Publié le 23 Apr 2020 - 01:37
TESTS LARGE DANS LES EPICENTRES DE LA PANDEMIE

Une alternative face à l’impossibilité de compter tous les malades

 

Avec la nouvelle vague de cas communautaires, ils sont nombreux, les spécialistes, à préconiser un dépistage large dans les zones épicentres de la pandémie. ‘’EnQuête’’ s’intéresse aux vertus et limites d’une telle stratégie recommandée par l’Organisation mondiale de la santé.

 

Jour après jour, le nouveau coronavirus se dissémine dans la communauté. Certes, la situation n’est pas encore si alarmante, mais de nouvelles mesures s’imposent pour endiguer la vague de propagation de la maladie. En sus du port du masque rendu obligatoire dans certains secteurs, d’aucuns estiment que l’Etat devrait également aller encore crescendo dans les tests. Spécialiste de médecine interne, orientation maladies immunitaires, Docteur Alioune Blondin Diop exprime son point de vue : ‘’Dans la situation actuelle, je pense qu’il faut mettre les moyens nécessaires pour faire des dépistages - moléculaires et génétiques - dans les zones où l’on note un certain développement des cas communautaires. C’est le cas, par exemple, des endroits comme Derklé, Grand-Yoff, Yeumbeul…’’

D’après le spécialiste, ce type de dépistage large dans des localités comme Touba, Dakar-Ouest (Ngor, Ouakam, Almadies), Louga, pourrait permettre de circonscrire la maladie et d’enrayer sa propagation inquiétante sur l’étendue du territoire. Il explique : ‘’En plus de diagnostiquer les populations, cela permettrait aussi de déterminer toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont été en contact avec les cas communautaires. On pourrait ainsi faire la classification entre ceux qui ont été contaminés, mais qui n’ont pas eu de manifestations (les porteurs saints), ceux qui ont un début de symptômes et qui nécessitent une surveillance dans un hôtel ou structure de surveillance, ceux qui n’ont jamais été en contact avec le virus et enfin ceux qui méritent d’être hospitalisés. C’est ça l’intérêt des tests.’’

Ainsi, estime Dr Diop, nonobstant une évolution salutaire du nombre de tests effectués par jour, le Sénégal pourrait aller bien plus loin pour avoir une mainmise sur la situation. Comme stratégie, il préconise de faire une descente dans ces localités où l’on dénombre 3 ou 4 cas communautaires, d’y effectuer sur 4 à 6 jours un dépistage ‘’larga manus’’ (500 à 1 000 tests par jour). ‘’Cela permettrait de cantonner, de fixer l’endroit où il y a la maladie dans chaque commune ou département, en vue de prendre les mesures idoines’’, souligne-t-il.

Jusque-là, le pays a certes fait des efforts, mais reste encore loin des chiffres préconisés.

Déficit de moyens humains, financiers et matériels

A l’image de Dr Blondin Diop, le président de l’Alliance nationale pour la sécurité des patients, par ailleurs anesthésiste-réanimateur, Dr Oumar Boun Khatab Thiam, milite en faveur d’une augmentation du nombre de tests, mais s’interroge sur les multiples obstacles qui s’opposent à un dépistage de masse. Le principal obstacle, indique-t-il, c’est le déficit de moyens humains, financiers et matériels. Cela est d’autant plus vrai, insiste-t-il, qu’actuellement, seul l’Institut Pasteur de Dakar et, dans une moindre mesure, peut-être, l’Iressef (Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation) sont en train d’effectuer des tests. ‘’Dans ces conditions, c’est difficile de faire un dépistage massif et général’’.

S’y ajoute, renchérit l’ancien chef du bloc opératoire du Service d’urologie de l’hôpital Le Dantec, le peu de préparation des populations. Il y en a qui ne sont pas prêts à subir le test pour connaitre leur état. Aussi, la méthode de prise en charge peut également poser problème, dans la mesure où, faire venir une ambulance avec des gens super équipés pourrait susciter plus de stigmatisation. ‘’En plus donc des obstacles d’ordre matériel, financier et humain, il faut éduquer la population pour mener une telle stratégie’’, indique le consultant, non sans préconiser des méthodes alternatives de prise en charge.

Ainsi, comme Dr Diop, il milite en faveur d’un dépistage plus large dans les épicentres.

Revenant sur les déficits de moyens dont sont confrontés des Etats comme le Sénégal, le spécialiste de la médecine interne, Dr Alioune Blondin Diop, confirme, mais préconise un recours aux financements de l’Organisation mondiale de la santé pour le contourner. Il informe : ‘’Le principal problème c’est l’argent, parce qu’il n’est pas compliqué de mettre à niveau des laboratoires pour des tests génomiques. C’est pourquoi je pense qu’une partie de l’argent destinée à des maladies comme le sida, la tuberculose ou le paludisme doit être réorientée dans la lutte contre cette maladie et qu’on les investisse dans les tests qui coûtent environ 50 euros. Ce serait plusieurs milliers de tests qu’on pourrait réaliser avec.’’

Selon l’expert, l’Etat devrait mettre en place, dans chaque région, un labo et au cas où une commune ou département s’avérerait très touchée, y déployer l’artillerie lourde pour pouvoir classer les populations, en vue d’un meilleur suivi de l’épidémie. Monsieur Diop invite, en outre, à faire la différence entre le ‘’dépistage moléculaire, qui permet de dire si une personne a la maladie ou non au moment du test, et le ‘’test immunologique, qui permet de dire si la personne a ou non les anticorps, c’est-à-dire qu’elle avait probablement contracté la maladie, mais en est guéri’’. 

Aussi, tient-il à préciser que cette stratégie n’est pas à confondre avec la généralisation du dépistage qui avait un sens au tout début de l’épidémie. ‘’Ce serait aussi opportun dans une situation où l’on atteindrait les pics de la maladie comme dans les pays européens. Mais, dans la situation actuelle, il n’est pas opportun, en plus de coûter trop cher’’.

Fausse sécurité

Pour sa part, le médecin-chef de la région de Diourbel, bien que confirmant les multiples avantages du dépistage massif, attire l’attention sur ses inconvénients. Il explique : ‘’Si on fait le dépistage massif, il risque d’y avoir un afflux des populations qui veulent connaitre leur situation. Ce qui peut générer des rassemblements. Aussi, cela confère une fausse sécurité à celui qui est testé négatif. Il risque de baisser les bras. Il y a aussi, avec ces tests rapides, beaucoup de faux positifs (le test se révèle positif, alors que la personne n’a pas le virus) et de faux négatifs (le test se révèle négatif, alors que la personne porte le virus)’’. Cela s’explique, selon lui, par la sensibilité et la spécificité du test. ‘’Le test peut, par exemple, diagnostiquer corona ou un virus apparenté, alors qu’il ne s’agit pas du corona actuel’’, renseigne Dr Mamadou Dieng, non sans invoquer le manque de moyens de nos Etats.  

Ainsi, le Sénégal continue avec sa stratégie qui consiste à ne diagnostiquer que les contacts à haut risque. ‘’Certes, cela ne permet pas de tester tous les potentiels contacts, mais on parvient quand même à tester tous les contacts à haut risque. S’ils sont négatifs, on les met en quarantaine. Et les contacts à bas risque, on les met aussi en quarantaine. Et cela donne des résultats’’, indique-t-il. 

MOR AMAR

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