalés sur des tables en ciment. ''Ces déchets nous causent des problèmes dans notre travail. C'est avec beaucoup de difficultés qu'on pousse nos pirogues'', soutient Abdoulaye Ndoye, un jeune pêcheur d'une trentaine d'années. Poursuivant son propos, il ajoute : ''on nettoie souvent la plage. Mais  la mer est trop agitée ces derniers jours. D'où le rejet de  tous ces déchets sur la plage''.
 
A la plage de Soumbédioune, le problème de l'insalubrité et de la pollution des eaux prend de plus en plus d'ampleur. Avec ces déchets qui sont jetés à la mer. Qui les rejette à son tour. De l'avis de ces pêcheurs, le canal de Fann leur cause un grand préjudice. ''C’est notre problème majeur. L’eau de la mer est polluée'', explique Demba Ndoye, un autre pêcheur s'activant au remodelage de sa pirogue, de l'autre côté de la baie.
 
A côté, le marché, selon ses occupants, n'attire plus de clients. Ici, la clientèle se fait de plus en plus rare. ''Le marché est peu fréquenté maintenant. Les clients ne viennent plus. Ils ont déserté les lieux'', confie un vendeur de poisson qui n'a pas voulu décliner son identité. Sa collègue Seynabou Guèye, elle, soutient que c'est la construction du tunnel de Soumbédioune qui a fait fuir les clients. ''Ce tunnel n'a pas d'utilité.  Depuis son creusement, il est difficile  d'accéder au marché'', accuse-t-elle.
SOULEYMANE NDIAYE (STAGIAIRE)
 
 

 

Section: 
FESTIGRAFF 2025 - LE MUR DE GRAFFITI LE PLUS LONG AU MONDE : Un grand projet pour un festival innovant
RARETÉ DU POISSON : Une réalité constatée au Port autonome de Dakar
TRAFIC DE DROGUE, TRAITE DES ÊTRES HUMAINS ET TRAFIC DE MIGRANTS : GAFI, Interpol et ONUDC traquent les bénéficiaires
L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE GÉNÉRATIVE (GENAI) : Elle pourrait redéfinir un emploi sur quatre
TOURISME DURABLE : L’université Iba Der Thiam de Thiès accueille les 15e Journées scientifiques
SANTÉ DE LA REPRODUCTION ET VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE : Un combat en chiffres et en actes
ABUS DE CONFIANCE PRÉSUMÉ : Un différend autour d’un achat de Range Rover atterrit devant la barre
AFFAIRE DU MEURTRE DE L'ICP DU POSTE DE SANTÉ D’ARAFAT : Plusieurs personnes interpellées
Chanvre Indien
DÉCISION DE LA COUR SUPRÊME Le décret de nomination des membres de la Cena annulé
JUSTICE ET DÉTENTION : Frapp réclame le jugement des détenus pour délits d’opinion
SICAP
MBOUR - NAUFRAGE D’UNE PIROGUE DE CLANDESTINS : Deux ans de prison requis contre le capitaine Cheikh Sall
AFFAIRE DES BIENS DE YAHYA JAMMEH : Un duel judiciaire s’annonce entre Amie Bensouda et Alagi Kurang
DOLÉANCES ADMINISTRATIVES, EXPERTISE, PROJETS… : Diomaye tend la main à la diaspora
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DES FORCES ARMÉES DU SÉNÉGAL : Un centre d’entraînement tactique d'un coût de 1,4 milliard F CFA inauguré
APRÈS LE RÉSEAU DE VOLEURS DE BÉTAIL À SAINT-LOUIS : Une autre bande tombe à Mbacké
VOL À MAIN ARMÉE AU POSTE DE SANTÉ D’ARAFAT DE KOUNGHEUL : L'infirmier-chef de poste tué à coups de machette
BROCHETTES DE CHAT : L’association Hadin kan Mahawta brise le silence 
PROPOS OUTRANCIERS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX : Kairé et Azoura risquent trois mois ferme