Publié le 3 Nov 2020 - 14:40
MAURITANIE - DEUX PIROGUES ECHOUENT A NOUADHIBOU ET A NOUAKCHOTT

5 morts et plusieurs disparus

 

Deux pirogues en provenance de Mbour ont échoué, dans leur voyage, sur les côtes mauritaniennes de Nouadhibou et de Mouamghar (Nouakchott). La première pirogue interceptée à Nouadhibou avait 81 passagers retrouvés à bord, alors que celle de Mouamghar avait 71 personnes dont le capitaine tombé et qui a disparu en plein océan. Le décompte macabre fait état de 5 morts et plusieurs disparus, selon les rescapés.

 

C’est l’hécatombe en Mauritanie. Le spectacle dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST) de la Mauritanie était à la désolation, ce dimanche 1er novembre. De jeunes gens à la fleur de l’âge, assis à même le sol, étalés comme des sardines ou encore couchés dans l’attente d’un secours pour sauver leurs vies. Tous étaient à l’agonie.

Dès leur arrivée le samedi 31 octobre vers 18 h à Nouakchott, une personne est décédée. Le lendemain, tôt le matin, une autre a rendu l’âme, avant que Matar Cissé, (20 ans) ne décède juste avant l’arrivée sur les lieux des ambulances de la clinique Kissi mobilisées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). C’était triste pour ces jeunes qui bravent l’océan dans un climat peu clément à la recherche d’une vie meilleure.

‘’Nous avons dormi toute la nuit. Au réveil, nous avons constaté que notre capitaine n’était plus avec nous, et il est tombé dans l’eau avec le GPS’’, déclare Balla Faye, un rescapé, la vingtaine, plongeur de son état. ‘’D’autres ont pris sa place pour conduire la pirogue sans le GPS et c’était trop dure. Certains ont décidé d’aller en direction du Maroc, mais il y avait beaucoup de vent et nous avons décidé de prendre la direction de la Mauritanie, sur conseil de membres d’un bateau rencontré en mer’’, poursuit-il. ‘’Nous avons navigué pendant quatre jours avant d’atteindre les côtes mauritaniennes, par un froid glacial, alors que toute notre nourriture était finie’’.

La faim, la fatigue, les conditions climatiques du voyage qui a duré 9 jours sont les facteurs qui ont exténué les malheureux voyageurs. ‘’Si c’était à recommencer, ce serait sans moi. Ce que j’ai vécu et vu avec notre frère Matar Cissé qui a rendu l’âme devant nous, ne m’encourage plus jamais à prendre la mer. Ce voyage est un suicide. S’il y a un voyage, ce sera par avion et non par la mer (ses larmes coulent). La voie maritime n’est pas la meilleure. J’ai payé 400 000 F CFA pour récolter ce calvaire et perdre des vies humaines’’, pleure-t-il.

Selon Balla Faye, il y avait deux pirogues, dont l’une serait arrivée à destination. Tous ces candidats ont payé chacun entre 300 000 et 400 000 F CFA, selon les humeurs des organisateurs aujourd’hui disparus dans la nature.

Dans cette pirogue où ont embarqué Balla Faye et compagnie, difficile de dire combien ils étaient ; personne ne sait. ‘’Il y avait du monde à bord. Certes, il y a des disparus que nous n’avons pas compté, peut-être parce que nous dormions entre-temps et au réveil, on a constaté beaucoup d’eau dans la pirogue. Il fallait l’enlever avec beaucoup de difficultés. C’était horrible et fatigant’’, a-t-il partagé.

La plupart sont des jeunes qui avaient embarqué de la Pointe Sarène, près de Mbour. Les autres viennent de Linguère, du Djolof, de la Casamance, de la Gambie ou encore d’autres contrées du Sénégal. Sur les 70 personnes retrouvées dans cette pirogue, trois sont décédés, quatre Gambiens rescapés dont la seule femme du voyage et un Guinéen admis avec les 18 autres Sénégalais dans la clinique Kissi.  Les autres ont été tous reconduits à la frontière. Parmi les 19 hospitalisés dont le Guinéen, deux étaient en réanimation. Mais ce lundi 2 novembre, l’état de tous les internés était stable.

A Nouadhibou où, sur les 81 passagers, 44 étaient admis à l’hôpital régional, deux sont morts et 15 sont disparus, selon les rescapés, et les autres sont déjà renvoyés au Sénégal. Cette pirogue a embarqué à Nianing. Le plus dramatique, c’est que ces candidats n’arrivent pas à comprendre les conditions d’une telle aventure et à reconnaître les organisateurs du voyage. Pourtant, ils sont formels : ‘’Ceux qui ont organisé ces voyages sont tous de Mbour, mais nous ne les connaissons pas physiquement, parce que nous les rencontrons nuitamment’’, soutient Babacar Mbaye, l’un des responsables du groupe des rescapés.

L’Etat doit renforcer son système sécuritaire en mer, surtout dans cette zone où les pirogues prennent le départ. Selon les rescapés, les organisateurs envoient une grande pirogue en haute mer. Mais ce sont les petits esquifs de pêche qui convoient comme le plus normalement du monde les candidats dans la discrétion, loin des yeux des garde-côtes et de la gendarmerie.

Pourtant, ‘’le jour de notre départ, le vendredi 23 octobre, la gendarmerie était sur les lieux. On avait même peur’’, révèle un rescapé.

L’OIM à la rescousse …

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est venue dare-dare secourir les malades. Le président de la communauté sénégalaise, Assane Guèye, a appelé avec insistance les responsables de l’OIM qui ont mobilisé deux ambulances qui ont fait la navette entre la DST et la clinique Kissi. Un service rapide et organisé a permis de sauver des vies humaines.

Grâce à une équipe expérimentée, sous l’égide d’un médecin de l’OIM, 19 migrants qui agonisaient, ont été sauvés in-extrémis.

L’ambassadeur de Gambie en Mauritanie, qui avait 4 compatriotes parmi les rescapés, s’est déplacé en personne sur les lieux avec une forte délégation. Il a pris toutes les dispositions financières nécessaires pour les assister. Les Sénégalais n’ont eu droit à une telle assistance qu’avec la présence du président de la communauté et d’une délégation de l’ambassade arrivée aux environs de midi, au moment où le troisième candidat Matar Cissé rendait l’âme. L’ambassadeur et son conseiller ont rendu visite, dans la soirée, aux rescapés internés à la clinique.

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie.

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