Publié le 4 Nov 2019 - 23:06
TROISIEME MANDAT, COMMISSION DU DIALOGUE POLITIQUE, ELECTIONS LOCALES EN 2020

Le Forum civil crache ses vérités

 

Les politiciens continuent leurs calculs, le Forum civil enrage et rue dans les brancards. Dans un communiqué reçu hier, les camarades de Birahim Seck mettent en garde contre une velléité du président actuel de se représenter en 2024, tirent sur la Commission ‘’dite’’ du dialogue politique et somment le gouvernement d’organiser les élections locales en 2020.

 

Le régime actuel a-t-il un problème avec les lois et règlements en vigueur au Sénégal ? La question mérite d’être posée. Alors que l’opinion n’a pas fini de s’indigner du maintien de Doudou Ndir à la tête de la Commission électorale nationale autonome (Cena), de Saër Niang à la tête de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), nonobstant l’expiration de leur mandat, il continue de dérouler son calendrier, violant allègrement, parfois, les textes régissant certaines institutions. Parmi les derniers actes en date, il y a, selon nombre de juristes, la prorogation du mandat des élus locaux sans prévoir la nouvelle date des élections. Suffisant pour pousser le Forum civil à ruer dans les brancards.

Dans un communiqué qui nous est parvenu hier, Birahim Seck et ses amis protestent : ‘’Le Forum civil appelle le gouvernement et les députés à s’employer pour une tenue des élections départementales et municipales au courant de l’année 2020, et ceci en fixant d’ores et déjà la date desdites élections.’’ En fait, l’organisation, depuis l’adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi portant report des locales, a de sérieuses préoccupations sur la volonté du régime à organiser lesdites compétitions électorales, dans les plus brefs délais. ‘’Notre préoccupation, affirme-t-elle, est d’autant plus pertinente qu’il s’agit d’un report sine die, parce que la proposition de cette commission (Commission de dialogue politique) qui justifierait le projet de loi portant report, lie la tenue des élections départementales et municipales à l’audit du fichier électoral et à l’évaluation du processus électoral (de la refonte partielle de 2016 à la proclamation des résultats de l'élection présidentielle de 2019)’’.

Cela est d’autant plus aberrant, poursuit le Forum civil, que ‘’l’audit et l’évaluation envisagés n’ont même pas été lancés, car la commission politique réelle, qui a besoin de l’aval et de l’accompagnement du comité de pilotage, attend toujours les réponses du président Famara Ibrahima Sagna, dont l’absence de réaction se justifierait par le fait qu’il n’est toujours pas installé’’.

Il en résulte deux constats : d’abord, le Forum civil, en filigrane, conteste la validité du comité qui est en train de mener les concertations dans le cadre du dialogue politique. Ensuite, il déplore l’inaction du président Famara Ibrahima Sagna pour non installation du comité de pilotage. D’après la section sénégalaise de Transparency, cette inaction ne se justifie pas, dans la mesure où la non installation évoquée relève plus de coutumes et d’usages républicains que des exigences de la loi.

En conséquence, le Bureau exécutif appelle M. Sagna à œuvrer pour l’application effective des décrets sur le dialogue national ou alors à tirer toutes les conséquences de l’impossibilité de travailler dans les conditions actuelles… En langage moins codé, à rendre le tablier.

Environnement d’incertitudes et de suspicions citoyennes

L’organisation de la société civile incrimine aussi le gouvernement, coupable de plusieurs manquements, à ses yeux. Parmi ces manquements, le Forum civil cite : le retard dans la prise  du décret n°2019-1106 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du dialogue national et du décret n°2019-1110 portant nomination du président du Comité de pilotage du dialogue national.

Comme si cela ne suffisait pas, la déclaration fait également mention du retard dans la mise en application du décret n° 2019-1106, matérialisé par la non création des commissions prévues… Et de souligner : ‘’Les actes posés depuis le lancement de ce dialogue national laissent penser que les motivations réelles de ce dialogue ne sont pas portées à la connaissance des Sénégalais. Certains semblent convaincus qu’il s’agit d’un dialogue entre des politiques avec la participation d’autres acteurs.’’

Parlant du dialogue politique en cours, le Forum civil déclare : ‘’C’est un cadre de concertation transformée, de fait, en une commission dite politique qui a commencé ses travaux bien avant le lancement du dialogue national et la prise du décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du dialogue national.’’

Par ailleurs, Birahim Seck et Cie lancent un appel aux organisations de la société civile et aux citoyens à plus de vigilance pour la défense des dispositions constitutionnelles. Ils demandent aussi aux partenaires techniques et financiers à apprécier objectivement les difficultés à conduire un développement territorial conséquent dans cet d’environnement d’incertitudes et de suspicions citoyennes.

Troisième mandat

Sur un tout autre registre, face à l’omerta des responsables de la majorité et à l’inertie de l’opposition sur la question du troisième mandat, le Forum civil est aussi monté au créneau pour mettre en garde contre toute volonté du président de la République à se représenter. Le Bureau exécutif de l’organisation, qui s’est penché notamment sur cette question, exprime sa position sans équivoque. ‘’Le Forum civil demande solennellement au président de la République de faire respecter et surtout de respecter les dispositions pertinentes et claires de l’article 27 de la loi fondamentale qui dispose que ‘la durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs’’.

A en croire la déclaration, ‘’le Forum civil reste attentif et recommande au président de la République de s’abstenir de tout acte et toute action de nature à valider la possibilité d’un éventuel et hypothétique troisième mandat, dans un contexte de quête permanente de la paix sociale des populations, de tension et d’expansion du terrorisme ainsi que de l’exacerbation de la pauvreté dans la sous-région’’, lit-on dans le communiqué.  

 

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