Publié le 7 Dec 2021 - 13:55
VISITE DE LE DRIAN À IPD

La question de la souveraineté vaccinale

 

Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a effectué une visite, hier, à l’Institut Pasteur de Dakar (IPD). À cette occasion, il a tenu une conférence conjointe avec l’administrateur général de l’IPD, Amadou Alpha Sall. Ils ont évoqué des sujets comme la coopération entre les deux pays et la création de vaccins.

 

La coopération entre le Sénégal et la France a connu des résultats en matière de santé publique, de formation et de production de vaccins. Elle remonte au XIXe siècle, d’après Amadou Alpha Sall. ‘’Cette coopération existe depuis 1896. Date à laquelle M. Marchoux, qui était un disciple de Louis Pasteur, a créé le premier laboratoire de microbiologie à l’hôpital de Saint-Louis du Sénégal’’, renseigne l’administrateur général de l’Institut Pasteur de Dakar.

Depuis lors, différents mécanismes ont renforcé cette relation, notamment l’affectation d’experts techniques internationaux soutenue par le ministère français des Affaires étrangères, la subvention institutionnelle du ministre de la Recherche français, des bourses de formation pour les étudiants et le personnel de l’institut. Ce qui a contribué, de l’avis de M. Sall, à bâtir une élite bien formée qui joue aujourd’hui un rôle important dans le métier de la microbiologie et de la santé en règle générale.

L’un des exemples patents de cette coopération est l’isolement du virus de la fièvre jaune en 1927. Et avec la participation de l’Institut Pasteur, des chercheurs français, sénégalais et étrangers, le premier vaccin est mis au point en 1937. ‘’Grâce à cette activité qui s’est poursuivie, nous sommes le seul pays et le seul fabriquant de vaccin sur le continent’’, informe M. Sall.

Pour lui, cette relation continue avec les capacités locales qui ont pu prendre les choses en main au fil du temps.

Projets Africamaril et Madiba

‘’Nous travaillons ensemble pour faire en sorte que l’Afrique ait une souveraineté vaccinale et soit au rendez-vous des objectifs fixés par l’Union africaine’’, fait savoir M. Le Drian. ‘’Nous sommes tout à fait décidés à renforcer des synergies pour que nous soyons au rendez-vous. Le sujet n’est plus aujourd’hui seulement la Chine ou les vaccins. On oublie parfois l’Union européenne (UE) qui est aussi au rendez-vous. L’engagement d’une livraison de 500 millions de doses à horizon mi-2022 sera tenu. Avant la fin de cette année, nous serons au rendez-vous des 300 millions de doses. Une bonne partie sera destinée à l’Afrique. Il y a déjà 19 millions (de doses) qui sont livrées sur le continent africain’’.

Sur la même lancée, il informe que le président français Emmanuel Macron s’est engagé à faire une livraison de dons de 120 millions de doses, avec déjà, aujourd’hui, 73 millions livrées avec une partie significative sur le continent africain. ‘’L’Europe et la France souhaitent que cette souveraineté vaccinale de l’Afrique puisse faire partie d’un partenariat global’’.   

Africamaril et Madiba sont deux projets conçus pour augmenter les capacités locales en matière de production de vaccins. Le premier concerne la fièvre jaune. Ce projet est appuyé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 6,5 millions d’euros dont ‘’la moitié (3,250 millions d’euros) a été rétrocédée en banque’’, comme le précise M. Sall.

Madiba est un projet de l’Union africaine (UA) qui s’intéresse à la production de vaccins Covid dans le courant de l’année 2022. En phase de développement, l’AFD a apporté un appui de 1,8 million d’euros à l’Institut Pasteur de Dakar, pour le gouvernement du Sénégal. Cette aide financière a servi à mieux formuler le projet et à le développer. ‘’Au-delà de rappeler ces différents appuis, je voudrais dire que les éléments les plus importants dans ce processus est le facteur humain. Aussi, saisir l’occasion pour remercier monsieur Philippe Lalliot, Ambassadeur de France au Sénégal, qui nous a beaucoup aidé dans le cadre de la lutte contre la pandémie’’.

Variant Omicron

À l’état actuel de la recherche, on ne sait pas grand-chose sur ce nouveau variant apparu en Afrique du Sud. Selon certains, il présenterait moins de symptômes que les autres tels que Delta, même s’il aurait aussi une grande capacité de propagation. De toute façon, le docteur Amadou Sall est clair : ‘’Il y a trois questions à se poser quand on découvre un nouveau variant. Est-ce qu’il se transmet rapidement ? Est-ce qu’il est associé à plus de sévérité ? Est-ce que c’est un problème pour le vaccin ? Pour avoir des réponses à ces questions, il faut un peu de temps. Puisqu’il a été découvert sur trois personnes, le travail va se poursuivre. Le dispositif est en place, comme il a été fait avec les variants Delta, Beta, Alpha.’’

La France est prête à soutenir le Sénégal dans la lutte contre ce nouveau variant. ‘’Nous sommes disposés à accompagner le Sénégal. Il appartient aux autoritaires sanitaires de nous dire s’il y a besoin d’un accompagnement dans le cadre de la riposte’’, rassure M. Le Drian. Selon lui, la France a déjà offert au Sénégal cinq cent mille doses de vaccin pour la lutte contre la Covid-19.

El hadji Fodé Sarr (Stagiaire)

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