Publié le 15 Feb 2024 - 12:02
SACRES AUX CAN 2019, 2021, 2023

L’épopée des entraineurs locaux 

 

Les entraineurs africains ont le vent en poupe. Avec la victoire d’Emerse Faé avec la Côte d’Ivoire à la Can-2023, c’est la troisième édition d’affilée à l’issue de laquelle un technicien local est sacré, après Djamel Belmady en 2019 et Aliou Cissé en 2022.

 

Les pays africains ont entamé depuis quelques années une révolution sur le banc de touche de leurs sélections nationales de football respectives. De plus en plus, ce sont des entraineurs nationaux ou issus du continent qui sont nommés comme sélectionneur national. En retour, ces techniciens dits locaux ne cessent de leur exprimer leur gratitude en réalisant des résultats probants. La dernière illustration de cette montée en puissance des coaches africains dans les compétitions continentales est le triomphe d’Emerse Faye de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des nations 2023.

Héritant d’une équipe ivoirienne au bord du précipice, à quatre jours des huitièmes de finale, l’ancien milieu de terrain de Nice a réussi l’exploit de hisser les Éléphants sur la plus haute marche du football africain. En offrant à la Côte d’Ivoire sa troisième étoile continentale (après 1992 et 2015), Faé a perpétué l’épopée des entraineurs locaux sacrés à une phase finale de Can. En 2019, Djamel Belmadi avait mis fin au règne des techniciens non africains, en donnant à son pays, l’Algérie, son deuxième titre africain. Il y a deux ans, Aliou Cissé lui a emboîté le pas en soulevant le premier trophée continental de l’histoire du football sénégalais, au Cameroun.

Ainsi, Emerse Faé a agrandi le cercle fermé des coaches locaux ayant mené leur pays à la victoire finale d’une Can. Avant Belmady, Cissé et Faé, Stephen Keshi avait aussi réalisé cet exploit en 2013. Champion d’Afrique avec les Super Eagles en tant que joueur en 1994, le Nigérian avait remporté la Can-2013 en Afrique du Sud.

Considéré comme l’architecte des succès égyptiens (7 sacres), Hassan Shehata a marqué le football africain en remportant successivement trois Can (2006, 2008 et 2010) avec les Pharaons. Il est le deuxième à atteindre ce record après un autre technicien local, le Ghanéen Charles Kumi Gyamfi. Ce technicien ghanéen, qui est le premier entraineur local à remporter la Can, a fait monter son pays sur le toit de l’Afrique en 1963, 1965 et 1982. Il a été suivi sur cette voie par le Congolais (Brazzaville) Adolphe Bibanzoulou en 1972, l’Algérien Abdelhamid Kermali en 1990, l’Ivoirien Yéo Martial en 1992 pour le premier sacre de la Côte d’Ivoire, et le Sud-Africain Clive William Barker en 1996.

Les coaches africains marquent leur territoire

Le nombre d’entraineurs africains en charge des équipes nationales a pris des proportions formidables ces dernières années. Si en 2019, ils n’étaient que neuf en Égypte pour la première édition à 24 équipes, leur effectif a connu une hausse de plus de 66 % en cinq ans, avec 15 coaches en 2022, au Cameroun. Au départ de la compétition, ils étaient 14 en Côte d’Ivoire avant que Faé, arrivé sur le banc des Éléphants en cours de compétition, ne porte le nombre à 15. En plus de l’Ivoirien, qui a damé le pion en finale au Portugais, José Peseiro du Nigeria, on peut citer Baciro Candé de la Guinée-Bissau, Juan Micha Guinée-Équatoriale, Bubista du Cap-Vert, Chiquinho Conde du Mozambique, Rigobert Song du Cameroun, Aliou Cissé du Sénégal, Kaba Diawara de la Guinée, Djamel Belmadi de l’Algérie, le Comorien Amir Abdou avec la Mauritanie, Éric Chelle du Mali, Collin Benjamin de la Namibie, Jalel Kadri de la Tunisie, Walid Regragui du Maroc et l’Algérien Adel Amrouche, avec la Tanzanie.

Grand défenseur des entraineurs africains, Aliou Cissé a affirmé dans un entretien avec ‘’Onze Mondial’’ que ‘’quelque chose est en train de se passer au niveau des entraineurs sur le continent africain’’. À l’en croire, l’augmentation du nombre d’entraineurs africains en phase finale de la Can en 2019 et en 2022, ‘’prouve que nous formons des entraineurs de qualité’’. Cissé est convaincu qu’‘’il y a de très bons entraineurs’’ sur le continent.

Selon l’ancien capitaine des Lions de 2002, la finalité est de ‘’valoriser l’expertise africaine’’, de montrer que les techniciens africains, qui réussissent en Afrique, sont ‘’capables d’exister sur les championnats français, espagnol, anglais et allemand’’.

‘’À nous maintenant de faire le nécessaire pour continuer à renforcer nos départements techniques’’, a-t-il suggéré. Pour cela, les techniciens africains peuvent compter sur la Fédération internationale de football (Fifa), qui a développé un programme de développement des formateurs d'entraineurs.

L’instance faitière du football mondial a dans ce sens organisé, en avril 2022 à Dubaï, un atelier de développement technique auquel avait d’ailleurs pris part Aliou Cissé. Dans un entretien publié dans le site officiel de la Fifa, il a magnifié cette initiative.

‘’La Fifa est là pour nous aider à accompagner le développement de nos entraineurs. C’est quelque chose dont nous sommes très fiers. Ça prouve que le football africain s’est pris en main’’, s’est réjoui le sélectionneur national du Sénégal.

LOUIS GEORGES DIATTA

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