Les autorités interpellées pour un apaisement

Un litige foncier, qui oppose les paysans et les éleveurs du village de Ndjoloféen, dans la commune de Ndiago, risque de dégénérer, si les autorités n'agissent pas pour étouffer ce conflit qui porte sur 320 ha.
Le torchon brûle entre les communautés d’éleveurs et les agriculteurs du village de Ndjoloféen, situé dans la commune de Ndiago. Ces deux communautés ne parlent plus le même langage depuis un certain temps, à cause de tensions nées de l’occupation des terres de cette contrée du département de Guinguinéo.
En effet, selon Sidati Sow, coordonnateur national des fils d’éleveurs du Sénégal, tout a commencé avec l’occupation ‘’injuste’’ par un individu très influent, de 320 ha de terres dans l’assiette foncière de Ndiago et de la commune de Mbar.
Pourtant, d’après les populations qui ont fait face à la presse, ‘’aucune délibération municipale n’a été faite sur cette étendue de terre par les municipalités des deux communes concernées’’.
D’ailleurs, hier, le maire de Ndiago, Balla Sall, a été convié à ce grand rassemblement d’éleveurs soutenus par des organisations de défense des intérêts des communautés d’éleveurs et des villages environnants. Il confirme la version des éleveurs, selon laquelle l’occupation de ces 320 ha n’émane pas de la mairie qui n’a pas délivré de délibération à ces agriculteurs. ‘’Personne n’a le droit d’accaparer des terres, car celles-ci sont un bien commun’’, a-t-il dit. Monsieur Sall précise que, d’après le religieux qui réclame la propriété de ces terres, il aurait obtenu une délibération de la commune de Mbar, mais ce qui n’a pas été dit, c’est que cette délibération remonte à 1989, alors que Mbar était une communauté rurale. ‘’Les notables du village s’étaient accordés pour attribuer ce périmètre à feu Serigne Saliou Mbacké’’.
Le maire de Ndiago apporte son soutien aux éleveurs
Le maire a indiqué que cette délibération pose aujourd’hui problème, car une grande partie des terres se trouve désormais dans le périmètre communal de Ndiago, avec la création des communes. Ce qui fait, selon lui, qu’il est anormal que toute cette superficie soit une propriété intégrale d’une seule personne, alors qu’une grande partie, située dans la commune qu’il dirige, abrite les parcours de bétail et les zones de pâturage.
La situation a fait que des familles ont été déplacées et que le bétail n’a plus accès à ces périmètres. En vérité, cette histoire est très sérieuse, en ce sens que, d’après les manifestants, ‘’treize familles ont été expropriées de leurs terres, de force, par cet homme venu s’installer avec sa famille, ses proches et des disciples’’.
À en croire Aliou Sow, secrétaire général de Hoderé Aynabé Sénégal, association d’éleveurs, la zone de pâturage du bétail a subi un grand coup, car elle a été rétrécie de plusieurs hectares, impactant négativement l’alimentation des troupeaux. À cela s’ajoute l’appropriation du seul marigot servant d’abreuvoir aux bêtes par les communautés d’agriculteurs installées sur le périmètre.
Par ailleurs, les éleveurs ont expliqué qu’il y a eu ‘’des agressions, mutilations et menaces sur les bergers peuls’’. L’individu en question occupe 320 ha situés dans l’assiette foncière des communes de Mbar et de Ndiago, dans le département de Guinguinéo. Pourtant, les maires ont avoué ne jamais avoir signé de délibération pour ces vastes étendues de terres.
Les autorités centrales et locales ont été interpellées par les populations des communes de Ndiago et de Mbar, soutenues par les villages environnants. Sidati Sow, coordonnateur national des fils d’éleveurs du Sénégal, exige l’ouverture d’une enquête et la poursuite des auteurs des mutilations exercées sur de jeunes bergers de 14 ans. ‘’Des jeunes de 14 ans ont vu leurs doigts coupés’’ sans que des poursuites soient engagées pour tirer au clair ces agressions.
La partie adverse nie en bloc
C’est pourquoi un appel a été lancé à l’endroit des autorités afin de tout mettre en œuvre pour trouver une issue heureuse à ce conflit. Les organisations de cette manifestation ont également condamné ‘’les harcèlements exercés sur des filles des villages, les intimidations et d’autres formes de violences’’.
Fort de ce constat, les populations ont exigé ‘’sans délai l’implication des autorités pour l’apaisement des tensions, la stabilité du pays et l’épanouissement des communautés d’éleveurs. Sans quoi la situation va empirer et pourrait déboucher sur des situations incontrôlables’’.
Pour ce qui est de la partie d’en face, toutes ces allégations ont été niées. Celle-ci considère qu’elle n’a fait qu’exercer son droit d’occuper légalement la superficie litigieuse.
Bachir Kane