Publié le 23 Sep 2016 - 15:32
‘’IMPUNITE’’ DANS LE NAUFRAGE DU BATEAU ‘’LE JOOLA’’

Les familles des victimes veulent saisir les juridictions internationales

 

Depuis son ascension à la magistrature suprême, l’Association Nationale des Familles des Victimes du naufrage du bateau le « Joola » dit attendre du président Macky Sall qu’il diligente la prise en charge de ses revendications. Le président de l’association Moussa Cissokho considère que l’Etat persiste dans sa volonté de faire oublier cette catastrophe. Il compte porter le dossier au niveau des juridictions internationales, en collaboration avec les 13 pays concernés, si rien n’est fait pour que les responsables soient sanctionnés.

 

Le Sénégal va commémorer, ce 26 septembre, le 14ème anniversaire du naufrage du bateau le « Joola » qui assurait la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor avant de sombrer aux larges des côtes gambiennes, emportant avec lui  près de deux (02) mille  passagers. Au lendemain de cette catastrophe maritime, les familles des victimes, à côté des promesses de l’Etat, avaient égrené un chapelet de revendications qui tournaient autour de l’indemnisation des victimes, de la prise en charge des orphelins du naufrage, du renflouement de l’épave, du désenclavement, notamment maritime de la Casamance, mais également de la mise en place d’un comité vérité et justice.

Au-delà de l’indemnisation, certains engagements pris par l’Etat ont été respectés. Il s’agit, entre autres, de l’extension et de la modernisation de la gare maritime ainsi que du port de Ziguinchor, de la mise en place du navire Aline Sitoé Diatta et des « sœurs jumelles » Aguène et Diambone. Le dragage du fleuve Casamance, dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Orio » participe aussi de la volonté de l’Etat de rendre navigable l’axe maritime Diogué-Ziguinchor. La mise en place de l’Agence Nationale des Pupilles de la république fait partie des efforts fournis par l’Etat, tout comme le projet de réalisation d’un mémorial à Ziguinchor.

Le président de l’Association Nationale des Familles des Victimes du naufrage du bateau « le Joola » reconnaît tous ces efforts. Seulement Moussa Cissokho rappelle qu’au lendemain de la catastrophe, 1900 orphelins mineurs avaient été recensés et que l’Etat s’était engagé à les prendre en charge, jusqu’à leur majorité. Selon lui, une loi expressément rétroactive portant création de l’Office national des pupilles de la république a été votée, promulguée en 2006, et a pris effet à partir de 2002. Toutefois, au démarrage de la prise en charge en 2012, un décret à effet immédiat a exclu  plus d’un millier d’orphelins. « Nous demandons à l’Etat de respecter la hiérarchie de normes juridiques, en rétablissant ces enfants dans leur droit, pour qu’enfin, aucun orphelin ne se sente ignoré, oublié, ou encore abandonné. » Il s’agit, en l’espèce, « d’une revendication centrale », soutient Moussa Cissokho.

L’autre question  soulevée par le président de l’Association Nationale  des Familles des Victimes porte sur le renflouement de l’épave qui était lié à la construction d’un mémorial-musée. Cette revendication a fait l’objet d’une rencontre, le 12 août 2006 à Bruxelles, entre les familles françaises, belges, hollandaises et Louis Michel. Rencontre au cours de laquelle l’ancien Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire avait déclaré être disposé à aider le Sénégal à renflouer l’épave, mais que cela ne pouvait se réaliser qu’avec l’accord du Président Abdoulaye Wade qui avait, à cet effet, été saisi en novembre de la même année. Louis Michel, sur demande des familles, avait aussi assuré de sa disponibilité à œuvrer pour la construction - symbole de la lutte contre l’oubli - d’un mémorial à dimension internationale à Kafountine, dans le département de Bignona. 

Selon lui, le puzzle consistait  « à tirer l’épave jusqu’à 500 mètres de la côte de Kafountine pour y dresser un sanctuaire marin, après avoir vidé le contenu dans une fosse commune qui servira de socle ». Un « socle », précise-t-il, sur lequel sera érigé un mémorial portant les prénoms et noms de toutes les victimes et dans lequel seront exposés les objets non identifiés des victimes, mais également l’hélice du bateau. Laquelle, dit-il, avait, selon les informations à leur disposition, disparu dans les magasins de Dakarnave. Ce mémorial à dimension internationale, renseigne Moussa Cissokho,   devait servir, non seulement  de lieu de prière et de pèlerinage, mais devrait contribuer à l’accompagnement psycho-social des rescapés et des parents de victimes, entre autres. Le projet du mémorial « le Joola », dont la maquette avait été présentée, il y a quelques mois à Ziguinchor, s’inscrit dans ce cadre.

‘’Nous allons poursuivre le combat’’

Selon Moussa Cissokho, le naufrage du « Joola » constitue un «  cauchemar »,  une « horreur indescriptible et une immense perte pour toutes les couches de la nation que rien ne pourra remplacer ou faire oublier ». A l’en croire, l’impunité dont font montre les autorités dans la gestion du dossier, en voulant le classer au Sénégal et en France, ne passera pas. « Nous n’allons pas jeter les amarres. Nous allons poursuivre le combat. Pour les familles, il est inadmissible de laisser passer cette catastrophe par pertes et profits. La volonté de l’Etat de vouloir pousser les gens à l’oubli ne prospérera pas. Si l’Etat ne fait rien, nous allons porter le combat devant les juridictions internationales. Que l’Etat n’oublie pas que le naufrage concerne 13 nationalités », avertit le président de l’Association des Familles des Victimes.

Moussa Cissokho, qui prend en témoin Jean Simon Ndiaye, le Secrétaire Général de la Présidence de la République, révèle que  l’Association avait, à l’époque où le président Macky Sall  occupait le poste de ministre de l’Intérieur, prié, dans son bureau, pour qu’il succède à Wade. Aujourd’hui, il se dit inquiet de son ‘’mutisme sur ce dossier’’. ‘’Lors du Conseil des ministres décentralisé tenu à Ziguinchor, il avait   promis de donner satisfaction à nos différentes doléances’’, renseigne le président de l’Association qui dit attendre toujours la matérialisation de cette promesse.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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